19/04/2024

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La CEDEAO accompagnera le processus électoral

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) se dit disposée à accompagner le processus électoral au Togo conformément à la constitution, a déclaré le président du Niger, Mamadou Tandja, mardi à Lomé, la capitale togolaise.

Tandja, qui est également le président en exercice de la CEDEAO, a ajouté que l’organisation régionale s’engageait à mettre à la disposition des autorités togolaises des ressources humaines et matérielles indispensables à l’élection présidentielle.

A l’issue d’une mission de 48 heures au Togo, la délégation de la CEDEAO, composée des présidents Tandja et Amadou Toumani Touré du Mali, ainsi que du secrétaire exécutif de l’organisation Mohamed Ibn Chambas, n’a pas caché sa satisfaction après les consultations avec la classe politique togolaise.
« Je suis très satisfait des discussions avec les acteurs politiques togolais et les exhorte à rapprocher davantage leurs positions pour aller à des élections libres, justes et transparentes », a indiqué Tandja aux journalistes au cours d’une conférence de presse mardi à Lomé.

La délégation, qui comprenait également Lawan Gana Guba, ministre nigérian de l’Intégration et de la Coopération en Afrique, représentant le président Olusegun Obasanjo, a rencontré le nouveau président intérimaire togolais, Abass Bonfoh, les membres du gouvernement togolais et les principaux partis politiques du pays, ainsi que les responsables de l’armée et les ambassadeurs étrangers accrédités au Togo.

Les consultations ont débouché sur l’adoption d’une « feuille de route » en neuf points qui devrait conduire le Togo, selon la CEDEAO, vers une élection présidentielle libre, démocratique et transparente.

La feuille de route recommande notamment la représentation des partis politiques au sein des commissions et comités administratifs chargés des élections, avec les pouvoirs de signer les procès verbaux.

La feuille de route recommande également l’observation du scrutin présidentiel par des institutions internationales, et la réduction du montant de la caution à payer par les candidats à la présidentielle. Cette caution était fixée auparavant à 40.000 dollars (20 millions de francs CFA).

La CEDEAO a mis l’accent sur la sécurité à garantir à tous les acteurs politiques, ainsi que sur la « nécessité pour l’administration, les forces de sécurité et les institutions de la République d’être impartiaux et d’observer une stricte neutralité, et la nécessité, pour les partis politiques et leurs sympathisants, de s’abstenir des discours de haine ».

L’organisation régionale a exhorté la classe politique togolaise à tout mettre en oeuvre pour qu’il y ait des élections transparentes, libres et justes dans 60 jours comme le prescrit par la constitution. Mais aucune date n’a été encore retenue pour le déroulement du scrutin.

A cet égard, Mai Manga Boukar, expert électoral nigérien, a été désigné par les chefs d’Etat de la CEDEAO pour aider à organiser et à surveiller le processus électoral au Togo.

« Ils (les dirigeants de la CEDEAO) ont estimé que l’ordre constitutionnel est rétabli et qu’il est nécessaire d’aller aux élections présidentielles », a affirmé à IPS, Edem Kodjo, président de la Convergence patriotique panafricaine (CPP, un parti de l’opposition modérée).

« Les chefs d’Etat ont défini un certain nombre de conditions qui ne sont pas d’ailleurs difficiles de manière que ces élections soient crédibles, transparentes, correctes et justes », a dit Kodjo. Selon lui, « ce qui est important, c’est qu’à aucun moment, les chefs d’Etat n’ont exprimé le désir de voir la constitution mise entre parenthèses, mais ils ont estimé que c’est un texte qui devrait être appliqué dans sa globalité ».

Pour Dama Dramani, secrétaire général du Rassemblement du peuple togolais (RPT) au pouvoir, la CEDEAO demande l’application stricte de la constitution et le respect des textes électoraux en vigueur. « La CEDEAO nous demande d’aller aux élections dans les délais constitutionnels de 60 jours et nous pensons qu’il faut aller effectivement aux élections », a-t-il confié à IPS.
Mais trois partis de l’opposition radicale, le Comité d’action pour le renouveau (CAR), la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) et l’Union des forces de changement (UFC) estiment que ce qui est essentiel, c’est la convocation du corps électoral dans les 60 jours et non l’organisation du scrutin.

« Ces élections peuvent avoir lieu assez rapidement, mais pas nécessairement dans les 60 jours », a déclaré à IPS, Léopold Gnininvi, secrétaire général de la CDPA. « Nous avons préconisé que des discussions s’engagent et qu’il soit mis en place un gouvernement de transition, et que la plupart des institutions impliquées dans le coup d’Etat soient recomposées ».

L’Ordre des avocats du Togo a, dans une déclaration rendue publique mardi, demandé la mise en place d’un gouvernement de transition chargé d’organiser des élections libres, transparentes, équitables, démocratiques et ouvertes à tous. Selon les avocats, le gouvernement actuel « est d’office disqualifié pour avoir participé ou, à tout le moins, cautionné le coup d’Etat militaire ».
Les avocats sollicitent « instamment le concours et l’implication pleine et sincère de la communauté internationale pour l’organisation et la supervision d’élections libres, transparentes, équitables, démocratiques et ouvertes à tous au Togo, en garantissant la sécurité et la libre circulation de tous les candidats et des électeurs ».

Denise Akakpovi, esthéticienne à Lomé, remercie la CEDEAO pour ses efforts. « Mais, il faut que la CEDEAO soit vigilante pour suivre de près tout le processus afin d’éviter les fraudes », a-t-elle dit à IPS, souhaitant que les partis de l’opposition évitent cette fois-ci de boycotter les élections.
Pour le président Tandja, un parti politique est fait pour aller aux élections. Il a donc conseillé à tous les partis politiques d’éviter le boycott. « L’opposition radicale doit comprendre que la situation actuelle impose d’aller aux élections », a-t-il souligné.

Selon Tandja, la démission de Faure Gnassingbé et la nomination d’Abass Bonfoh comme président par intérim du Togo constituent un retour à l’ordre constitutionnel demandé par le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, tenu à Niamey, au Niger, le 9 février.

« Les circonstances du décès du président Eyadema nécessitent une gestion responsable de la période d’intérim afin de préserver la paix et la stabilité au Togo, et de mener des actions permettant de renforcer la démocratie et l’Etat de droit », a ajouté Tandja.

Inter Press Service (Johannesburg)
Par Noël Kokou Tadégnon