Par Dodji SOKPO
Il est vrai que ces élections législatives du 14 Octobre 2007 étaient très importantes pour la survie de l´Etat togolais. Après 14 ans de rupture de coopération de l´Union Européenne avec le Togo et en considération des conséquences très déplorables pour les populations togolaises, il semble plus opportun que les acteurs politiques internationaux et nationaux révisent leur positionnement, car en fait, ils auront compris que les seules sanctions économiques, en d´autre termes, les mesures draconiennes de la Communauté Internationale ne servent à rien ou du moins sont inefficaces pour encourager le processus de démocratisation au Togo. De peur de laisser le Togo se transformer en un Etat fragile, en proie de la criminalité organisée que la drogue, les armes et des réseaux financiers mafieux servent d´articulation, la communauté internationale dont l´Union Européen aurait choisi faire une politique du réel. Probablement à tort et à raison. Car, face à une Chine de plus en plus influent, économiquement et politiquement d´une part et au contexte actuel des relations internationales de lutte contre le terrorisme d´autre part, il s´avère obligatoire et évident que les Européens reprennent leur coopération avec le Togo. Mais, comment reprendre une coopération avec le Togo sans pour autant trahir ses idéaux ou valeurs démocratiques et constitutionnelles ? Comment contourner des règles que l´Union s´est définies en matière de coopérations internationales, instruments de l´l´impérialiste européen et du neoliberaliste américain, à savoir : bonne gouvernance, démocratie et doits de l´hommes ?
Je ne prétends pas faire ici une analyse approfondie de la politique de commerce extérieur, de sécurité de l´Union Européenne et sa stratégie de politique internationale. Cependant je tiens à préciser que la situation actuelle du Togo nécessite une certaine rationalisation de la politique togolaise. Il me semble irresponsable de vouloir créer un simulacre de légalité constitutionnelle pour la seule raison de garantir ses intérêts économiques et son hégémonie. Le Togo ne serait dans ce contexte qu´un laboratoire pour les occidentaux en matière de démocratisation. Et réduire tout un peuple à un champ d´expérience politique me semble ici, un crime contre l´humanité. Je profite donc de l´occasion pour lancer un appel aux acteurs politiques et citoyens togolais de rester vigilants et persévérants dans leur lutte pour l´avènement de la démocratie au Togo. Je suis d´autant plus convaincu que le processus de démocratisation au Togo prendra encore un temps, car avec des élections dont les résultats ont été toujours biaisés et truqués ne refléteront pas un parlement avec une culture démocratique fiable. Le Togo restera pour un temps encore sous le joug de ces politiciens affairistes, dépourvu de patriotisme.
Au Parlement ce serait une fois encore le « théâtre des singes » et un rassemblement des « applaudisseurs insensés ». Car ce n´est pour rien que le régime a savamment ajusté les chiffres des résultats de ces élections législatives, 50 + 4, histoire de s´assurer des 2/3 des voies nécessaires pour faire passer une loi à caractère fondamental à l´ « assemblée nationale », en achetant avec quelques millions de francs CFA les quatre députés du CAR (Comité d’Action pour le Renouveau) de Yaovi Agboyibor, un leader appauvri au fil des ans (il faut quand même le reconnaître) comme son rival Edem Kodjo de l´UTD (Union Togolaise pour la Démocratie) aujourd´hui CPP (Convergence Patriotique Panafricaine) par la force des choses . Puisque selon les combinaisons 38 versus 27 + 4 + 12 n´arrangerait pas les choses et cela ne fera que prolonger le statu quo. Alors que faire ? On préfère donner la chance au « Jeune Président » pour qu´il puisse achever sa « politique de reforme». N´est-ce pas là une fois encore le « pragmatisme européen ». Union Européenne, BRAVO !
Quelques-uns affirmeront que cette analyse des choses est subjective et qu´elle ne fait que critiquer la Communauté Internationale. Vraisemblablement on distinguerait le ton de l´auteur de ce texte qui ne cache pas sa frustration vis-à-vis du comportement de cette dite communauté. Mais au lieu de se limiter aux émotions, ne serait-il pas plus constructif d´avancer des raisons qui justifient cette hypocrisie de la communauté internationale. Certes, le peuple togolais a voté ses représentants ce 14 Octobre 2007, mais peut-on attester que les résultats de ces élections reflètent vraiment la volonté de ce peuple meurtri, assujetti au « clan Gnassingbé » ?
Il est vrai, l´opposition a de nouveau « perdu » ces élections. Mais le combat continue. Il serait très triste de se décourager déjà. Il faut que l´opposition, je veux dire l´UFC (Union des Forces pour le Changement) accepte cette réalité et accepte de se présenter aux travaux très prochains du parlement et usent de toute son influence et ses compétences pour convaincre la communauté internationale et les bayeurs de fonds à adhérer à la vision qu´elle a pour le Togo. Par ailleurs, c´est l´occasion pour l´opposition de prouver qu´elle est capable à faire des critiques constructives et apporter sa contribution pour la construction d´un Togo nouveau. Ainsi l´observateur politique averti pourrait être persuadé de la maturité politique de l´opposition. Car en fait, ce qui intéresse les togolais, c´est plus l´amélioration de leur qualité de vie, donc une bonne politique de santé , d´éducation, de sécurité, d´emploi et surtout la politique économique. Voici en quelque sorte des problèmes à débattre à l´Assemblé Nationale, où l´opposition pourrait jouer un rôle très important dans la conception et l´exécution de programmes sociaux au Togo, un pays qui se veut plus juste, prospère et vivable pour tous.
Vive le Togo !
Le 25/10/2007
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