Mesdames et messieurs les Responsables des organisations de la Diaspora ici présents,
Mesdames et Messieurs les Responsables des fédérations du CAR Allemagne et Belgique, organisateurs de cette rencontre,
Chers frères et sœurs de la diaspora,
Je voudrais à mon tour, vous souhaiter la bienvenue à cette rencontre citoyenne et exprimer ma gratitude à vous tous venus de près et de loin pour échanger avec nous sur la situation politique actuelle de notre pays.
C’est une réelle joie pour moi de vous rencontrer au cours de la première sortie que j’effectue à l’extérieur en tant que Président du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR).
Je voudrais ici solennellement vous exprimer toutes mes félicitations pour votre engagement soutenu et toutes vos actions menées au sein de la diaspora pour contribuer à l’éradication de la dictature dans notre pays.
Je sais quels sacrifices énormes vous avez consentis pour cela. Et c’est un vrai drame pour une nation telle que la notre que les têtes les plus formées soient obligées de fuir le pays, pour des raisons politiques, et aller grossir les rangs des ressources humaines d’autres pays.
Combien de Techniciens, d’ingénieurs, de médecins, de Leaders des Mouvements estudiantins ne sont pas parmi vous ! Certains n’ont pas mis les pieds sur la terre de nos ailleux depuis plus de 15 ans. Quel gachis.
Comme vous le savez tous, il y a bientôt un an que j’ai pris les reines du CAR à la place de Me Yawovi AGBOYIBO,
Mesdames et Messieurs, Accepter de remplacer Me Agboyibo à la tête du Car n’était pas une décision facile.
Comment pourrait-il en être autrement, notre pays ne connaissant pas d’exemple d’alternance à la tête des partis du vivant des Présidents fondateurs.
Ma mission est donc redoutable, vu la personnalité de l’homme et l’aura qu’il a acquis au sein des populations pour avoir été le moteur du processus de démocratisation au Togo.
Et c’est pour cette raison que j’avais apprécié que le Congrès n’ait pas lié le poste de Président du parti à la candidature aux élections présidentielles de 2010. Car pour une mission pareille, il ne faut pas bruler les étapes. Il faut un temps pour prendre le parti en main, un temps pour se faire connaître et conquérir le cœur des populations, et un temps pour nouer les relations au niveau national et international avant de se porter candidat à une élection présidentielle.
Mesdames et Messieurs,
Comme vous le savez tous déjà, notre pays va de plus en plus mal et sa situation économique actuelle est caractérisée par des maux qui ont pour noms :
– aggravation du chômage des jeunes
– pauvreté extrême
– détérioration de plus en plus accrue du pouvoir d’achat des populations des villes et des campagnes
– délabrement des infrastructures routières, sanitaires, scolaires,
– absence avérée d’infrastructures d’eau potable, d’énergies, etc
Ce sont là, Mesdames, Messieurs, des vérités que vous connaissez. Je n’ai pas besoin d’y insister outre mesure. Il suffit d’aller à Lomé et de faire un tour dans ses quartiers pour mesurer la gravité de la situation.
Toutes les rues de la capitale sont aujourd’hui impraticables et la plupart des quartiers étaient, il n’y a pas longtemps, sous l’eau.
Or, comme le dit l’adage, « la capitale d’un pays est la vitrine de ce que vaut le pays ». Ce n’est donc pas un fait du hasard si tous les observateurs s’accordent à dire que le Togo tout entier est malade et que sa maladie a atteint un stade très avancé.
Mais face à cette situation, nous avons des dirigeants incompétents qui, de surcroit, dilapident les richesses nationales par le biais de la corruption et des détournements, la gabegie, l’attribution des marchés publiques sur des bases tribales et familiales.
