24/04/2024

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Les manifestations de la diaspora togolaise au Bénin interdites

LES MANIFESTATIONS INTERDITES PAR LE GOUVERNEMENT BÉNINOIS AU BÉNIN

Suite à l’annonce du décès du président togolais Gnassingbe Eyadéma le 05 février 2005, les Togolais résidant au Bénin avaient pris l’initiative d’organiser une marche de protestation pour dénoncer le double coup d’État militaire et constitutionnel perpétré par quelques officiers de l’armée togolaise et portant ce même jour à la tête de l’État, monsieur Faure Gnassingbe, fils du président défunt, au grand mépris de la constitution selon laquelle il revenait au président de l’Assemblée nationale d’assumer l’intérim du pouvoir et d’organiser les élections.

La diaspora togolaise au Bénin avait donc entamé les procédures légales pour obtenir des autorités béninoises, une autorisation pour ladite marche qui devrait avoir lieu le 18 février 2005. Mais l’autorisation n’a pas été accordée. Les autorités béninoises ont demandé aux organisateurs de reporter la marche sur la semaine suivante. Certains responsables ont par ailleurs soufflé aux organisateurs que le gouvernement béninois ne voulait pas voir les Togolais marcher dans son pays. Or les parlementaires béninois avaient déjà condamné le coup de force opéré par les nouvelles autorités de fait au Togo.

La société civile béninoise et la Ligue Béninoise pour la Promotion des Droits de l’Homme ont également décidé de soutenir le peuple togolais dans sa souffrance, par une marche en contestant et en condamnant les actes anticonstitutionnels en cours au Togo. La diaspora togolaise au Bénin devrait prendre part à cette marche aux côtés des frères béninois. A la date prévue, le 1er mars 2005, une foule s’était réunie à l’Étoile Rouge, au centre de la ville de Cotonou, capitale de la République béninoise. A la grande surprise des manifestants, le gouvernement a envoyé les policiers pour disperser les gens et empêcher la marche, parce que le chef de l’État béninois considère qu’une telle manifestation risque de compromettre ses relations d’avec les autorités togolaises. Le président de la Ligue des droits de l’Homme et les responsables des ONG qui ont organisé la marche ont dû reporter leur manifestation sur le mardi suivant, 08 mars 2005. Au jour venu, la foule était encore plus nombreuse. Les organisateurs avaient une nouvelle autorisation qu’ils ont obtenue des autorités compétentes. Mais ce fut le même scénario. Les policiers venus cette fois-ci en plus grand nombre, ont dispersé de nouveau la foule à coups de gaz lacrymogènes et ont réussi à embarquer dans un de leurs véhicules, quatre personnes, faisant toutes partie des organisateurs. Mais quelques minutes après, ils les ont ramenées sur les lieux sur l’ordre du Commissaire central de la ville de Cotonou.

Le refus de la manifestation par les autorités béninoises suscite beaucoup d’interrogations. Le Bénin qui est considéré dans la sous-région comme un pays démocratique dont les autres devront suivre l’exemple, ne veut-il pas que les pays voisins accèdent, eux aussi à la démocratie?

Que gangne le Général Kérékou à vouloir soutenir les dictateurs qui prennent le peuple togolais en otage, voulant faire de la République togolaise une monarchie? Nous laissons le soin à nos lecteurs de faire les analyses nécessaires et les conclusions qui s’imposent.

Notons que des messages ont été apprêtés pour le 18 février et le 1er mars 2005. Mais nous présentons ici celui du 08 mars 2005, que la Diaspora Togolaise au Bénin a formulé à l’endroit des autorités togolaises et de la Communauté Internationale (…)

DÉCLARATION

Depuis l’annonce du décès du Général Eyadéma le 05 février 2005, les événements se sont précipités dans notre pays avec la désignation par l’armée le même jour de Mr Faure Gnassingbe, fils du défunt Président, à la tête de l’Etat, bafouant ainsi les dispositions de la Constitution togolaise selon laquelle il revenait logiquement au Président de l’Assemblée Nationale d’assumer l’intérim du pouvoir et d’organiser de nouvelles élections présidentielles.

Pour légitimer ce double coup d’État militaire et constitutionnel, les nouvelles autorités de fait se sont précipitées à démettre Monsieur Natchaba de la présidence de l’Assemblée et ont amené cette Assemblée monocolore du RPT à légaliser le double coup d’État perpétré par quelques officiers de l’armée togolaise.

