19/04/2024

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Togo: Arrestation de Kpatcha Gnassingbé

Le frère du président togolais a finalement été interpellé, ce mercredi matin, devant l’ambassade américaine à Lomé, où il avait tenté de se réfugier, après être parvenu à échapper à une tentative d’arrestation à son domicile. Il est désormais clairement accusé d’être l’instigateur d’une tentative de coup d’Etat contre le chef de l’Etat, Faure Gnassingbé.

Les officiers, interpellés dimanche soir chez Kpatcha Gnassingbé, auraient finalement parlé et avoué aux gendarmes qu’il y avait bien un coup d’Etat en préparation au Togo. Les conjurés devaient profiter du voyage du président Faure Gnassinbgé en Chine pour prendre le pouvoir.

Et de sources proches de la gendarmerie, parmi les initiateurs, Kpatcha Gnassingbé figurerait au premier plan. La gendarmerie a donc tenté à nouveau de l’arrêter dans la nuit à son domicile, mais il a réussi à s’enfuir. Il a d’abord cherché à se réfugier à l’ambassade des Etats-Unis, avant d’être interpellé devant le bâtiment, autour duquel s’était positionné des militaires et des gendarmes.

Questions autour d’un interpellation

À Lomé plusieurs versions circulent au sujet de cette recherche d’asile du frère du chef de l’Etat. On ne sait pas s’il a réussi à s’introduire ou non dans les locaux de l’ambassade avant d’être remis à la gendarmerie, ni s’il a été pris à l’entrée de cette représentation diplomatique. De même, on ne sait pas s’il dispose ou non d’un avocat. C’est le procureur de la République qui doit le dire. Dans la capitale togolaise, on parle également d’une réunion de la famille Gnassingbé qui doit se tenir à Lomé-2, un quartier de la ville.

La classe politique togolaise n’avait pas encore réagi, en fin de journée, ce mercredi, à l’arrestation de Kpatcha Gnassingbé. Les réactions concernent jusqu’ici seulement l’intervention des militaires dans la résidence du député, dans la nuit de dimanche à lundi. L’opposition considère que ce n’est pas aux gendarmes d’intervenir dans ce type d’opération. Selon Patrick Lawson, vice-président de l’Union des forces de changement (UFC), « l’interpellation de citoyens, pour quelque motif que ce soit, est une opération de police judiciaire qui ne relève nullement de la compétence des Forces armées togolaises (FAC) et encore moins de la Force d’intervention rapide (FIR) », une unité d’élite commandée par le colonel Félix Katanga, beau-frère du député. Ce parti d’opposition a l’intention de saisir la présidence de l’Assemblée nationale en vue d’un débat dans lequel doit être notamment discutée la question de l’immunité parlementaire.*

« Divergences dictées par des ambitions »

Du côté du parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), on reconnait l’existence de « certaines divergences qui peuvent être dictées par des ambitions » qui seraient donc à l’origine de ces événements. Selon Solitoki Esso, secrétaire général du RPT, « ces ambitions deviennent dangereuses, lorsqu’elles vont à l’encontre de la communauté, de la société ». Pour ce responsable, il faut « aller vers l’apaisement et inviter les uns et les autres à cela ».

Elu en octobre 2007 député de la circonscription de Kara (environ 420 km au nord de Lomé), principal fief du parti au pouvoir et surtout de la famille Eyadema, Kpatcha Gnassingbé était, jusque-là, considéré comme un « poids lourd » du RPT. Après avoir dirigé la zone franche du port de Lomé, il a été ministre de la Défense de 2005 à 2007, un poste sensible dans un pays où l’armée a un rôle important et dont il a été écarté.

Faure Gnassingbé a succédé à son père Eyadema en 2005 à la suite de violences et d’élections contestées. Eyadema régnait sur le pays d’une main de fer depuis 1967. La prochaine élection présidentielle doit se tenir en 2010.