Et c’est le lieu de préciser que toutes les régions et préfectures du Togo sont autant touchées par le phénomène de la pauvreté. En effet, après plus de 40 ans de gestion chaotique du pays, l’ amer constat aujourd’hui est que les populations de Cinkassé, de Mandouri, de Naoudema, de Bapuré et de Tcharè, souffrent autant, sinon plus que ceux de Ndigbé, de Yokoè, de Djiguina et d’Azové, de Djankassè.
Chers frères et sœurs de la diaspora,
Vous l’avez compris, tout est à refaire au Togo.
Nous devons reconstruire un système éducatif viable. Nous devons développer une politique de santé permettant une couverture sociale pour les urgences, tout en dotant progressivement chacune de nos préfectures, d’un centre hospitalier digne de ce nom. Nous devons mettre fin à la pauvreté en développant l’agriculture sur toute l’étendue du territoire.
La politique la plus ambitieuse que le CAR a dans ce domaine, est ce que nous appelons le développement de l’Agro alimentaire dans les zones vertes. Et notre pays dispose de trois vallées propices à ce genre de projets. Il s’agit des vallées de l’Oti, du Zio et du Mono.
Dans la mise en œuvre de ce programme, une place importante doit être accordée à la diaspora car elle dispose de potentiels inestimables et demande seulement à ce que les pouvoirs publics créent des conditions pour apporter leur appui à la reconstruction et au développement du pays.
Mais nous ne voulons pas ici nous étaler sur tous ces points contenus dans le programme ambitieux de notre parti. Car, que vaut le meilleur programme si le pays n’est pas doté de dirigeants légitimes et ne connait pas une stabilité politique propice à leur mise en œuvre.
C’est pour cela qu’au sortir des législatives dernières, le CAR s’est battu pour la mise en place du cadre permanent de concertation et de dialogue, destiné à mettre en œuvre les points de l’Accord Politique Global (APG) relatifs aux réformes constitutionnelles et institutionnelles devant permettre l’organisation d’une élection juste et transparente en 2010, ce qui permettra de mettre notre pays en orbite pour son développement économique.
Malheureusement, aucune des réformes constitutionnelles préconisées par l’APG n’a été réalisée à ce jour. Et usant du dilatoire, le pouvoir a volontairement retardé la révision du code électoral, ce qui nous a contraint à avoir recours au facilitateur et à nous rendre à Ouagadougou du 05 au 07 Août dernier.
Les dernières discussions de Ouagadougou nous ont permis d’améliorer le déséquilibre qui existait entre la majorité et l’opposition parlementaire au niveau de la composition de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et de ses démembrements et de régler les problèmes liés aux conditions d’éligibilité. Mais la rencontre ne nous a pas permis de surmonter les difficultés relatives au mode de scrutin qui, selon nos textes actuels, est à un tour.
Chers frères et sœurs de la diaspora,
Même si nous arrivons à nous entendre sur un candidat unique, ce qui est une nécessité absolue, cela ne nous empêche pas de nous battre pour un scrutin à deux tours.
Il n’est d’ailleurs pas normal que dans toute la sous région, le Togo soit encore le seul pays à pratiquer le mode de scrutin à un tour, alors que le seul mode de scrutin pour lequel notre peuple s’est prononcé massivement au référendum de 1992 est le scrutin uninominal à deux tours.
Le CAR s’engage à mener dans les prochaines semaines, la bataille pour les deux tours, si tant est que la population dans sa grande majorité, à l’intérieur comme dans la diaspora est prête à y apporter son concours. Il s’attèlera au même moment à la préparation du scrutin, car si au finish, la bataille pour les deux tours est gagnée, mais que nous n’avons pas pris les dispositions pour maitriser le processus électoral, nous aurons fait œuvre inutile…
Mesdames Messieurs,
Toutes les formations politiques de l’opposition ont aujourd’hui compris qu’aucune d’entres elles ne peut affronter seul le pouvoir et gagner en 2010. Ce n’est donc que dans une dynamique unitaire, donnant de réelles chances de remporter la victoire et de prendre effectivement le pouvoir, que les Togolais peuvent spontanément se mobiliser, à l’intérieur comme dans la diaspora, pour apporter les ressources humaines, matérielles et financières à la réussite de cette œuvre ultime, la réalisation de l’alternance en 2010 .
