25/04/2024

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Togo: Rapport de l’assemblée générale UFC-France du 3 octobre 2010

Union des Forces de changement (UFC)
UFC-International

Assemblée générale du 3 octobre 2010

Rapport

La section Paris de l’Union des forces de changement a tenu une assemblée générale le dimanche 3 octobre 2010 à Antony. Convoquée à l’initiative des membres du bureau restés fidèles à la ligne du parti et présidée par le 2e Vice-président de la section, cette séance a connu une bonne participation de plus de 60 personnes. L’Assemblée générale a été marquée par la présence de deux invités spéciaux : Monsieur Eric Armerding, président de la fédération internationale de l’UFC, Conseiller spécial et de Maître Georges Lawson, Avocat, député à l’Assemblé nationale du Togo également conseiller spécial de l’UFC.

Après une minute de silence et de recueillement à la mémoire des martyrs togolais qui sont tombés dans la lutte du peuple togolais pour l’avènement d’un Etat de droit respectueux de la démocratie et des droits de l’homme, l’assemblée a chanté avec une très grande ferveur l’hymne nationale du Togo.

En ouvrant les travaux, le président de la séance a vivement souhaité la bienvenue aux invités spéciaux et remercié les participants qui ont bien voulu interrompre leurs activités pour venir à cette réunion. A la veille du 20e anniversaire du mouvement du 5 octobre 1990, date du déclenchement de la lutte du peuple togolais pour la démocratie et les droits de l’homme, leur présence à l’assemblée générale porte en effet témoignage de la fidélité de l’engagement des forces démocratiques togolaises en faveur du peuple togolais.

La séance avait pour objet d’informer largement sur la crise au sein du parti et ses conséquences sur la nouvelle configuration politique au Togo.

Dans son intervention, Monsieur Eric Armerding a tout d’abord exprimé tout le plaisir qu’il ressentait de retrouver la communauté togolaise représentée par des visages connus des militants du parti ainsi que des amis, mais également de nouveaux visages qui sont venus manifester leur attachement à l’idéal partagé de la démocratie et des droits de l’homme. A sa demande, Maître Georges Lawson, qui a vécu de très près les derniers événements, est également venu apporter son témoignage sur la situation qui prévaut au pays depuis quelque temps.

La crise que l’Union des forces de changement traverse depuis quelques mois a eu également des conséquences sur la vie de la section France et de la fédération internationale. Il s’agit donc, de réfléchir, d’échanger et de formuler ensemble des solutions permettant à la section France et à la fédération internationale de se doter de nouveaux organes capables de prendre la relève et d’assurer le bon fonctionnement du mouvement au sein de la diaspora. Tout en regrettant l’absence à cette assemblée générale du président et du secrétaire général de la section France, Monsieur Armerding considère tout à fait légitime la convocation et la tenue de cette séance.

De l’avis général, la crise grave qui mine le parti est la résultante du non respect par certains des règles que le parti s’est données pour assurer son bon fonctionnement. Certains membres du parti, parmi lesquels des membres éminents, ont en effet bafoué les règles de la démocratie interne sur lesquelles s’est bâtie l’Union de forces de changement. Et cette situation a été vécue avec une très grande douleur au sein du parti.

Premier élément de la crise : alors que jusqu’en 2007 tout allait bien au sein du parti, à la suite du congrès de juillet 2008, certains membres très minoritaires de l’UFC ont décidé de créer un groupe appelé « Amis de Gilchrist Olympio » (AGO). Etrangement, ce segment fractionniste s’était donné comme mandat de « protéger le président national ». Dès sa création, ce groupe qui agissait en parallèle et en dehors des règles démocratiques du parti a suscité bien des questionnements du genre : si certains se disent « amis » du président national que sont alors les autres membres qui représentent la grande majorité du parti ? Par ailleurs, contre qui les « amis » protègent-ils le président national ? Certains membres du partis, des conseillers de l’UFC n’ont pas manqué de dénoncer le caractère fractionniste et antidémocratique de ce comportement fortement préjudiciable à la vie démocratique du parti. Malgré les nombreuses protestations, le président national a poursuivi et même renforcé son action en faveur des AGO, dans la perspective des élections présidentielles de 2010.

