23/04/2024

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Le bras sanglant de Chirac continue de meurtrir le Togo

Par Comi Toulabor

Après avoir contraint la Commission électorale nationale indépendante à proclamer le fils de son « ami personnel » président du Togo lors du scrutin du 24 avril, Jacques Chirac vient en personne de téléphoner à Faure Gnassingbé pour le rassurer qu’il met tout en œuvre auprès de la Cour constitutionnelle togolaise pour qu’elle valide le scrutin. Il l’a aussi rassuré qu’il travaille à ce que certains chefs d’Etat africains (Cameroun, Gabon, Tchad, entre autres), asiatiques (la Chine notamment très présente au Togo) et arabes (Egypte, Libye, etc.) apportent leur reconnaissance à Baby Gnass. Depuis la proclamation des résultats du scrutin, les communiqués de reconnaissance se font rare et cela sème la panique chez Baby Gnass et dans son entourage dont les nerfs ne tiennent plus. Jacques Chirac l’a rassuré, et pour lui cette histoire de « gouvernement d’union nationale » n’est qu’un « gros bluff » (ce sont ses termes) pour abuser l’opinion et faire diversion.

La Cour constitutionnelle togolaise est donc en train de subir en ce moment, à son tour, les assauts chiraquiens, elle dont les membres, plus griots que griots, sont rodés à la tâche pour savoir ce qu’ils ne doivent pas faire. A moins qu’ils ne soient foudroyés par l’esprit de conversion et découvrent la lumière aveuglante de la vérité et leur propre dignité d’homme. Ce qui risque alors d’enrayer voire de paralyser le processus de dynastisation au forceps mis en place par le général Eyadéma et pris en charge maintenant par l’Elysée. Mais quelques biscuits aux six simiens en toque et enfermés dans le loft de la Cour constitutionnelle (Mama-Sani Aboudou-Salami, Atsu Koffi Amega, Kouami Amados-Djoko, Kouami Emmanuel Apédo, Aboudou Assouma, Kué Sipohon Gaba) suffiraient à lever cette hypothèque improbable.

Le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, qui, la main sur le cœur assurait récemment son monde de la non-ingérence de la France dans les affaires intérieures du Togo, doit réviser ses propos. Car il est sans savoir que la politique africaine, en l’occurrence togolaise, se fait au Château de l’Elysée et non sur les Quais d’Orsay. Mais en tant que ministre des Affaires étrangères, il peut et doit savoir qu’une équipe de Français a été envoyée par son département à l’ambassade de France à Lomé pour gérer la campagne et le marketing de Faure. Il sait au moins cela et dans ce cas sa main sur le cœur relève de l’hypocrisie de diplomate, de double-masque.

D’un autre côté, le Supermenteur de l’Elysée « travaille » des pays africains, asiatiques et arabes pour qu’ils donnent leur onction à l’élection de Faure. En bon cynique, il les choisit parmi des pays qui ne brillent pas particulièrement pour leur démocratie et leur respect des droits élémentaires de l’Homme. Ces dictatures tropicales peuvent toujours servir à quelque chose, n’est-ce pas ? La qualité du « travail » de Supermenteur serait intéressante pour Baby Gnass s’il enrobait dans son fantastique chevauché des pays comme les Etats-Unis, l’Allemagne dont l’Institut Goethe vient d’être incendié, le Canada, la Belgique, la Grande Bretagne, la Suède, le Brésil, etc.

Bref ce nouveau round de Jacques Chirac, malgré la situation explosive et insurrectionnelle sur le terrain avec ses centaines de morts et de blessés graves, traduit une fois encore tout le mépris que lui et ses tous ses prédécesseurs ont pour les Africains, un mépris qui pue le racisme à mille lieues à la ronde. Ces Africains qui ne sont pas mûrs pour la démocratie, mais mûrs pour les dictatures surtout dynastiques.
Mais il y a des Africains vivent et s’aliment de ce mépris-là, de ce racisme-là qui fondent leur pouvoir et leur richesse comme Baby Gnass.

Bordeaux, le 29 avril 2005.
Comi M. Toulabor
CEAN-Sciences-Po Bordeaux