29/03/2024

Les actualités et informations générales sur le Togo

GRAD: le Togo, 50ans déjà

Sur le continent africain, les politiciens, les penseurs, les populations et les médias se préoccupent de la célébration de cinquante (50) ans d’indépendance de dix sept (17) pays. Certains Etats comme la Guinée et le Ghana avaient déjà fêté l’événement. Il faut rappeler qu’à l’époque, il y avait des Etats qui voulaient demeurer dans l’union française alors que d’autres à l’instar de la Guinée de Sékou TOURE réclamaient l’indépendance immédiate. C’est ainsi que parmi les dix sept pays, il y a ceux qui se sont vu octroyer l’indépendance et ceux qui l’ont acquise au terme d’une véritable lutte. Notre pays fait partie de la deuxième catégorie.

Au Togo, «ABLODE» fut proclamée le 27 avril 1960 date où fut chanté pour la circonstance et dans l’allégresse l’hymne national «Terre de nos aïeux».

Il est utile de préciser qu’Ablodé signifie indépendance, lequel mot veut tout simplement dire liberté, ou émancipation. Le TOGO, indépendant de la puissance coloniale, a choisi pour devise: «Travail -Liberté –Patrie». Mais les aspirations légitimes des nationalistes par rapport à la nouvelle donne ne semblent pas être perçues de la même manière que les colons qui avaient déjà en sous main une recette de récupération, le néocolonialisme.

Il est opportun aujourd’hui que nous saisissions cette célébration des cinquante ans pour restituer à nos mémoires parfois assoupies ce qui a été fait à ce jour, évaluer la part de responsabilité qui échoit aux dirigeants qui se sont succédés dans l’avènement du cortège de malheurs qui affligent aujourd’hui les citoyens togolais. Les leçons tirées de notre histoire nous permettraient de mieux apprécier les enjeux qui se profilent à l’horizon afin d’envisager les mesures idoines pour les affronter.

I- LE TOGO DANS LE RETROVISEUR DE L’HISTOIRE

Après leur victoire de 1958, les nationalistes n’ont pas jugé opportun de proclamer l’indépendance du Togo. Il fallait rapidement prendre un certain nombre d’initiatives pour préparer la naissance du Togo. Parmi les urgences, il y a lieu de retenir le problème juridique du mandat des Nations Unies qu’il fallait lever, le remboursement à la France de la dette, l’hymne national, le drapeau, la devise, le monument et l’hôtel le Bénin. Ainsi donc, après diverses péripéties, le Togo fit son entrée sur la scène internationale le 27 Avril 1960.

En cette année 2010, il fêtera cinquante ans. Un demi-siècle dans la vie d’une nation est un événement important. Des questions méritent d’être posées. D’où venons-nous ? Où allons-nous? Qu’avons-nous fait depuis 1960 jusqu’à 2010 ? Ce sont des interrogations légitimes. Quatre périodes peuvent donc être retenues.

1960-1962

C’est la période des grands défis auxquels doivent faire face les autorités de l’époque qui avaient inscrit au premier plan de leurs préoccupations la formation des cadres nationaux. S’il était facile de remplacer certains fonctionnaires métropolitains par des nationaux, il faut reconnaître que le remplacement des administrateurs coloniaux posait problème. Pour y faire face, le décret n° 58-113 du 29 décembre 1958 créa l’Ecole Togolaise d’administration.

La politique d’austérité imposée par le gouvernement et les sacrifices consentis par le peuple imposaient aux dirigeants la transparence dans la gestion des affaires de la cité. L’obligation de rendre compte était à l’ordre du jour, ce qui permettait à la population de suivre sur les ondes de la radio nationale le compte rendu mensuel des activités du gouvernement.

L’école étant le cadre le mieux adapté pour l’évolution humaine, des établissements primaires et secondaires ont été crées. L’initiative privée avait apporté sa contribution en la matière, sans oublier bien entendu le rôle joué par les missions chrétiennes catholiques et protestantes.

Le TOGO étant essentiellement un pays agricole, des coopératives et mutuelles rurales ont vu le jour. La loi 59-45 du 5 juin 1959 organisa les Société Publiques d’Action Rurale (SPAR). Il y avait une SPAR dans chaque circonscription administrative.