Mais la détermination de l’opposition togolaise, les multiples déclarations et prises de positions des Organisations sous-régionales et internationales suivies des sanctions à l’encontre des autorités de fait du Togo, finissent par amener ces dernières à faire machine arrière avec, d’une part, le retour non complet et non effectif à la Constitution de 2002, taillée sur mesure pour faire de feu Eyadéma un Président à vie, constitution qui a toujours été contestée par l’opposition togolaise, et d’autre part, le retrait de Faure Gnassingbe du pouvoir.

Tout en prenant acte de la démission de Faure à la tête de l’État, nous, Togolaises et Togolais résidant au Bénin,

* Trouvons insuffisantes les concessions faites jusqu’ici par les auteurs des coups d’État constitutionnel et militaire survenus dans notre pays;
* Estimons que la nomination de Monsieur Abass Bonfoh comme Président de la République à la place de Monsieur Natchaba, est un compromis qui cache bien d’autres manœuvres malveillantes auxquelles comptent se livrer les putschistes dans les jours à venir, et que le retour à l’ordre constitutionnel devrait se traduire par le rétablissement de Monsieur Fambaré Natchaba dans ses droits;
* Décrions la complicité et l’attitude hypocrite de la France qui a toujours soutenu et guidé le régime dictatorial d’Eyadéma, et qui continue dans cette même logique, ne visant que ses seuls intérêts au détriment du peuple togolais;
* Exigeons la mise en place sans délai d’une transition consensuelle;
* Exigeons l’ouverture d’un vrai dialogue politique devant déboucher sur l’adoption d’un cadre électoral consensuel et l’organisation d’élections générales libres, équitables, démocratiques, transparentes et sans exclusive;
* Exigeons la dissolution de l’actuelle Cour Constitutionnelle trop corrompue, qui légalise sans réfléchir des actes anticonstitutionnels que posent Monsieur Faure Gnassingbe et les tyrans du RPT qui prennent en otage le peuple togolais tout entier;
* Exigeons une représentativité paritaire des membres de l’opposition et de la mouvance présidentielle au sein de la Commission Électorale Nationale Indépendante de même qu’au sein des Commissions Électorales Locales;
Exigeons une révision complète et objective des listes électorales;
* Condamnons avec vigueur la barbarie avec laquelle les militaires à la solde du RPT répriment les marches pacifiques qu’organise l’Opposition togolaise, occasionnant des morts et plusieurs blessés, et les rafles et enlèvements auxquels ils procèdent dans plusieurs quartiers de notre capitale;
* Exigeons la libération immédiate des victimes d’enlèvements et d’arrestations arbitraires organisés par les putschistes et leurs milices;
* Exigeons le retour de l’armée dans les casernes et la fin de ses intempestives interventions dans la vie politique du pays;
* Dénonçons l’usage des moyens de l’État par Faure Gnassingbe et les militants du RPT dans une campagne présidentielle non encore ouverte;

Par ailleurs, nous voudrions saluer ici les prises de positions des Institutions sous-régionales et internationales telles que la CEDEAO, l’Union Africaine, l’Union Européenne, l’OIF, l’ONU mais qu’elles sachent que nous nous inquiétons du fait qu’elles semblent se contenter de la démission stratégique de Faure Gnassingbe du pouvoir. On dirait qu’elles ignorent le réel problème du peuple togolais et ce à quoi ce peuple a assisté lors des élections présidentielles de 1998 et celles de 2003. Si elles veulent vraiment aider les Togolais à sortir de leur crise une fois pour de bon, il leur faut:
1- rester vigilantes dans leur acceptation de certains compromis, car nous estimons que de compromis en compromis, elles finiront par compromettre, sans le vouloir, tous les efforts qu’elles ont fournis jusqu’ici dans la recherche de solution à la crise togolaise.
2- mettre tout en œuvre pour obtenir des Togolais un gouvernement de transition composé tant des membres de l’Opposition que ceux du RPT, parce que l’actuel gouvernement en place ne mérite aucune crédibilité et ne peut en aucun cas conduire le processus électoral à son terme sans faire recours à une fraude massive.
3- envoyer une forte équipe d’observateurs qui aura des représentants dans toutes les circonscriptions électorales du Togo, afin que soit efficace le suivi du processus électoral.
4- envoyer au Togo, une force internationale pour le maintien de l’ordre et de la sécurité, dès maintenant et jusqu’au lendemain des élections effectives.

Pour finir, nous tenons à remercier nos frères et sœurs du Bénin pour leur soutien à la juste cause du Peuple togolais.

Fait à Cotonou, le 08 mars 2005
Diaspora Togolaise au Bénin
Courriel: diaspotogo_benin@yahoo.fr / Cel: (229) 56 12 42