20/04/2024

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Gilchrist Olympio : “Je n’ai pas reçu mon titre de voyage”

Interview : A propos du passeport du leader de l’Union des Forces du Changement (UFC): Gilchrist Olympio : “Je n’ai pas reçu mon titre de voyage”
(Le Patriote 13/07/2004)

Le ministre togolais de l’Intérieur a annoncé le jeudi dernier, la délivrance d’un passeport à Gilchrist Olympio, leader de l’Union des Forces du Changement (UFC), principal parti d’opposition togolaise. Un mensonge contre lequel s’insurge l’intéressé que nous avons joint hier à quelques heures de son départ pour le Ghana.

Le Patriote : M.Olympio les autorités de votre pays viennent enfin de vous délivrer le titre de voyage que vous réclamiez depuis longtemps, quelles sont vos premières impressions ?
Gilchrist Olympio : Je suis très étonné par ce que vous affirmez car je n’ai reçu aucun passeport des autorités togolaises. L’ambassade ne m’a remis qu’un simple laissez-passer, un document avec lequel aucune compagnie aérienne n’accepterait que je voyage. C’est une bonne blague en définitive car jusqu’à présent Eyadema refuse de me délivrer mon passeport et ma carte d’identité togolaise.

L P : Pourquoi cette annonce a-t-elle été faite ?
G.O : Ecoutez les consultations entre l’Union européenne et le régime togolais se terminent ce mardi 13 juillet et Eyadema veut faire croire à une ouverture de sa part afin de mettre fin à l’embargo dont il est l’objet. Ce qui est totalement faux, nous sommes face à une des plus violentes dictatures d’Afrique. A l’heure, où je vous parle, on a plusieurs de nos militants qui sont en prison. Je voyage moi-même avec un passeport britannique car ma femme est anglaise, parce que les autorités togolaises refusent de me délivrer mes papiers et qu’en plus elles ont confisqué le passeport ghanéen que j’avais.

L P : Peut-on donc considérer que vous n’êtes pas près de rentrer au Togo et que vous êtes fermé à toute négociation ?
G.O : Nullement, mais comme je l’ai fait savoir, je ne veux pas aller dans une souricière. Il est déjà acquis que je ne rentrerai dans mon pays qu’accompagné des ambassadeurs de l’Union européenne et avec toutes les garanties de sécurité, ce qui n’est pas encore le cas. Quant aux négociations elles-mêmes, il y a un préalable. De quoi va-t-on, on Actuellement Eyadema a suscité un grand nombre de partis et d’ONG pour noyauter tout débat. Qu’il sache que tout comme le CAR et la CDT, nous ne participerons pas à ce genre de simulacre.

L P : Vous partez au Ghana alors qu’on ne vous prête pas d’aussi bons rapports avec Kufuor qu’avec Rawling.
G.O : On raconte tant de choses inexactes à ce sujet. Certes Rawling, c’est un peu mon neveu, leur maison familiale est à Lomé, mais nous ne sommes pas des intimes. Beaucoup de personnes ignorent aussi que Kufuor et moi nous nous connaissons depuis nos études à Oxford et que nous avons de bonnes relations. Ma mère est originaire du Ghana, j’ai de nombreuses affaires là-bas et ça fait près de deux ans que je n’y avais pas mis les pieds. J’y vais donc pour des raisons strictement privées.

L P : Vous serez à Accra pendant le énième sommet sur la Côte-d’Ivoire et même si vous ne participez pas aux débats, vous devez avoir votre opinion sur cette crise.
G.O : Je connais personnellement les principaux protagonistes de la crise ivoirienne. J’ai connu Bédié à Washington quand il était ambassadeur. Gbagbo est venu me voir deux fois à l’hôpital du Val de grâce après la tentative d’assassinat dont j’ai survécu. Je fréquente Alassane Ouattara depuis près de quarante ans maintenant. Nous étions avec l’ex-Premier ministre malien Mandé Sidibé les seuls cadres d’Afrique de l’Ouest au FMI. A l’époque en tant qu’exilé, j’avais un passeport ghanéen, mais je l’ai toujours connu depuis ce temps comme un ivoirien. Je ne peux pas rentrer dans les débats internes à votre pays, mais je pense que l’ivoirité est une grosse bêtise. Pour ce qui est de la médiation d’ Eyadema dans cette crise, vous devez comprendre que je sois assez circonspect.

Soumahoro Sahi (Correspondant permanent à Paris)

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