Le mouvement de la Jeunesse Pionnière Agricole (JPA) est un organisme social dont le but est le développement économique du pays et l’élévation du niveau de vie de la masse paysanne. Ce projet qui avait bénéficié de l’assistance technique de l’Etat d’Israël était opérationnel et des moniteurs Togolais formés s’occupaient de l’encadrement des jeunes

Sur le plan de la santé publique, les malades bénéficiaient des soins prodigués par le personnel de l’assistance médicale de la République Togolaise, lequel comprend des médecins togolais, africains et européens, des sages-femmes et infirmières diplômées de France ou de Dakar, des infirmiers ainsi que des auxiliaires.

La médecine préventive occupe une place importante parmi les services de Santé Publique. Les organismes d’hygiène et de la voirie étaient très actifs en la matière. Ils veillaient à la propreté des lieux publics, des latrines publiques ainsi que des habitations et luttaient contre la divagation des animaux. Ils assuraient également le ramassage quotidien des ordures ménagères. La population éduquée, apportait sa contribution pour maintenir sain l’environnement.

Il faut signaler que le gouvernement togolais n’a pas participé aux pourparlers qui ont abouti à la création de l’Union Monétaire Ouest Africaine parce qu’il avait pris la décision d’avoir sa propre banque centrale qui aura en charge l’émission de la monnaie togolaise.

Pour promouvoir l’unité nationale, dans le sens de la culture locale, le gouvernement a demandé aux services du ministère de l’éducation nationale de faire prendre le départ à l’enseignement bilingue dès l’école primaire. C’est ainsi que deux dialectes, l’éwé et le haoussa ont été choisis et les informations en langues locales sont données sur les ondes de la radio nationale dans ces deux dialectes.

Malheureusement, les aspirations des nationalistes pour la jeune nation ont été compromises le 13 janvier 1963 par l’assassinat du Président de la République Il s’agit d’une symphonie inachevée.

1963-1966

D’entée de jeu, le président GRUNITZKY annonça le 26 janvier 1963 que sa politique ne variera pas. Les divers chantiers ouverts avant 1963 font partie des préoccupations de l’équipe dirigeante de la période sus rappelée. La tâche du gouvernement ne sera pas facile. Il lui fallait tout d’abord panser les blessures causées par le drame du 13 janvier 1963.

Conscient du fait que le développement du pays concerne tout le peuple, le gouvernement soucieux du climat qui prévalait à l’époque, avait estimé qu’il était nécessaire de réunir les forces vives de la nation. C’était l’objectif de la table ronde ouverte le 27 février 1963. Indépendamment de cela, les autorités se sont mises sérieusement au travail. C’est au cours de cette période que les grands chantiers ont été réalisés notamment:

le port autonome de Lomé, la brasserie d’Agoenyivé et l’usine textile de Datcha dont les premières pierres ont été respectivement posées au cours de la dernière semaine de novembre 1962 par le président OLYMPIO et M. Von HASSEL, par Fio AGBANON II en présence de Messieurs STEINWALLER et HAASSE et par le vice président de l’Assemblée nationale du TOGO, M Youma MOGORE en présence de M. FRAUENTOLE. Voilà posées les bases du bien-être économique du TOGO.

Le lycée de Tokoin ainsi que l’aéroport du même nom ont renforcé les infrastructures scolaire et aéroportuaire.

L’élan imprimé par les autorités d’alors au processus de développement n’est pas allé loin. Il a été déstabilisé par des dissensions à la tête de l’exécutif et au sein de l’assemblée nationale. Ces crises ont commencé à sonner, progressivement, la fin de cette période.

1967- 1990

C’est la période la plus longue. Il est opportun de rappeler cet intermède de janvier à Avril 1967, lequel a permis au général EYADEMA de se hisser au pouvoir et de le conserver malgré l’engagement pris par les militaires. En effet, il a été annoncé à la population la mise sur pied d’un conseil de réconciliation chargé, dans un délai de trois mois, de préparer les institutions devant permettre des élections libres et démocratiques à l’issue desquelles, l’armée s’engage à quitter la scène politique. Contre toute attente, aucune élection n’a été organisée. Monsieur Etienne EYADEMA évinça Monsieur Kléber DADJO, alors président du conseil de réconciliation pour s’emparer du pouvoir.

Le nouvel entrant sur la scène politique nationale a bénéficié d’une période de grâce et qui a suscité beaucoup d’enthousiasme. Elle a été marquée par la réalisation d’un certain nombre d’infrastructures notamment

• Hôtelières (Tropicana, La Paix, 2Février, Sarakawa etc…)
• Scolaires et universitaires (Collèges d’enseignement général, Ecole Normale Supérieure, Université du Bénin etc…)
• Routièrs (bitumage routes Lomé-cinkassé, Lomé-Kpalimé etc…)
La création du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) en 1969 avait suscité beaucoup d’espoir. Ce parti conformément à ses idéaux, devrait assurer le bonheur au peuple en lui donnant l’occasion de se réconcilier avec lui-même. La maison du RPT était le symbole national dudit parti.