Le deuxième facteur déterminant de la crise est apparu avec l’accident dont a souffert Monsieur Gilchrist Olympio alors qu’il séjournait à New-york en décembre 2009. Contrairement à la thèse du « complot » relatée par les AGO, cet accident a été vécu avec beaucoup de peine particulièrement au sein de l’équipe dirigeante du parti, surtout à la veille de l’échéance capitale de l’élection présidentielle. Devant l’outrage que constitue la thèse du complot reprise dans le mémorandum des AGO, Monsieur Amerding a écrit un article destiné à rétablir la vérité. Cet article montre par les faits comment l’équipe dirigeante de l’UFC s’est employée, avec loyauté sur le terrain, à réunir les pièces du dossier de candidature du président national, Monsieur Olympio, alors que celui-ci était malade aux Etats unis.

Les allégations sur un « complot » imaginé par les AGO avaient en fait un seul but, celui de pousser Monsieur Gilchrist Olympio à négocier avec le pouvoir, sans se préoccuper des règles démocratiques du parti, ni même de la charte éthique et du programme de l’UFC. En outre, l’option unilatérale de Monsieur Gilchrist Olympio de négocier avec le pouvoir était en contradiction flagrante avec la stratégie de contestation approuvée par l’immense majorité du parti et mise en œuvre par l’équipe dirigeante aux lendemains de la présidentielle. Matérialisée notamment par les marches organisées tous les samedis, depuis le mois de mars 2010, la stratégie de la contestation s’inscrit dans une démarche consistant à obtenir l’adhésion massive du peuple pour peser sur les négociations. Sans la mobilisation du peuple, sans un programme précis à réaliser, l’octroi de quelques postes ministériels n’est pas de nature à changer fondamentalement la vie des populations aux côtés desquelles l’UFC s’est rangée depuis sa création. Les expériences passées le montrent à suffisance.

Troisième élément aggravant de la crise : la vague de répression violente et aveugle qui s’abat sur les militants de l’UFC et leurs dirigeants depuis quelques semaines, les violations graves et répétées des droits de l’homme à l’égard des journalistes et des populations notamment des quartiers populaires de Lomé, la fermeture du siège de l’UFC, le nombre élevé de blessés que l’UFC doivent prendre en charge, l’interdiction de toute manifestation sur toute l’étendue du territoire, l’interdiction de l’utilisation du nom et des emblèmes du parti, divers autres actes vexatoires qui empêchent les populations de vivre en paix dans leur pays. Tous ces actes de violation des droits de l’homme perpétrés par un pouvoir auquel participent les AGO rappellent les tragiques moments du parti unique.

Aujourd’hui partagé par le RPT et les AGO, le pouvoir s’est engagé à livrer le 23 novembre prochain les résultats de ses travaux notamment sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles. Cette échéance arrive à grands pas tandis que la répression et la violence s’accentuent à l’encontre de l’UFC et de la population pour laquelle elle lutte depuis des décennies.

Ce combat, l’UFC l’a choisi non pas pour assouvir des intérêts personnels, mais pour permettre à la majorité de la population d’accéder à la démocratie et au développement. Il convient en conséquence de rester mobilisé et de poursuivre avec courage et détermination le travail de mobilisation en direction de la population en vue du changement profond et sincère auquel elle aspire.

A cet effet, les structures de l’UFC à l’extérieur du Togo, dont la section de France et la fédération internationale, ont un rôle décisif à jouer en direction de la diaspora et de la communauté internationale. La diaspora est donc invitée à s’engager encore davantage dans ce combat à travers des actions d’appuis multiformes en matière d’information, de mobilisation ainsi que dans les domaines financiers et matériels.

Prenant à son tour la parole, Maître Georges Lawson marque sa satisfaction de voir autant de participants à l’assemblée générale dans ce contexte trouble. Il salue les participants et remercie le bureau de l’avoir invité à prendre part à cette assemblée générale, la seconde à laquelle il participe depuis celle tenue à Paris au lendemain de l’assassinat de Sylvanus Olympio. La réunion organisée à l’époque par le mouvement étudiant s’était soldée par une mésentente sur l’attitude à observer face au coup d’Etat, certains étant pour, d’autres étant contre.

