LOME, 11 fév (AFP)– La réunion prévue vendredi entre une délégation de chefs d’Etat de la CEDEAO et le nouveau président togolais, Faure Gnassingbé, pour discuter du retour à l’ordre constitutionnel au Togo a tourné court avec le refus des présidents ouest-africains de se rendre à Kara, fief de la famille Gnassingbé dans le nord du pays.
Après avoir annulé au dernier moment leur visite à Kara, puis tout déplacement au Togo, cinq chefs d’Etat ouest-africains ont finalement menacé de sanctions le nouvel homme fort du Togo s’il ne se rendait pas samedi à Niamey, à l’instigation du président nigérian Olusegun Obasanjo, président en exercice de l’Union africaine (UA).
Un incident diplomatique est à l’origine de ces bouleversements de programme successifs et inattendus, le président Obasanjo n’ayant guère apprécié que l’on interdise l’atterrissage jeudi soir à Lomé d’un avion nigerian transportant l’avant-garde de sa délégation.
Les autorités togolaises avaient exigé en effet qu’il se rende directement à Kara (400 km au nord de Lomé), où devait se tenir la rencontre. L’avion avait alors fait demi-tour.
Après plusieurs heures d’incertitude, et une escale au Bénin, les présidents nigérien Mamadou Tandja, ghanéen John Kufuor, malien Amadou Toumani Touré, béninois Matthieu Kérékou et Obasanjo, accompagnés du président de la Commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré, ont finalement choisi d’annuler tout déplacement au Togo. Ceci afin de donner quelque reconnaissance que ce soit au fils du président défunt Eyadéma.
Ils ont ensuite convoqué M. Gnassingbé samedi à Niamey, toujours pour le sommer de rétablir la « légalité constitutionnelle » dans son pays.
Vendredi en fin d’après-midi, les nouvelles autorités togolaises n’avaient pas officiellement réagi à cette annonce. Arrivés le matin même à Kara, le président investi Faure Gnassingbé et plusieurs des ministres de son gouvernement ont repris en fin d’après-midi l’avion à destination de la capitale togolaise.
Le général Gnassingbé Eyadéma est décédé le 5 février à 69 ans après 38 ans de règne sans partage à la tête du Togo. Son fils, Faure Gnassingbé, a prêté serment le 7 février après une révision express de la Constitution lui permettant d’accéder à la tête du pays, ce que la CEDEAO, entre autres, a qualifié de « coup d’Etat ».
La délégation des chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest avait été mandatée par le sommet d’urgence de la CEDEAO réuni mercredi à Niamey.
Parallèlement, la communauté internationale continue de réclamer le retour à l’ordre constitutionnel au Togo.
La France a appelé vendredi ce pays à « mettre un terme à la transition » et à organiser rapidement des élections « libres et démocratiques ». Les Etats-Unis ont eux demandé le respect du processus constitutionnel, apportant leur soutien aux initiatives de la CEDEAO et de l’UA pour régler la crise.
De son côté, le président sénégalais Abdoulaye Wade a affirmé, à son retour du sommet de Niamey, que le Togo « va être isolé aussi longtemps que va durer cette situation ». Son homologue sud-africain a dénoncé vendredi une « mascarade anticonstitutionnelle ».
Dans la capitale togolaise, la police togolaise a dispersé vendredi matin un rassemblement de quelques centaines de partisans de l’opposition parlementaire dans le centre ville, en faisant usage de gaz lacrymogènes.
Un nouveau rassemblement « pacifique » est prévu samedi à l’appel de cinq partis d’opposition. Les manifestations sont interdites au Togo pendant le deuil national de deux mois, décrété après la mort du général Eyadéma qui a dirigé ce pays pendant 38 ans.
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