14/10/2024

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EDEM KODJO A CONTRETEMPS : le temps des clarifications !

Après la rupture du dialogue par le RPT, l’ensemble de la classe politique togolaise se réclamant de l’opposition avait fait front commun contre son coup de force, et refusé avec constance les diktats que voulaient lui imposer EYADEMA et ses hommes de main. Cette position de bon sens avait reçu le soutien de toute la communauté internationale, qui avait condamné ces manœuvres du RPT. Ainsi, le peuple togolais et les observateurs de la vie politique togolaise approuvaient cette union retrouvée de l’opposition face à la dictature militaire. Quelque voix cependant, persiflaient sur la fiabilité d’Edem KODJO, dont l’origine et le cheminement politique faisaient douter de sa sincérité à se situer dans le camp de l’opposition. Bien qu’avertis de tout cela, nous nous refusions à tout procès d’intention. A Paris, les 2 et 3 mai dernier, au cours de la dernière rencontre entre les facilitateurs et l’ensemble de la classe politique togolaise, c’est toute l’opposition ( Edem KODJO, Zarifou AYEVA, Léopold GNININVI, Yawovi AGBOYIBO, Gilchrist OLYMPIO ) qui avait parlé d’une seule et même voix, et exprimé une unique position, c’est-à-dire l’abrogation pure et simple du nouveau Code électoral).

Ainsi, ce que rapportait François SOUDAN dans Jeune Afrique( n° 2152 du 8 au 14 avril 2002 ) nous semblait pure spéculation. En effet, ce dernier affirmait : « sans le dire,…LoméII laisse aussi s’élargir les clivages au sein d’une opposition de plus en plus exsangue financièrement. Entre les modérés raisonnables que sont Edem KODJO et, dans une certaine mesure, Yawovi AGBOYIBO, et les durs que sont Léopold GNININVI et, surtout, Gilchrist OLYMPIO…les différences de style et d’ambition sont évidentes…»
Ce même hebdomadaire s’est encore signalé en livrant une information dite confidentielle : « le front anti-Eyadéma se lézarde. Deux poids lourds de l’opposition ont été…discrètement reçus le 23 mai par le chef de l’Etat au palais de Lomé II ( ils se reconnaîtront ) afin de négocier leur participation au scrutin, lequel pourrait avoir lieu en septembre prochain. On sait qu’une victoire de la majorité présidentielle aux législatives est l’une des deux voies ( l’autre étant le référendum) susceptible de déboucher sur une modification de la Constitution. Et donc de permettre au président EYADEMA de solliciter un nouveau mandat en 2003.» (Jeune Afrique,n°2159 du 29 mai au 4 juin 2002).

L’information à peine diffusée, la Convergence patriotique panafricaine (CPP) d’Edem KODJO annonce son intention de participer aux élections législatives anticipées.
Des élections, OUI ! Mais pas dans n’importe quelle condition ! Fort justement, une des clauses de l’Accord-cadre de Lomé porte sur les conditions d’organisation des élections, à savoir, transparence, équité, liberté de choix des électeurs, afin que la volonté du peuple soit véritablement respectée : « Le déroulement régulier et transparent des prochaines élections législatives, dont les résultats devront, en conséquence, être acceptés par tous, constituera une étape décisive dans la consolidation de la démocratie et dans le renforcement de la réconciliation nationale.
Pour assurer une totale transparence des élections futures, l’ensemble des parties, exigent qu’à l’avenir, compte tenu des insuffisances et de certaines irrégularités constatées, il soit apporté au processus électoral, des améliorations qui seront précisées et discutées par le Comité paritaire de suivi, dans un délai de deux mois, sur la base, notamment, des propositions de l’Union des Forces de Changement (UFC) du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) du Parti Démocratique du Renouveau (PDR), de l’Union togolaise pour la Démocratie (UTD) et partis associés et de la Mouvance Présidentielle, jointes en annexe.

Une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), chargée d’organiser et de superviser les élections, en liaison avec le ministère de l’intérieur et d’autres services de l’Etat, sera mise en place.