Il faut inscrire à l’actif du nouveau régime les grands projets de développement économique. Beaucoup d’entreprises ont été créées dont la plupart sans une réelle maîtrise de l’environnement économique national et international. Comme la bonne gouvernance n’était pas à l’ordre du jour, il est aisé de comprendre que la gestion de ces unités de production n’a pas été faite selon les règles de l’art, ce qui les a complètement ruinées.

L’attentat de Sarakawa a été un tournoi décisif dans la vie de la nation. Il avait, certes provoqué des émotions et de douleur. Mais il avait aussi suscité des doutes quand aux causes de la catastrophe. Dans cette atmosphère, certains Togolais imbus de leur personnalité et aveuglés par leurs ambitions ont commencé par rivaliser de zèle et de flagornerie autour du chef de l’Etat, qui exploitera cet événement pour renforcer son image d’homme choisi et protégé par les dieux. Ainsi, a été donné le coup d’envoi d’un processus irréversible du culte de la personnalité qui allait régenter désormais la vie quotidienne de tout un peuple.

De 1975 à 1990 le Togo s’est investi, sans réserve, dans une diplomatie très active qui lui a valu d’accueillir à quatre reprises dans sa capitale, la signature de la convention ACP/CEE dénommée «La convention de Lomé». De nombreuses médiations avaient également été menées pour la paix dans des pays africains ont été à son actif. Ce fut les moments de gloire mais aussi l’époque où l’embrigadement politique de la population et le culte de la personnalité à la nord-coréenne importés du Zaïre ont pris leur essor. L’animation, cette corruption des mœurs était à son comble, favorisée par la délinquance politique. Elle a gangréné et dépravé toute la société togolaise par sa crasse morale. La jeunesse qui devrait être mobilisée pour les travaux de développement tel que prévus pour la Jeunesse Pionnière Agricole, a été canalisée et orientée vers l’oisiveté pour louer le Président fondateur.

Le pouvoir, dans sa dérive, a décidé de supprimer le 27 avril et sa célébration, la devise et l’hymne national. Cette décision dont l’incohérence se dispute l’incompréhension des faits validés par l’histoire nationale est absurde et consacre de façon arbitraire la division du peuple.

La révolution verte bien inspirée a été malheureusement plus chantée à la gloire du guide que concrétisée dans les sillons des champs. Le parc de matériels agricoles géré par la Société Togolaise d’Exploitation du Matériel Agricole (SOTEXMA) a été abandonné après avoir servi des intérêts inavoués.

A la lecture de ce qui précède, il est permis, avec du recul, de comprendre la stratégie du système politique, laquelle consiste à faire le contraire de ce qui est dit

Le livre vert du RPT, un document bien élaboré, qui aurait pu dans une mise en œuvre efficiente, faire avancer le pays n’a malheureusement pas comblé les attentes. Le bonheur et la réconciliation promis au peuple par le RPT sont restés de vains mots.

Les programmes d’ajustement structurel ont rendu plus difficile la vie des Togolais. Les privatisations imposées par les bailleurs de fonds, ont été réalisées, sans tenir compte des textes nationaux en vigueur en la matière.

Tout comme les ressources humaines n’ont pas fait l’objet d’une utilisation à bon escient, les ressources financières sur lesquelles sont arrimées le gaspillage, les détournements et la corruption sous toutes ses formes, ont connu le même sort.

Les conséquences sont désastreuses pour le pays et mettent à nu la gestion improvisée et opaque des affaires. Le Togo arbore un paysage économique garni d’éléphants blancs et s’essouffle sous un fardeau de dettes intérieure et extérieure incroyable.

1990 – 2010 : Les décennies de tous les dangers

Les actes posés étant souvent en contradiction flagrante avec les objectifs poursuivis, le peuple n’a jamais été réconcilié face à cette volonté manifeste de « diviser pour mieux régner ». La liberté est sans cesse menacée et trop souvent violée.

Une fausse conception de la paix faite de mots utilisés pour mentir, pour tromper et pour assujettir la population avec un cynisme tranquille, a conduit au mouvement du 05 octobre 1990 où les jeunes outrés, se sont révoltés pour mettre fin à l’arbitraire et à la violence faite à leur corps et à leur intelligence. Les dirigeants n’ayant pas suffisamment tiré les leçons des évènements ont continué à gouverner comme par le passé.

