25/04/2024

Les actualités et informations générales sur le Togo

Togo- 2009 : Une situation explosive

Le Togo nous le savons, reste une néo-colonie dominée par l’impérialisme français, à travers des agents locaux avec à leur tête le clan Gnassingbé. Cette domination est source de misère et d’oppression. De ce point de vue général, la situation n’a pas changé. Notre première préoccupation à ce sujet, en tant qu’organisation politique luttant pour la démocratie et une justice sociale, doit porter sur le sort des masses populaires.

Il est incontestable que les conditions de vie des masses populaire ne cessent de se dégrader: hausse vertigineuse du prix des produits de première nécessité: maïs, riz, igname, pain, viande, poisson, taxi, essence, pétrole lampant…. Sans oublier le ciment. Selon les spécialistes: les salaires bloqués durant des années, continuent de stagner. Les dernières augmentations (3%-5%) sont dérisoires face à l’augmentation du coût de la vie. Ajoutons que les salariés ne constituent pas la majorité de la population: paysans et artisans sans grands moyens, petits commerçants, chômeurs. Bref, le pouvoir d’achat du peuple togolais a été divisé par trois au moins ! Et encore, il s’agit d’une moyenne. De nombreux compatriotes ont des difficultés à s’offrir même un repas quotidien, et les cas de malnutrition se multiplient.

Sur le plan sanitaire, la situation est plus qu’alarmante: L’accès aux soins médicaux les plus élémentaires reste interdit à la majorité de la population, dépourvue de moyens. Les hôpitaux et centres de soins publics présentent le plus souvent un état de délabrement déplorable et souffrent d’un dénuement scandaleux en matériels et en médicaments. Les cliniques privées sont hors de portée du plus grand nombre. Dans ces conditions, pour la majorité de nos compatriotes déjà accablés par la misère, la moindre maladie peut être fatale. Le paludisme, la fièvre typhoïdes, le cholera et le SIDA continuent leurs ravages mortels.

Ajoutons à cela l’aspect actuel de nos villes, et en premier lieu de Lomé, devenue un véritable dépotoir, l’état de ruine de nos villages, le délabrement scandaleux de nos infrastructure routières, comme vient encore de l’illustrer l’effondrement d’une dizaine de ponts, rendant difficiles les communications, l’approvisionnement des centres urbains, les délestages électriques devenus un véritable sport quotidien, la pénurie chronique d’eau, et on peut se faire une idée de la situation de notre pays.

Face à tout cela, une minorité continue de montrer un luxe insolent, avec leurs 4×4 rutilantes et du dernier cri, leurs somptueuses villas…. Il n’y a aucun doute sur la source de leur enrichissement et de la misère de la majorité: elle s’appelle, soumission au diktat impérialiste, gestion maffieuse de l’économie, détournement des fonds publics, pillage des ressources nationales, corruption à grande échelle. A cet égard, la situation actuelle est un démenti cinglant pour ceux qui ont voulu croire et faire croire que les choses iraient mieux avec à la direction d’un Faure Gnassingbé, «diplômé d’université», et forcément partisan d’une gestion plus saine. Ceux-là ont simplement oublié que l’objectif premier pour Faure, c’est de maintenir au pouvoir l’hégémonie du clan Gnassingbé, et que cet objectif implique nécessairement d’aller contre la volonté du peuple, et donc de recourir à la répression et à la corruption.

Entre Eyadema et Faure ce n’est qu’une différence de forme et de style

La corruption fait donc partie de sa nature profonde, tout comme la répression, et ceux qui s’imaginent pouvoir corriger le régime de Faure à ce sujet ne sont que des semeurs d’illusions. Ce que nous observons aujourd’hui, c’est que la mort d’Eyadéma a élargi les rangs des prédateurs, des jeunes carnassiers s’étant ajoutés à d’autres plus anciens, tous faisant preuve d’une avidité sans bornes, se sentant «libérés» de la poigne de l’autocrate. Les cas de détournements de fonds, de pillages, de biens publics et des richesses nationales qui paraissent dans la presse privée ne constituent qu’une infime partie de la réalité.

