26/04/2024

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Rapport officiel de la conférence-débat du 27/08/09 à Washington avec François BOKO et Akwei GHANDI

RAPPORT OFFICIEL DE LA CONFÉRENCE-DÉBAT DU 27 AOÛT 2005 À WASHINGTON AVEC LE MINISTRE FRANCOIS BOKO ET AKWEI GHANDI

La concertation de la diaspora togolaise aux USA a organisé le 27 août 2005, une conférence-débat sur le thème:Quelle sortie de crise pour le Togo, rôle de la société civile/ diaspora dans cette nouvelle perspective. Il est a noté que c’est la première conférence du genre qui s’est déroulée sous haute sécurité de la police de Maryland. Ces mesures exceptionnelles ont permis de dissuader des éléments rétrogrades et incivils du régime en place au Togo qui perturbent ces derniers temps toute réunion publique de la diaspora togolaise.

Commencée aux environs de 15 heures 30mn par une prière d’ouverture suivie de l’hymne national (terre de nos aïeux), la conférence-débat a connu une forte participation des Togolais/Togolaises de diverses appartenances politique, ethnique ou tribale, venus de différents États pour écouter Francois Boko et Akwei Ghandi, deux acteurs importants de l’échiquier socio-politique togolais pendant la période des élections présidentielles du 24 Avril 2005.

Après les mots de bienvenue et de remerciement des organisateurs, ces derniers ont convié le Ministre Boko Francois, sous une vive ovation de la salle, à prendre la parole pour son exposé sur le thème: Quelle sortie de crise pour le Togo.

Prenant la parole, M. Boko a tout d’abord remercié la diaspora togolaise en générale et celle des usa en particulier pour sa mobilisation pendant ses moments difficiles avant d’entrer dans le vif du sujet. L’éminent orateur a d’abord fait un bref rappel des évènements tragiques qui ont exacerbé la crise socio-politique togolaise après le décès du dictateur Eyadema Gnassingbe. Selon Francois Boko, le coup d’état du 05 février 2005, contrairement à ce qui a été perçu comme un coup d’état de l’armée togolaise, n’était plutôt qu’un coup de force orchestré par le clan Gnassingbé avec la bénédiction d’une partie de la hiérarchie militaire voulant conserver vaille que vaille le pouvoir par des méthodes contraires à la légalité constitutionnelle.

Sur la base des informations constamment fournies par les services de renseignements selon M. Boko, le risque d’une explosion sociale post électorale était prévisible, et le plan de massacre ourdi par le pouvoir pour répondre à cette explosion sociale était horrible et inacceptable. En réalité souligne-t-il en passant, la parodie d’élection présidentielle du 24 avril 2005 n’était au fait qu’un deal entre les autorités de la CEDEAO et le clan Gnassingbe. Malheureusement, les tentatives menées à l’intérieur du pouvoir par M. Boko (selon lui) dans l’espoir de changer le scénario mis en branle par le pouvoir, n’ont pas reçu assez d’échos favorables pour établir un rapport de force et renverser la vapeur. Ainsi, M. Francois Boko après une dernière tentative vaine le 21 avril pour convaincre l’état major de l’armée sur les risques de dérapage que revêtaient ces élections, a préféré jeter l’éponge de manière fracassante dans la nuit du 21-22 avril 2005 afin d’alerter l’opinion internationale sur le drame qui se tramait.

