20/04/2024

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Pa Augustino de Souza : le père de l’indépandence du Togo

L’empreinte d’un grand patriote

Au-dessus des passions, nul ne saura nier au commerçant- planteur, féru de politique, la stature d’un homme entré vivant dans l’Histoire et la légende. Pa Augustno Ezéchiel de Souza, compte au nombre des patriotes togolais qui ont eu le courage d’affronter le colonisateur à visage découvert afin de permettre l’entrée du Togo dans la communauté des nations.

La connaissance du passé national, a pu écrire le Professeur Hermann Attignon, permet au citoyen de mieux se situer dans le temps et dans l’espace, dans l’Histoire de l’Humanité en marche vers un avenir meilleur et de mieux prendre conscience de ses responsabilités. C’est dire donc que lorsqu’on évoque devant les jeunes Togolais, le souvenir de Pa Augustino Ezéchiel de Souza, cela se résume à l’avenue qui part du siège de la Cour constitutionnelle à Lomé, près de l’hôtel de la Paix pour aboutir au delà de la lagune de sinistre réputation. L’histoire étant la science des traces, tout citoyen togolais digne de ce nom, a pour devoir de connaître celle de sa patrie, afin de savoir apprécier les sacrifices consentis par ses aînés, ses prédécesseurs pour allumer le flambeau de l’indépendance, peut-être s’évertuerait-il davantage à le sauvegarder.

Fils de Ezéchiel Manuel dit « Chacha », l’ancêtre des de Souza, venu du Brésil et de Kokoè Apéto Ayi d’Almeida, Pa Augustino de Souza a vu le jour 15 octobre 1877 à Agbodrafo (Porto -Seguro). Pour ses études, il a successivement fréquenté les écoles allemandes et anglaises dans sa ville natale et à Aného ( Petit- Popo).

Pour son entrée dans la vie active, il a été d’abord maître-catéchiste notamment à Togoville et Aného. Entré par la suite dans l’administration, il sert successivement en qualité d’agent interprète et de commis des Travaux publics à Sansanné-Mango, actuel chef-lieu de la préfecture de l’Oti dans la région septentrionale du Togo .Puis, il se lança dans le secteur privé, en travaillant comme Chef stock à la Deutsche Togo Gesellchaft (DTG). Quelques années plus tard, il s’installe pour son propre compte en devenant commerçant-planteur au numéro 18 de l’actuelle de l’Eglise à Lomé (Adawlato). Très prospère, il achète par adjudication publique les domaines fonciers allemands numéro 52 et les transforme en plantation de cocotiers. Ce vaste quartier transformé depuis lors en zones d’habitation, reste bien connu des Loméens sous la dénomination de Souzanétimé (Cocoteraie de Souza).

Féru de politique, le commerçant-planteur a utilement œuvré pour l’accession du Togo à l’indépendance. Président du Conseil des Notables aux côtés de Octaviano Olympio, Jacob Adjallé et de Thimoty Agbétsiafan, ce grand argentier, avait pour rôle d’assister le gouverneur dans la gestion des affaires publiques. Membre du Comité de l’Unité Togolaise (CUT) créée dans les années quarante par le gouverneur Montagné, Pa Augustino de Souza dit Gazozo, avait été tour à tour Trésorier général puis Président général jusqu’à sa mort de cette association transformée plus tard en parti politique pour combattre la colonisation.

Initiateur de la lutte anti coloniale, les réunions politiques du CUT se tenaient au domicile du mentor des patriotes togolais. Si Pa Augustino de Souza, a été témoin oculaire du triomphe des partis nationalistes lors des élections /référendum du dimanche 27 avril 1958 organisées et supervisées par les Nations unies, il n’ a pu par contre, assister à la proclamation deux ans plus tard de l’indépendance togolaise.

Hydre à mille têtes qui ne sait que choisir les épis qui portent les meilleures graines, le compagnon de l’indépendance togolaise, est terrassé le 25 avril 1960, deux jours avant les festivités de la proclamation officielle de l’Ablodé (Liberté). Afin de ne pas engendrer le désarroi au sein du peuple, et éviter la mise en berne du nouveau drapeau national, l’annonce de la terrible et affreuse nouvelle avait été retardée.

Ainsi se résume le parcours d’un homme qui s’est investi pour la cause de son pays, et qui se repose depuis dans un mausolée érigé dans l’une de ses nombreuses concessions en plein cœur de la ville de Lomé. Décédé il y a quarante-quatre ans, le souvenir de l’ancien président du Conseil des Notables, et Grand officier de l’Ordre du Mono, reste vivace dans les mémoires et se conte toujours en guise de légende.

En cette date anniversaire de la proclamation de leur indépendance, les Togolais doivent se remettre en question, pour se demander ce qu’ils ont fait de l’héritage à eux laissé par leurs aînés. Aujourd’hui plus que jamais, plus de quatre décennies, avoir triomphé de la colonisation, ils ont plus que jamais le devoir de s’investir de manière individuelle et collective afin de sauvegarder leur passé. Le développement d’une nation étant une course de relais, et conscients qu’ils sont , ils y puiseront des exemples en vue de faire changer la face des choses et de réussir le vaste chantier de la construction d’un véritable Etat de droit de leur Denyigba, l’Or de l’Humanité.

Par Ekoué SATCHIVI