18/04/2024

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Elections présidentielles au Togo : le courage du ministre de l’intérieur, François Esso BOKO

Par Olivier Bocco

A la veille des élections présidentielles du 24 avril 2005, le Ministre de l’Intérieur, Monsieur François BOKO vient de prendre conscience de la gravité de la situation. De sa propre bouche, et de son poste d’observation, il reconnaît que « les risques de dérapage sanglants de ce scrutin à l’issue incertaine sont réels ….La campagne électorale a été émaillée de violences jamais rencontrées dans l’histoire électorale de notre pays….Je souhaite que ma démarche ouvre les perspectives d’une vraie transition politique qui permette d’aller vers la réconciliation nationale et place notre beau pays sur l’orbite de la prospérité et du développement ».

Le ministre togolais de l’intérieur sait de quoi il parle, puisque c’est son ministère qui a la haute main sur l’administration électorale. Il sait de quoi il parle puisque, dans cette matière, les archives du ministère, si elles existent, doivent être fort documentées et instructives. Il vaut mieux tard que jamais, dit-on ! Saluons l’initiative courageuse du ministre François Boko, homme du sérail qui, aujourd’hui, peut se féliciter d’avoir prévenu l’opinion publique nationale et internationale des conséquences suicidaires de l’entêtement du pouvoir.

Ce que le ministre reconnaît aujourd’hui, c’est ce que les démocrates togolais n’ont cessé de proclamer sans relâche, depuis des décennies et particulièrement depuis le 5 février 2005. Les manipulations successives de la Constitution et de la loi électorale, la soumission totale au pouvoir RPT de tous les organes chargés de la gestion des élections, ont fait constamment l’objet de dénonciations fermes au motif qu’ils constituent, en réalité, les principaux obstacles qui empêchent le pays d’évoluer vers la démocratie et l’Etat de droit. Tels que composés et de par les missions indignes qui leur sont assignées, le ministère de l’intérieur, la Cour constitutionnelle, la Commission nationale électorale indépendante, la Haute autorité de l’audiovisuel sont les instruments qui empêchent toute transparence des élections au Togo. Au fil des élections qui se sont déroulées au Togo depuis une dizaine d’années, ils en ont donné les preuves les plus éloquentes.

Pourtant, tout au début du processus, des voix se sont élevées, nombreuses et fortes, pour demander que les Togolais, pouvoir et opposition démocratique, puissent, avant toute chose, se concerter pour parvenir à un Accord politique avant d’engager le processus électoral. Cet Accord politique auquel aurait souscrit toute la classe politique togolaise devaient s’articuler autour des points suivants :
· la révision des points contestés du Code électoral
· la recomposition des institutions chargées de conduire le processus électoral : Cour constitutionnelle, Commission nationale électorale indépendante, Haute autorité de l’audiovisuel
· la révision, enfin sérieuse, des listes électorales
· la distribution impartiale des cartes d’électeurs
· la neutralité absolue de l’armée
· la participation massive des observateurs locaux et internationaux, y compris des observateurs militaires
· la mise en place d’équipements informatiques sécurisés
· la liberté de la presse
· la formation des agents électoraux.

La détermination de la Communauté internationale et la disponibilité manifestée par l’opposition démocratique auraient permis de réaliser un consensus avec le pouvoir autour de ces questions essentielles. En outre, des délais raisonnables auraient permis d’affiner les préparatifs de ces élections qui constituaient une véritable première pour un pays qui n’a jamais connu d’élections démocratiques depuis quarante ans.

Mais, comme à son habitude, le pouvoir RPT s’est entêté. Aujourd’hui, François Boko lève le voile sur la gravité de la situation, lui qui détient les informations les plus fiables sur ce processus. Il prévient l’opinion publique nationale et internationale des « risques de dérapages sanglants » et des « perspectives apocalyptiques » du scrutin du 24 avril. C’est cela que l’opposition démocratique, les défenseurs des droits de l’homme, les représentants des Eglises, les avocats, la société civile, les représentants des Organisations internationales, les démocrates et amis du Togo, n’ont cessé de crier à travers le monde depuis le 5 février 2005 : En vain ! Hélas !

Demain, le pouvoir RPT et la CEDEAO n’auront plus d’excuses !

La redaction letogolais