Le train du 05 octobre 1990 qui a ramené le 27 avril, l’hymne national et la devise n’est pas encore entré en gare de la démocratie.

La constitution de 1992 adoptée par le peuple togolais est claire. Elle gêne les dirigeants qui rêvent d’en modeler une autre taillée à leur mesure. Le toilettage de la loi fondamentale a ainsi altéré cette dernière et l’a dépouillée de sa pureté originelle. Le souci des dirigeants est de se maintenir au pouvoir contre vents et marées.

Des responsables de l’opposition se sentant usés ont vu leurs idéaux s’effriter. Ils ont été victimes de débauchage.

L’appât du gain facile et la course à l’argent et aux privilèges ont vite eu raison des convictions des uns et des autres. Chacun est prêt à occuper un strapontin, à se voir confier un porte feuille même s’il n’en a pas la compétence.

II – LE TOGO FACE A SON AVENIR

En prenant en compte le chemin parcouru avec toutes les fortunes diverses, il faut se mettre à l’évidence pour reconnaître que le TOGO est aujourd’hui au bord du gouffre alors qu’il aurait pu mieux se porter au regard des atouts dont il dispose.

La constitution est constamment violée et les accords politiques, dans leur mise en œuvre, sont souvent vidés de leurs substances. La loi fondamentale mérite d’être revue.
Le niveau de l’endettement du pays qui était quasi nul en 1960 se situe aujourd’hui à plus de deux (02) milliards de dollars. Une meilleure gouvernance économique s’impose.

Les infrastructures sont dans un état déplorable. L’hôtel Tropicana est livré à la mer mais que sont devenus «l’hôtel 2 février» et l’hôtel de la paix généralement mal entretenu? Nos villes livrées à elles-mêmes, regorgent d’immondices et ne disposent ni de jardins entretenus ni de place de loisir. Dans ce domaine Lomé ne peut citer que Fréau jardin datant de l’époque coloniale, longtemps délaissé et aujourd’hui en phase de réfection. Les routes crevassées sont dans un état piteux source de nombreux accidents mortels surtout que Les soins de santé non garantis deviennent de moins en moins accessibles aux citoyens sans moyens. Le chemin de fer est totalement abandonné. La féculerie de Ganavé est fermée. L’industrie des phosphates est devenue une charge pour le contribuable. Les producteurs de coton sont découragés et en produisent de moins en moins.

Aussi, l’équipe dirigeante du RPT qui passe quarante trois (43) ans aux affaires sans autoriser une quelconque alternance, porte-elle la lourde responsabilité par rapport à la misère rampante dans laquelle transpirent la plupart des Togolais. C’est un échec et il faut le reconnaître. La crise perdure.

Cette équipe n’a aucune excuse et ne peut se prévaloir de circonstances atténuantes puisque les gouvernements précédents, avaient, dans l’adversité de leur époque, déblayé, bon an mal an, le terrain.

Où va le TOGO? Une question pertinente qui interpelle les uns et les autres. La réponse dépendra de ce que les Togolaises et les Togolais, conscients et responsables vont décider ensemble de faire. Devant cette situation inouïe de détresse et de frustrations de tous ordres, les jeunes semblent avoir déjà repris le combat. Ils multiplient les manifestations de rue pour se faire entendre et ne croient plus à l’avènement d’hommes providentiels. Le Togo non encore réconcilié doit se passer de cet épisode regrettable. Pour ce faire les dirigeants doivent rester attentifs aux aspirations et aux attentes des citoyens. L’heure est donc venue de se ressaisir pour ne plus tomber dans les errements du passé mais d’avancer avec confiance sur le chemin de la concorde et du développement.

QUE FAIRE?

Le GRAD pense qu’il faut d’abord accepter de mettre l’Homme au centre des préoccupations nationales pour ensuite concentrer toutes les énergies sur le travail inlassable.

Le GRAD ne cessera jamais de prôner le dialogue et d’inviter tous les togolais à travailler à l’amélioration constante de la condition du citoyen togolais, tant sur le plan moral que sur celui du bien-être matériel.

La démocratie vraie doit reposer sur le respect inconditionnel de chacun : de sa vie, de son intégrité, de ses droits en un mot de sa dignité. Elle doit être fondée sur le dialogue, le consensus et la collaboration pour instaurer plus de justice dans les rapports entre les citoyens. Dans cette perspective, le souci du bien commun doit l’emporter sur le souci du bien particulier.

