LOMÉ, le 17 mai (IRIN) – Les principaux partis d’opposition togolais ont accepté de rencontrer le président Faure Gnassingbe jeudi à Abuja pour discuter de leur participation éventuelle à un gouvernement d’union nationale.
Yaovi Agboyibo, le coordinateur de la coalition des six partis qui a pris part aux élections présidentielles du mois dernier, a confirmé la participation des chefs de l’opposition à la rencontre convoquée samedi à Abuja par le président nigérian Olusegun Obasanjo. Ce dernier préside également l’Union africaine.
Mais Agboyibo a posé trois conditions à sa participation à « la cogestion transitoire du Togo » aux côtés de Gnassingbe, fils de feu Gnassingbe Eyadema, qui a remporté des élections émaillées de violences et entachées d’irrégularités.
Agboyibo a tout d’abord exigé l’arrêt du harcèlement des militants de l’opposition, le retour et la réinsertion des 24 000 réfugiés qui ont fui au Bénin et au Ghana voisins, et l’indemnisation des victimes des actes de persécution.
Il a également exigé que lumière soit faite sur les contestations soulevées par la coalition au sujet des « graves irrégularités et anomalies qui ont émaillé le scrutin présidentiel ».
Agboyibo a enfin demandé l’ouverture, sous l’égide de la communauté internationale, d’«un véritable dialogue national au cours duquel seront définis le contenu et les contours de la co-gestion transitoire».
Ce sera la deuxième fois que Gnassingbe se rendra à Abuja à l’invitation d’Obasanjo, pour essayer de conclure un accord sur le partage du pouvoir.
Le 25 avril, au lendemain du scrutin et à la veille de l’annonce du résultat des élections, Gnassingbe s’était rendu à Abuja pour rencontrer Obasanjo et le chef de l’opposition en exil Gilchrist Olympio.
A l’issue de la rencontre, les deux parties s’étaient engagées à former un gouvernement d’unité nationale après les élections, quel qu’en soit le résultat.
Mais l’accord a volé en éclats le lendemain, lorsque les partisans de l’opposition mécontents du passage de témoin du père au fils ont défilé dans les rues pour protester contre la victoire de Gnassingbe.
Les résultats officiels ont attribué 60 pour cent des voix à Gnassingbe contre 38 pour cent à Emmanuel Bob-Akitani, principal candidat de l’opposition.
Selon la Ligue togolaise des droits de l’homme, 790 personnes ont été tuées et 4000 blessées dans les violences survenues entre le 28 mars, date à laquelle le gouvernement a commencé à réviser les listes électorales, et le 5 mai, date d’investiture de Gnassingbe.
Ce sont les affrontements du 26 avril, au lendemain de l’annonce officielle de la victoire de Gnassingbe, qui ont fait le plus de victimes.
Ce week-end, le Mouvement togolais de défense des libertés et des droits de l’homme proche du pouvoir a appelé les Togolais ayant fui les violences qui ont suivi l’élection présidentielle à «revenir dans leurs foyers respectifs, afin de reprendre leurs activités et de participer à la construction nationale».
L’opposition accuse la famille Eyadema de vouloir s’accrocher au pouvoir avec l’appui de l’armée et du Rassemblement du peuple togolais (RPT), le parti au pouvoir. Ce dernier dispose de pratiquement tous les sièges au parlement.
Eyadema a passé 38 ans à la tête du Togo et est mort le 5 février dans l’exercice de ses fonctions. Au mépris de la constitution, le RPT et l’armée ont alors désigné son fils, Faure Gnassingbe, pour lui succéder à la présidence de la république.
Sous l’intense pression de la communauté internationale, Gnassingbe a été contraint de démissionner trois semaines plus tard pour permettre l’organisation d’élections. Mais ces dernières ont été confiées à l’équipe ministérielle loyale à son père.
Olympio, qui vit à Paris depuis une tentative d’assassinat manquée sur sa personne, n’a pu se présenter aux élections du 24 avril parce qu’il vit à l’étranger depuis plus de 12 mois.
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