Depuis Janvier 2009, l’UFC et le CAR ont entrepris des discussions sur la question de la candidature unique. Et pour surmonter les difficultés inhérentes à cette entreprise, le CAR a soumis en deux points la proposition de plan d’action ci-après à l’appréciation de l’UFC et des autres formations de l’opposition démocratique. Le premier point est relatif à la mission du candidat et le second, à la durée de son mandat.
1. La mission du candidat
1.1. Le candidat doit être en mesure, au lendemain du scrutin, de prendre les devants de la défense de la victoire de l’opposition et d’avoir des atouts personnels, nationaux, et internationaux qui lui permettent d’amener le pouvoir en place à reconnaître sa défaite.
1.2. Une fois le candidat de l’opposition parvenu au pouvoir, l’un des volets fondamentaux de sa mission consistera à entreprendre dans le cadre de l’application de l’APG, avec l’appui de la communauté internationale, les mesures constitutionnelles et institutionnelles par lesquelles le pays doit rompre avec le système en vigueur et entrer dans une ère républicaine et démocratique qui favorise les investissements et une économie propice au bien-être des populations.
Entre autres mesures à prendre à cet égard, le Président issu de l’opposition devra :
– former un Gouvernement comprenant les diverses composantes de la coalition ayant soutenu le candidat ;
– dissoudre l’Assemblée Nationale en place ;
– faire élire une nouvelle Assemblée Nationale sur la base d’un cadre électoral réformé dans des conditions à définir ;
– faire de l’Assemblée Nationale une constituante investie de la mission de doter le pays d’une nouvelle Constitution.
– réviser la charte et le régime de financement des partis politiques de façon à ce que l’activité politique réponde à sa vocation de service public et cesse d’être une activité privée qui fasse du pouvoir d’Etat, la chasse gardée d’un noyau de privilégiés qui se servent de la fortune amassée depuis plus de quarante ans pour asservir à des fins électoralistes des populations acculées à la misère par une gestion calamiteuse des richesses du pays ;
– organiser, dans les délais visés au point 2.2, les élections locales, législatives et présidentielle devant marquer la fin de la pseudo quatrième République, avatar de la troisième République et l’entrée du Togo dans la cinquième République.
1.3. En dehors des mesures constitutionnelles et institutionnelles, le Président de la république émanant de l’opposition devra s’atteler à réconcilier les Togolais en prenant notamment des mesures visant :
– à garantir le respect effectif des dispositions de l’APG prévoyant que la lumière soit faite sur les actes de violence à caractère politique du passé et que les victimes de ces actes soient indemnisées ;
– à assurer le professionnalisme et l’efficacité des institutions en charge de la lutte contre l’impunité ;
– à garantir une répartition équitable des emplois publics, des marchés d’Etat et autres ressources et avantages faisant partie du patrimoine national.
1.4. Le Président de la République issu de l’opposition devra, durant son passage à la tête de l’Etat, apporter des solutions concrètes aux besoins prioritaires des populations de la commune de Lomé et des différentes préfectures.
2. Durée du mandat :
2.1. Pour que chacune des parties prenantes de la coalition se sente rassurée de pouvoir reprendre dans un délai non excessif son droit de participer aux élections mentionnées au point 1.2, il importe que la transition se fixe un terme.
2.2. Compte tenu des tâches définies au point 1, la durée de la transition doit être au maximum de trois ans.
Nous espérons que les formations de l’opposition parviendront bientôt à régler ce problème crucial de candidature unique afin que se produise au sein des populations l’électrochoc nécessaire susceptible d’entrainer la grande mobilisation pour la victoire en 2010.
Intervention du Président national du CAR, Me APEVON, à l’occasion de la rencontre avec la diaspora togolaise en Allemagne le 19 Septembre 2009
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