Le Togo, riche de plus de quarante ethnies doit compter sur tous ses fils unis, chacun apportant sa pierre à l’édification de la nation. Ni l’abus autoritaire de la force, ni la seule aspiration ne suffisent plus. C’est au niveau des actions concertées que s’affirmera la détermination des dirigeants à œuvrer pour rétablir, dans la communauté, les rapports idoines sur la base de la vérité, de la justice, de la liberté et de la fraternité. Le développement du pays et la paix en dépendent.

Le GRAD estime que la leçon de la fable de la Fontaine « La cigale et la fourmi » doit pouvoir permettre aux uns et aux autres de se remettre en cause. Chacun doit comprendre que c’est par la force du travail, dans l’ordre et dans la discipline, que la plupart des Etats se sont développés. Il en est de même, aujourd’hui, des pays dits émergents.

« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ». Il n’y a pas une autre manière de comprendre cet enseignement biblique. Le pain ne tombe jamais du ciel. Il y a d’abord l’effort puis la récompense. Ainsi donc celui qui mange et ne produit rien est un destructeur. Il constitue un poids inutile pour la communauté.

Le GRAD considère que l’année 2010 doit être l’occasion pour le TOGO d’observer un arrêt. Il faut permettre au peuple et à la classe politique d’accepter, à partir du présent, d’exorciser le passé pour mieux se projeter dans le futur. C’est un défi national qui doit être relevé si tant est que les Togolais portent vraiment le TOGO dans leur cœur. Il n’y a qu’une seule patrie et les patriotes doivent assumer leur responsabilité.

Le GRAD note avec amertume que la démocratie n’a pas encore droit de cité dans le pays. Il faut tout faire pour sortir définitivement le TOGO de la crise. C’est sûr qu’on peut y arriver. Cela ne sera pas une promenade de santé. Beaucoup d’efforts seront consentis. Il y aura des émotions, des hésitations et même des grincements de dents. L’exercice commandera parfois, de faire hara-kiri pour faire œuvre utile. Il faut nettoyer les écuries d’Augias pour porter la propreté et l’ordre dans la cité.

Le TOGO ne saurait vivre isolé du reste du monde. La situation dans laquelle on l’a plongé n’est pas à son honneur. Il n’est pas le seul pays à avoir fait l’expérience du parti unique. Si par rapport aux résultats, le minimum vital n’a pu être assuré à la population malgré les divers atouts très importants dont dispose le pays, il y a lieu de changer de méthode.

Il importe absolument de mettre fin au statu quo dans lequel une minorité capricieuse et oisive nageant dans une débauche de moyens fait bombance et se réjouit sur le dos de la majorité en distribuant des faire-part dans tous les domaines notamment dans ceux de la politique, de l’éducation nationale, de la santé, du sport, des traditions et coutumes.

Aujourd’hui, la majorité de la population n’acceptera plus d’être gouvernée par la force et l’arbitraire. Aucun investisseur sérieux ne débarquera avec son argent pour faire des affaires dans un pays où:

– la compétence et les valeurs sont assassinées,
– l’effort et la bravoure intellectuelle ne sont ni encouragés ni reconnus
– le mensonge est un sport national,
– la justice aux bottes piétine le droit,
– la corruption, le tribalisme et le favoritisme sont des clés qui ouvrent les portes des différents services du secteur public et du secteur privé,
– le bon sens le plus élémentaire quitte son champ spécifique, pour aller chercher des justifications dans la mentalité de certains indigents de la pensée universelle.

Le GRAD propose d’ouvrir un débat national pour mener des réflexions sur des sujets pertinents couvrant les différents domaines de la vie du pays. Des recommandations assorties de feuilles de route avec des chronogrammes clairs et précis doivent sanctionner le débat. Il y va de l’intérêt du TOGO et de celui de sa population toute entière.

Le GRAD ne saurait clore la présente réflexion sans rendre hommage à toutes celles et à tous ceux qui se sont battus et ont sacrifié leur vie pour l’émancipation du TOGO.
Il salue également le courage et la détermination de la jeunesse togolaise qui de tout temps, a répondu aux différents rendez-vous de l’histoire nationale.

Le GRAD pense que la célébration des 50 ans ne sera qu’un fait divers dans le décor de misère sociale, politique, économique et environnementale imposée à la population.

Lomé le 22 avril 2010
Victor Alipui