La CENI sera composée de façon paritaire entre la Mouvance Présidentielle et les partis d’opposition.
Ses compétences et les modalités de fonctionnement seront déterminées dans un délai d’un mois par le Comité Paritaire de Suivi (CPS) ».

Il est ahurissant d’entendre dire que c’est l’opposition qui ne veut pas aller aux élections, alors que le problème est celui des conditions dans les quelles doivent se dérouler les consultations électorales.

Peut-on nous dire si aujourd’hui au Togo, l’administration est suffisamment neutre pour organiser un scrutin dans des conditions de transparence ? Est-on en mesure de prouver que les listes électorales sont fiables ?

Peut- on nous garantir aujourd’hui que nous pourrions faire campagne sur les médias publics, et tenir meeting à l’intérieur du pays ? Peut-on nous assurer que l’armée saura rester neutre ? Peut- on nous certifier que les institutions judiciaires, celles qui doivent connaître aussi du contentieux électoral ne sont pas aux ordres ?

C’est avec raison que l’opposition refuse de s’engager dans une aventure électorale à n’importe quelle condition. Et les oppositions africaines qui boycottent les scrutins insuffisamment préparés et où s’annoncent la fraude ont raison de ne pas servir de faire-valoir. Tant que les élections se déroulent dans un cadre de transition démocratique, il est nécessaire que l’observation internationale ( nous entendons celle de l’ONU et de l’Union européenne) soit la garante de leur transparence et de leur équité. Oui, les oppositions africaines ont raison de se défier des missions d’observation de l’OUA et celles de la Francophonie. Le cas du Zimbabwé confirme nos défiances.

Au surplus, le rapport d’observation de la mission conjointe OUA-Francophonie sur les élections présidentielles de juin 1998, conclut hypocritement « qu’elle n’est pas en mesure ni d’apprécier, ni d’endosser les résultats du scrutin… ». Alors que l’avis de tous les autres observateurs, le processus électoral est sorti de son cours légal, et nous savons que c’est Gilchrist OLYMPIO qui l’avait emporté sans coup férir.

L’observation internationale, celle de l’union européenne n’est pas une atteinte à la souveraineté des Etats où elle intervient. Elle garantit plutôt l’expression véritable du peuple, donc du souverain. Seul le peuple est souverain dans les démocraties, et la liberté avec laquelle chaque membre du corps politique s’exprime dans les compétitions électorales procure aux représentants la légitimité. C’est cette liberté totale pour chaque togolais de s’exprimer, cette liberté pour les partis, qui en démocratie concourent à l’expression du suffrage, que nous revendiquons.

Le combat des oppositions dites radicales est une œuvre pour l’établissement d’un véritable Etat de droit. Elles sont taxées de radicales, car elles vont au fond des problèmes. Par conséquent, elles ne peuvent cautionner la démocratie de façade.
Certes, des pesanteurs existent ; de médiocres ambitions, parfois alimentaires. Mais elles ne sont que des courtes vues au regard de l’histoire d’un peuple. La sanction de l’histoire est implacable. Nos livres d’histoire le raconteront, et les générations futures diront : EYADEMA fut le bourreau du peuple togolais, Joseph KOFFIGOH et Edem KODJO furent les fossoyeurs du processus de démocratisation. Les temps à venir révéleront aussi comment, à la naissance du RPT, la nocive idéologie du parti unique fut soutenue, défendue, propagée par des hommes comme Edouard KODJO, Michel EKLO, etc… Ce qui nous vaut depuis 1969, tous ces tourments et ces misères, dont il est certain que nous nous libérerons.

Dans le fond, ainsi que le soutenait Aristote, toute chose retourne vers son lieu naturel. En choisissant de s’allier objectivement avec le RPT pour organiser des élections législatives anticipées, Edem KODJO retourne d’où il vient. Il retrouve ses premiers amours. Il va certes, à contre-courant de l’histoire, mais sa position permet de mieux discerner les acteurs qui sont sur la scène : c’est le temps des clarifications !

La rédaction