Le pouvoir réagit par de grands discours contre la corruption, puis tout continue comme avant, parce qu’il sait que c’est sans conséquence pour lui, que les pilleurs et les voleurs resteront en toute impunité, et que la corruption est dans la nature même du régime. A la différence de son père, Faure ne réprime pas systématiquement toute critique, parce qu’il estime que ce n’est pas nécessairement dangereux. Il se contente de continuer comme si de rien n’était, et peut même se vanter de respecter la liberté de presse. ! Mais nous savons que ce n’est qu’une différence de forme, de style, mais que rien n’a fondamentalement changé.

Ainsi, comme il fallait s’y attendre, l’Accord Politique Global d’août 2006 a abouti au même résultat que l’Accord Cadre de Lomé de juillet 1999. En effet, les élections législatives du 14 octobre 2007, nous ont administré la preuve que le régime n’est pas disposé à abandonner ses pratiques habituelles: intimidation, menaces, corruption, régionalisme, tribalisme, bourrage des urnes etc. S’il n’y a pas eu de massacres ni de départs en exil cette fois, c’est tout simplement parce que le peuple n’est pas descendu dans la rue. Le pouvoir dictatorial peut frapper à tout moment, parce que les instruments de répression sont toujours là, et ce ne sont pas les prétendues formations sous l’égide des organisations et institutions internationales qui y changeront quoi que ce soit. Il suffit d’ailleurs de voir comment les manifestations sont systématiquement interdites sous des prétextes fallacieux.

L’infâme processus de vérité et réconciliation.

On nous parle maintenant de cadre permanent de dialogue, de processus vérité et réconciliation, sous l’égide des organisations internationales, mais on oublie seulement que c’est depuis 1991 (pour ne pas remonter plus loin, par exemple en 1963-1964) que ce genre de «dialogue» existe, et qu’il n’a servi qu’à légitimer et à consolider le pouvoir. Quant au processus vérité et réconciliation, nous savons qu’en Afrique du Sud qu’on veut ériger en modèle. Dans ce pays des questions sont restées non résolues avec la disparition de l’apartheid, notamment la lutte pour une justice sociale et la question de la terre. Il y aura donc beaucoup à dire au sujet de la Commission Vérité et Réconciliation, lorsque nous analyserons la situation générale en Afrique du Sud. Mais il faut quand même reconnaître qu’ici, on a au moins respecté les formes ! En effet, ce sont les victimes de l’apartheid, une fois aboli ce système et une fois installé au gouvernement, qui ont mis en place cette Commission Vérité et Réconciliation. Chez nous, au Togo, ce sont les bourreaux, ceux qui nous assassinent, pillent depuis des décennies et qui continuent de confisquer le pouvoir, ce sont ceux-là mêmes qui prétendent engager un tel processus de concert avec les victimes. On se moque de nous tout simplement !

En réalité, ces divers processus, ne font que donner une nouvelle légitimité au clan Gnassingbé, tout en assurant un intégration progressive de l’opposition au sein du pouvoir néocolonial (comme ministres, préfets, députés, et probablement comme élus locaux). Bref, ce n’est qu’une simple évolution du régime de l’autocratie à l’oligarchie sous l’hégémonie du clan Gnassingbé. Voilà pour quelle raison la situation n’a pas changé et ne peut pas changer pour la majorité de la population, le peuple. Le peuple en est d’ailleurs de plus en plus conscient.

L’idée que c’est la lutte qui paie fait son chemin…

Un fait incontestable aujourd’hui en effet, c’est l’expression de plus en plus ouverte du mécontentement populaire. On le constate dans les conversations de tous les jours, comme avec les mouvements populaires qui se sont produit ces derniers temps: grève des étudiants de l’université de Kara, grèves des travailleurs de santé et des ouvriers à Kpémé et à Tabligbo. Il demeure que l’idée de lutte revendicative, l’idée que c’est la lutte qui paie fait son chemin parmi les travailleurs et dans la jeunesse. On peut ajouter dans cet ordre d’idée, les diverses manifestations interdites. Ce qui retient le peuple pour le moment, ce sont leurs amères expériences avec les partis de l’opposition dite démocratique (CAR, CDPA, CPP, UFC). C’est pourquoi les démocrates ont la lourde tâche de continuer la conscientisation, la mobilisation et l’organisation pour hâter le retour d’un nouveau 5 octobre pour renverser la dictature du clan Gnassingbé et chasser l’impérialisme français sur le sol national.

Bruxelles, le 3 janvier 2009
Le Front des Organisations Démocratiques Togolaises en Exil

Site web: www.togoenlutte.org

Courriel: postmaster@togoenlutte.org