La crise socio-politique actuelle selon Boko constitue une véritable menace pour la paix et la stabilité sous-régionale. La radicalisation de la base, le contexte politique précaire ont indubitablement mené le peuple vers la tentation du recours à la violence comme mode d’expression populaire et du coup, une menace à la paix. Il faut instamment trouver une solution hardie de sortie de crise politique au Togo afin que celui-ci retrouve sa place dans le concert des nations. Le schéma de sortie de crise du ministre Boko s’articule alors en quatre(4) points essentiels à savoir:

1- La convocation d’une table ronde politique:Elle permettra à toute la classe politique et à la société civile de débattre des problèmes qui minent la marche du Togo vers un progrès politique et d’envisager une feuille de route pour leur exécution. Le retour à la constitution de la 4ieme République de 1992 est fondamental.
2- La définition d’une feuille de route: sous l’égide de la communauté internationale, la table ronde politique doit aboutir à une feuille de route définissant les tâches d’un programme minimum de réconciliation nationale.
3- La création d’une commission Vérité-réconciliation: elle va permettre de résorber les frustrations supposées ou réelles de 40 années de règne sans partage afin de favoriser une réconciliation basée sur le pardon. Dans tous les cas de violation, justice sera faite.
4- La formation d’un gouvernement d’union nationale chargé de l’exécution de la feuille de route durant une période transitoire bien définie.

Enfin le ministre Boko a encouragé les uns et les autres à s’y mettre et à ne pas toujours compter sur une communauté internationale complaisante et parfois coupable qui préfère sacrifier les intérêts du peuple togolais meurtri sur l’autel des intérêts sous-régionaux. Aussi disait-il pour en finir, l’instrumentalisation de la division Nord-Sud du Pays n’est qu’un subterfuge du pouvoir et de la puissance coloniale afin de pérenniser un système obsolète et décrié.

Ensuite vint le tour de M. Akwei Ghandi, Président de la ligue togolaise des droits de l’homme de faire son exposé sur le thème: Rôle de la société civile dans cette nouvelle perspective. M. Ghandi après avoir remercié les organisateurs pour l’occasion qui lui a été offerte, a tout d’abord souligné que le fait de se trouver ensemble autour d’une même table avec M. Francois Boko est une preuve tangible que les Togolais ne sont pas si rancuniers et que la réconciliation nationale est chose possible.

Pour cet hardi défenseur des droits humains, la société civile togolaise dont la diaspora, a besoin d’une meilleure organisation afin de prendre une part active dans cette nouvelle perspective de réconciliation. La société civile doit se faire accepter comme actrice incontournable dans la résolution de la crise togolaise. Il a donc proposé que les associations de la société civile/diaspora, se démocratisent pour permettre l’éclosion de jeunes talents, se professionnalisent, se dotent d’une base disciplinée, cherchent des sources de financement et s’organisent en réseaux pour une meilleure coordination des activités.

Selon M. Ghandi, le recours à la violence d’un peuple pour défaire un système autocratique qui l’opprime est un acte légitime et stipulé dans le préambule de la déclaration universelle des droits de l’homme. Dans le cas du Togo, cette inclination grandissante et réelle vers une telle option doit interpeller le pouvoir a jeter du lest pour garantir la paix, afin d’éviter au Togo le chaos et l’apocalypse. M. Ghandi a également interpellé la communauté internationale à prendre ses responsabilités afin qu’en dernier recours, le peuple togolais ne choisisse la voie de la violence pour se libérer.

La deuxième partie de cette rencontre a été un débat nuancé d’idées au cours duquel les participants ont posé des questions aux deux conférenciers, qui ont apporté leurs éléments de réponse. A la question de savoir si les propositions de sortie de crise reçoivent des échos favorables auprès des puissances étrangères, M. Boko a précisé que les États-unis et l’UE sont ouverts, contrairement à la France qui pense qu’il faut aller aux élections législatives pour résorber la crise, alors que la constitution tripatouillée n’oblige pas le Président à choisir le Premier ministre dans la majorité parlementaire. A force de ne pas envisager des solutions crédibles et préférer une permanente fuite en avant, le Togo risque de sombrer dans la violence.

La conférence a pris fin à 6heures 40mn de l’après-midi par une prière de clôture et des salutations d’usage, des photos de famille et quelques débats en privé.

Fait à Washington, le 2 septembre 2005
Le Rapporteur de la séance
M. Ferdinand Attiogbé