25/04/2024

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Livre: « La charcuterie de la République » de F. Gakpara-Yawo

Classé dans le tout nouveau genre théâtral dénommé « théâtre libertin » au Togo, « La charcuterie de la République », une pièce de théâtre qui a fait plusieurs fois salle comble à Lomé et au Bénin, vient de paraître sous la plume du dramaturge togolais, Frédéric Gakpara-Yawo. Publiée aux éditions « Graines de pensées », « La charcuterie de la République » est, selon son auteur, une « salade de satires et d’humour » qui dénonce à sa manière, les travers de la vie politique, sociale et culturelle

L’auteur y trouve l’idée originale de faire transparaître ses critiques à travers un journal : La Charcuterie de la République, un quotidien indépendant d’informations et d’analyses, qui déroule pour ses lecteurs, des articles truculents.

Un seul acteur, un vendeur à la criée, très dynamique et très volubile, lit et raconte à haute voix les contenus des journaux qui ne sont autres que les reflets de la vie socio politique du pays : la dictature, la torture, les méthodes de pérennisation au pouvoir, l’apathie des partis politiques de l’opposition, le nomadisme en politique et la politique du ventre ou politique alimentaire, la corruption, la gabegie, sans oublier la prostitution déguisée des jeunes filles, les dépravations des moeurs, les extravagances vestimentaires et autres maux de la société.

Contrairement au théâtre classique avec des subdivisions en actes et scènes exécutés par plusieurs personnages, « La charcuterie de la République » propose un seul personnage, comme dans le mono théâtre.

La pièce, au lieu de subdivisions en actes et scènes, est subdivisée en « refrains » qui sont à leur tour scindés en « chapitres » portant des titres, une révolution du genre et du langage.

L’oeuvre quitte le style shakespearien ou élitiste pour un style populaire qui s’apparente au « Concert party », un genre de théâtre très développé au Togo dans les années 70 à 80 et qui se jouait en Mina et Ewe (langues parlées au Sud du Togo) et dans le public par des acteurs bouffons et travestis.

Il est fait d’improvisations où le rire est au rendez-vous.

Il mêle et entremêle la comédie, la tragédie et l’humour tragique dans le but à la fois de distraire le public et de dénoncer les travers de la politique et de la société des hommes.

Comme au « Concert party », au « théâtre libertin », la satire, l’humeur tragique et l’humour du comédien, mêlés à ceux du spectateur, tournent en dérision les commodités sociales, les lois et les rituels, de même que des personnalités publiques et les actes qu’elles posent.

« Le Théâtre libertin est fait certes d’une littérature écrite mais aussi et surtout du droit du spectateur d’y placer son mot, d’y pousser son cri, d’y mêler son râle, quand l’envie lui en prend…Acteurs et spectateurs, tous doivent forniquer, à la recherche du plaisir théâtral. C’est cela, le théâtre libertin », écrit le dramaturge dans l’avant-propos de sa pièce.

Frédéric Gakpara-Yawo, la trentaine, très passionné par la dramaturgie, a débuté au théâtre au Togo en 1996 et a participé à plusieurs rencontres internationales.

Il a à son actif six pièces de théâtre dont seule « La charcuterie de la République » vient d’être éditée.

Comédien, dramaturge et promoteur culturel, il dirige la troupe « Les Kamiscènes » et est directeur du Centre culturel privé « Denyigban » à Lomé.

PANA