20/04/2024

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Les milles et une vies de Kangni Alem

Littérature

Si le lecteur a souvent tendance à confondre le narrateur et l’auteur, on lui donnerait raison quant au recueil que Kangni Alem fait paraître à la rentrée prochaine, le 15 septembre 2006, aux Editions Gallimard. Un rêve d’Albatros (Gallimard, Continents noirs), à en croire la quatrième de couverture du livre, parle des femmes (sacré sujet !), des aventures et des malaventures, des voyages réels et imaginaires, de la misère de l’immigration et de l’exil, de la vie tout court.

Un recueil qui met en exergue la sensibilité protéiforme de cet auteur à la conscience politique aiguë, amateur de jazz, adepte d’une écriture en liberté totale.

Cet extrait du recueil est caractéristique de cette façon d’écrire : «J’espère qu’un jour viendra où je pourrai me retourner sur mon parcours d’oiseau migrateur, à l’instar d’un archer namibien assis sur le crâne d’un gouverneur allemand : ouf, j’ai quand même réussi ma foutue traversée de la vie ! Pour l’heure, en tout cas, la messe est dite, je suis bel et bien dans une épaisse merde de caméléon, n’y voyez aucun jeu de mot, même si ladite matière a les couleurs et les odeurs de l’Amérique de Lincoln, Oprah Winfrey, et de Bill, mon copain de bouquiniste de Brodway Avenue, Chicago! Lequel Bill, certainement dans l’intention de m’édifier, m’avait offert, le premier jour de notre rencontre, Dans la dèche à Paris et à Londres de Georges Orwell, et briefé sur les stratagèmes de quelques illustres prédécesseurs dans le dur métier de vivre et d’écrire. Je suis dans une merde que je ne saurais qualifier autrement que de nègre, j’y suis, les pieds à plat et les yeux grands ouverts. Il me faut m’en sortir, à tout prix!»

Un rêve d’Albatros marque l’entrée de Kangni Alem à Gallimard, laquelle maison d’édition publiera prochainement son roman tant attendu Le temps des Caravelles, une fiction sur l’esclavage et les Afro-brésiliens, communément appelé «Agouda». Il est le quatrième togolais que publie cette maison parisienne, après Sami Tchak (à présent chez Mercure de France, Le Paradis des chiots, 2006), Théo Ananissoh (Lisahohe) et Edem(Port Melo)

Kangni Alem est né en 1966 ; après avoir enseigné dans plusieurs universités aux Etats-Unis et en France, il se consacre actuellement à l’écriture, au théâtre et à la traduction. Il est auteur de plusieurs nouvelles et pièces de théâtre, de deux romans (Cola Cola Jazz et Canailles et charlatans, aux Editions Dapper qu’il vient de quitter). En 2003, il a été élu lauréat du Grand Prix littéraire Afrique Noire.

Par TONY FEDA