S’il subsistait encore quelque raisons de croire aux miracles, 2004 s’est majestueusement chargé d’en débarrasser les togolais. Les ambitions de réforme politique et de réelle ouverture démocratique apparaissent toujours comme autant d’horizons lointains dans l’imaginaire collectif d’une population dont on abuse de la patience. Le désenchantement dans les postures politiques est à la mesure des nombreux « faux rendez-vous » qu’on a fixé aux togolais depuis 1990.
C’est que le seuil de saturation est depuis longtemps dépassé et la redondance des formules incantatoires n’amuse plus personne. Et pourtant le vœu, bien légitime, des togolais de vivre des jours meilleurs est toujours aussi vivace. L’adversité, la pénurie de résultats sont malheureusement les principales ennemies de l’espoir. En 2004, à la même époque, les vœux de fin d’année avaient été couplés à l’indispensable exhortation patriotique à tonifier le combat pour la libération de ce pays. La lutte pour le changement au Togo, espérait-on, devait bifurquer de la torpeur pour retrouver les attributs de l’efficacité et de la cohérence. Aujourd’hui, avec le recul, le fossé qui sépare ces intentions de leur mise en œuvre est plus qu’abyssal.
Rien n’a changé…2004 n’a pas célébré le triomphe de la liberté sur la terreur au Togo, la gangrène, loin d’être extirpée, n’en finit pas d’étirer sa zone de contagion et les promesses d’ivrogne du pouvoir n’amusent plus personne. Que sont devenus les mots d’ordre mobilisateurs, les stratégies de ralliement et cette éthique de la responsabilité politique que les Togolais appréciaient tant ? La dictature dans sa partition habituelle ne cède pas un pouce de terrain et c’est là justement son rôle. Usant et abusant de la crédulité des partenaires internationaux Eyadéma et ses sbires peuvent multiplier à loisir serments et engagements. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient…ou ceux qui en profitent.
L’embellie ne viendra pas d’ailleurs comme semblent le supposer ceux qui se complaisent actuellement dans l’inaction et le silence. C’est au Togo et avec les Togolais que se jouera la phase finale de ce combat pour la liberté et la démocratie. Alors, au lieu de pousser une fois de plus la chansonnette de vœux qui ne se réalisent jamais, n’est-il pas plus sérieux d’inviter les apparatchiks de la lutte pour le changement à plus de tonicité et à plus d’initiative dans leur démarche.. En ce début d’année, comme à l’accoutumée, il est indispensable de partir de ces prémisses, ne serait-ce que pour se dire à soi-même, certaines vérités de base et envisager avec un minimum de sérénité l’étendue du chemin qui reste à parcourir. Qu’on ne s’y trompe pas : la lassitude actuelle du commun des togolais ne constitue en rien le symptôme d’un ralliement aux bêtises du régime actuel. De la misère généralisée à la répression systématique en passant par l’embrigadement des travailleurs pour des marches de soutien au pouvoir, les populations disposent d’un large faisceau de motifs de vouloir le changement. Ils ne connaissent que trop bien les vrais responsables du marasme dans lequel ils vivent.
Jusqu’à quand les abandonnera-t-on à leur triste sort quitte à les rameuter après-coup, sans préparation ? Jusqu’à quand fera-t-on semblant d’ignorer que le recours aux autres ne nous dispense pas de nos propres responsabilités ? Et surtout quelle sera la prochaine étape dans ce méli-mélo où s’enchevêtrent des causalités qui n’ont fondamentalement rien à voir avec les exigences du combat pour l’alternance au Togo ? Notre plus vif souhait pour les démocrates togolais est que ces interrogations trouvent en 2005 des réponses porteuses.
La rédaction letogolais.com
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