29/03/2024

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Le Burkina déjoue un coup d’Etat

Le complot présumé des militaires

Le mot « coup d’Etat » n’a pas été prononcé par les officiels burkinabés. Les différentes personnes arrêtées entre le 1er et le 7 octobre, l’ont été pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Lors d’une conférence de presse, mardi matin, le procureur de la République Abdoulaye Barry, a expliqué que « la gendarmerie nationale était en train de mener l’enquête et a procédé à l’arrestation, depuis le 1er octobre, de plus d’une dizaine de militaires et civils ayant tous participé à la réalisation d’un certain nombre d’actes pouvant porter atteinte à la sûreté de l’Etat. »

Neuf militaires (deux capitaines, un caporal, cinq sergents et un soldat) ont ainsi été mis sous les verrous, en compagnie des deux présumés cerveaux de la conspiration : les capitaines Luther Diapagri Wali (du régiment central des armées, détaché au ministère du Commerce) et Boulédié Bayoulou (de la Direction régionale de l’intendance militaire à Bobo Dioulasso). Ils ont tous en commun d’avoir appartenu au régiment de la sécurité présidentielle. Le seul civil mis en cause est le pasteur Pascal-Israël Paré de l’Union internationale des chrétiens, dont la complicité « a été établie avec les militaires ».

Ressentiment et dépit

Selon Abdoulaye Barry, « le projet a été mûri depuis 2001 et réactivé en septembre dernier. Les intéressés attendaient d’avoir les moyens ». Il semble que ces moyens aient été réunis ces derniers mois : de l’argent et des armes auraient été découverts lors de perquisitions effectuées aux domiciles des présumés putschistes. De plus, l’enquête en cours fait état de distribution d’argent aux différents militaires impliqués (jusqu’à 3 millions de F CFA). « Le capitaine Ouali a procédé en septembre au recrutement de soldats dans la capitale, à Bobo Dioulasso, à Ouayigouya et Kaya, au nord », a précisé le procureur.

Ce dernier a souligné que les fonds ayant servi à recruter les soldats provenaient « d’un pays étranger » sans pour autant le nommer. Quant aux vraies motivations des militaires, elles sont encore assez vagues. La presse nationale évoque le « ressentiment », le « dépit ». Ouali aurait expliqué aux enquêteurs que son acte visait à réparer les « brimades » dont il a été victime tout au long de sa carrière. « Quant aux ex-soldats de la garde présidentielle, le motif de leur courroux résiderait dans leur ‘éjection’ de ce corps d’élite », précise le journal Sidwaya.

« Qui en veut à Blaise Compaoré ? »

Du côté des militaires et des politiques, le silence est de mise sur l’affaire. « L’enquête suit son cours… » Dans la population, l’heure est aux interrogations. « Quel est ce pays étranger d’où viendrait l’argent des putschistes ? » « Quelles sont les vraies raisons de ce complot ? » « Qui en veut à Blaise Compaoré ? » « Il y a un certain nombre d’ambiguïtés à lever », explique un journaliste du quotidien Le Pays. « Depuis ce week-end, des rumeurs couraient sur des arrestations mais nous avons tous été surpris par la nouvelle. Pour autant, il n’y a pas eu de mouvement de panique et il n’y a pas eu de renforcement de la sécurité autour de lieux stratégiques comme la présidence, la radio ou l’aéroport. »

Dans un entretien avec l’AFP, Me Yermann Yaméogo, président de l’Union pour la démocratie et le développement (UNDD), farouche opposant au régime du Président Blaise Compaoré a affirmé : « Depuis longtemps nous disons qu’il y a des problèmes dans l’armée, notamment la disparité des traitements au sein de l’armée, le fait que certains militaires n’aient pas perçu leurs indemnités de retour de missions à l’étranger – Liberia, Centrafrique…. Ce qui vient de se passer est révélateur. Au vu des problèmes évoqués, il n’est pas étonnant qu’on arrive à cette situation ».

En attendant leur comparution devant un tribunal militaire (y compris le pasteur), les « invités » de la gendarmerie centrale de Ouagadougou n’ont pas fini d’entretenir le mystère.

mercredi 8 octobre 2003, par Olivia Marsaud
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