La crise actuelle au sein de l’UFC rappelle à bien des égards cette situation vécue en 1963. L’UFC a l’intention dans les prochaines semaines d’organiser des séances d’explication à l’intention de la diaspora afin d’aider à une meilleure compréhension de la situation au sein du parti.

Persuadé que la sensibilité qu’il soutient mène un combat juste, Maître Georges Lawson considère que l’issue de la crise sera favorable aux combattants de la liberté qui ont mené une lutte contre « le tonnerre » qu’ils ne voyaient pas.

Rassuré par la présence de nombreux compatriotes et amis à cette réunion, le doyen Godwin Tete Conseiller de l’UFC, rappelle une photo prise en 1945 figurant dans son livre « Ma chétive vie » avec la citation qui suit : « Celui qui a été élevé par le tonnerre ne craint pas le rugissement du lion », formule qui caractérise bien la crise actuelle au sein de l’UFC.

Cette crise perturbe profondément le fonctionnement de l’UFC et il est important de réfléchir sur la nouvelle organisation à mettre en place afin de poursuivre le combat pour la liberté et le développement du Togo. C’est l’objectif que nous fixe l’hymne nationale du Togo, lorsqu’elle parle du « Togo chéri, l’or de l’humanité », objectif toujours d’actualité puisque depuis 1963, le pays vit dans le contexte que nous savons.

Débats

A la suite des exposés des deux invités, l’assemblée a pu prendre la parole et échanger en toute liberté sur toutes questions pertinentes portant sur la crie au sein de l’UFC et ses conséquences sur la situation du pays. Ces interrogations tournent autour du passé, du présent et de l’avenir du parti.

• Les racines et les origines de la crise ;
• Les responsabilités du bureau national et des conseillers du président national ;
• La responsabilité collective de l’ensemble du parti quant à l’échec du processus démocratique au Togo ;
• Les pistes envisagées pour la sortie de crise et pour l’avenir du parti et du pays ;
• Le problème d’organisation au sein même de l’UFC à l’intérieur et à l’extérieur du pays ;
• La stratégie de la contestation et les stratégies alternatives ;
• La problématique des mots d’ordre du parti ;
• La médiation entreprise par les chefs traditionnels ;
• Les diverses interrogations que soulève la décision prise par Monsieur Olympio de participer au gouvernement avec les conséquences de l’implosion du parti, de la répression, de la perte du capital historique de quarante années de lutte enfin de la déception d’une grande partie de la population devant un tel acte ;
• La stratégie de négociation pour le partage du pouvoir ;
• La question de leadership ;
• La stratégie pour les prochaines échéances électorales.

En réponse à ces différentes questions, Monsieur Eric Armerding et Maître Georges Lawson ont apporté les précisions qui suivent. Comme l’a relaté Monsieur Armerding, la crise remonte bien à 2008 au lendemain du congrès, lorsque s’est constitué à côté du parti un segment dit des « amis de Gilchrist Olympio » AGO. Cette situation a été désapprouvée par l’équipe dirigeante ainsi que par le parti dans sa très grande majorité. Jusqu’au congrès de juillet 2008, il n’existait pas de problème de leadership, puisque c’est à l’unanimité que Monsieur Olympio a été désigné comme candidat du parti à la présidentielle de 2010.

A la veille de l’élection, c’est encore l’équipe dirigeante qui s’est employée à constituer le dossier de candidature de Monsieur Gilchrist Olympio. Quoiqu’il en soit, la grande majorité des militants se reconnaissent non pas dans un homme mais dans les idées défendues par le parti, ainsi que dans les règles du parti. Dans la réalité, il subsistait au sein du parti deux tendances : l’une suivant les règles du parti, l’autre un homme. Ce sont ces relations ambigües qui ont précipité le parti dans la crise.

A propos de négociation, il faut se souvenir que dans la passé l’UFC a déjà été à la table de négociation avec le RPT, mais en privilégiant la mise en place d’un véritable programme de travail connu de toute la population et qui engage les deux parties.

Mettre en œuvre une politique avantageuse pour la population, garantir la collégialité dans la prise de décision et dans la conduite de l’action gouvernementale, telles sont les conditions préalables pour réussir. Au Togo on connaît les résultats auxquels sont parvenus les précédents gouvernements dits d’ouverture. En tout état de cause, il ne peut pas y avoir de négociation s’il n’y a pas d’offre faite par pourvoir.

Conclusion et propositions issues de l’assemblée générale

1. Tout en veillant à ne pas creuser davantage le fossé de la crise, il faudra œuvrer sur deux fronts :
• Régler la crise et procéder à la refondation du parti avec des structures plus démocratiques et plus opérationnelles tant à l’intérieur qu’à l’extérieur au sein de la diaspora ;
• Continuer à défendre les intérêts du peuple, étant entendu que l’objectif final poursuivi, c’est le changement véritable ;

2. Le changement véritable passe par l’alternance au pouvoir car l’alternance favorise :
• d’une part la bonne gouvernance, condition sine qua non du développement ;
• d’autre part le respect des droits de l’homme. Toutes choses que ne permet pas l’instrumentalisation de l’armée et de la justice.

3. La stratégie des forces démocratiques qui consiste à mobiliser le peuple est la seule capable de surmonter les multiples obstacles dressés par le pouvoir sur le chemin de la démocratie et des droits de l’homme. C’est pourquoi, dans le contexte actuel, toute nouvelle stratégie suppose réflexion et surtout de nouveaux moyens pour sa réalisation.

4. Il faudra en outre se préparer à l’échéance du 23 novembre 2010, que s’est fixée le pouvoir le 23 mai 2010, pour livrer les résultats de son travail sur les réformes institutionnelles et constitutionnelles. L’opposition démocratique devra être vigilante et en capacité d’évaluer ces résultats au plan politique mais aussi au niveau éthique. Il s’agit en effet de sortir tout un pays de la crise interminable dans laquelle il se trouve depuis des décennies.

5. Les forces démocratiques doivent faire face à la violente répression qui s’exerce aujourd’hui contre la démocratie et les droits de l’homme en alertant l’opinion et la communauté internationale sur les graves atteintes aux droits humains que subissent les populations et les dirigeants des partis politiques de l’opposition. A cette fin, la diaspora est sollicitée pour la prise en charge de la communication au niveau international, en direction des pays amis, des médias, des organisations internationales et de la société civile.

6. Egalement, il faudra réfléchir à la stratégie à mettre en œuvre pour les prochaines échéances électorales. Dans le contexte actuel où les dirigeants de l’opposition démocratique sont empêchés de circuler librement à l’intérieur du pays, l’organisation de tout scrutin signifierait l’absence de l’opposition aux élections. Ce qui entraînerait le pays dans une situation encore plus désastreuse.

7. Les structures du parti à l’extérieur du Togo devront être revues en profondeur dans le sens d’un meilleur fonctionnement démocratique et d’une plus grande mobilisation des Togolais de la diaspora sur la base des idées, des valeurs et des principes éthiques partagés. Dans ce contexte, le projet d’une tournée d’explication des dirigeants du parti à l’intention de la diaspora est une des voies à explorer. La diaspora est invitée à tirer toutes les leçons du passé pour assurer au mieux sa participation à la construction d’un parti encore plus efficace pour la poursuite de la lutte du peuple togolais.

8. Concrètement, la diaspora est invitée à s’engager encore davantage dans ce combat à travers des actions d’appuis multiformes en matière de stratégies dans les domaines des idées, de l’information, de la communication, de la mobilisation ainsi qu’en matière d’appuis financiers et matériels.

L’objectif que nous fixe l’hymne nationale du Togo, lorsqu’elle parle du « Togo chéri, l’or de l’humanité », est à ce prix et toutes les ressources sont interpellées pour la réalisation de cet objectif qui reste d’actualité puisque depuis 1963, le pays vit dans le désarroi que tout le monde connaît.

Au terme de la séance, le bureau ainsi que les participants ont exprimé leur satisfaction et tenu à remercier vivement Monsieur Armerding et Monsieur Lawson pour leurs interventions très éclairantes et très constructives. Les participants s’engagent à poursuivre la réflexion afin de doter la section France d’une structure mieux organisée, plus démocratique et plus opérationnelle qui sera chargée de mettre en œuvre les propositions issues de cette assemblée générale et plus largement d’assurer la gestion du devenir du parti à l’extérieur du pays.

Les points de l’ordre du jour étant épuisés, le bureau remercie vivement les participants et lève la séance.

Fait à Part Octobre 2010
UFC-International
Section FRANCE