AfriSCOOP-05/02/2011-Lomé — Le retour annoncé du président national de l’Anc (Alliance nationale pour le changement), M. Fabre, a été la principale attraction du 5ème rendez-vous que le Frac (Front républicain pour l’alternance et le changement) a donné à ses sympathisants dans les rues de Lomé, depuis le début de cette année. Au cours du meeting qui a sanctionné cette énième mobilisation de l’Opposition, des dénonciations de la mauvaise gouvernance au Togo sont revenues dans la bouche de presque tous les orateurs.
Après plusieurs semaines d’absence physique, M. Fabre, candidat du Frac lors de la présidentielle du 04 mars 2010, a fait le point de son séjour européen à ses irréductibles. Sans manquer de critiquer au passage les dernières actions posées par l’exécutif togolais. « Aucune lutte ne commence sans prendre fin ; nous irons jusqu’au bout. La lutte populaire est invincible ; quand le peuple se soulève, il obtient toujours ce qu’il veut », a expliqué l’ex secrétaire général de l’Ufc. « Cela fait 06 ans que le président Eyadèma Gnassingbé est mort. A l’arrivée de son fils (Faure) au pouvoir, le budget d’achat de matériaux de l’Etat était environ 5 milliards de fcfa. Aujourd’hui, ce même budget est de 10 milliards sous Faure. Que de vols ! Comment peut-on gouverner en violant tous les jours le droit, la Constitution ? Le peuple n’est pas idiot. Comment peut-on détruire toutes les routes à la fois en arguant qu’on veut les rénover ? Il n’y a pas de logique dans les actes de nos gouvernants », a dénoncé celui que ses proches appellent « Jean-Pi ».
Sur un air nostalgique et acrimonieux, le même Fabre a rappelé : « Dans quel autre pays avez-vous vu saisir et brûler, après une présidentielle, les procès-verbaux d’un parti ? Et vous voulez que nous nous taisions ? Nous marcherons encore et encore pour dénoncer tout cela et le porter à la connaissance du monde entier (…) Le Rpt ne se préoccupe pas des souffrances du peuple togolais. Si nous ne nous levons pas pour crier notre exaspération, nous périrons. Le président Faure renouvelle chaque année des promesses qu’il ne tient jamais. Nous devons nous mobiliser davantage pour obtenir le changement dans ce pays ».
Comment perçoit-on la démarche du Frac à l’étranger ?
« Le but de ma tournée européenne était d’aller toucher du doigt la façon dont nos interlocuteurs de ce continent perçoivent les messages du Frac. Je me suis rendu à Genève, Bruxelles et en France. A chaque étape, on m’a confirmé qu’on est au parfum des récents évènements politiques au Togo. Je puis vous assurer que cette tournée a été positive à 100% ! L’Anc dispose aussi dorénavant d’un bureau pour sa fédération internationale. Antoine Bawa en est le président », a résumé le président de l’Anc. La figure de proue du Frac a poursuivi son compte-rendu en soulignant ensuite : « J’ai également rencontré Kofi Yamgnane qui a promis être de retour au Togo sous peu ».
Encore et toujours les inconduites au sommet de l’Etat
Absentes dans la démarche contestataire du Frac depuis plusieurs semaines, les femmes du « Grand marché de Lomé » sont revenues au devant de la scène de l’Opposition togolaise ce 05 février 2011, à travers la voix de Mme Delphine Yovo, leur représentante. « Nous, femmes du Grand marché de Lomé, nous soutenons toujours J.-P. Fabre. Nous terminerons ce que nous avons commencé, quel que soit le prix à payer », a-t-elle affirmé. Avant d’accuser : « Nos souffrances continuent au Togo ! Pas plus tard que la dernière fois, on nous a annoncé que le prix du ticket (taxe municipale) que nous payons à 2.250 fcfa/mois est ramené à 3.500 fcfa/mois, alors même que nous avons aussi à honorer le paiement du loyer. Nos affaires ne marchent plus ; nous ne pouvons pas payer ce ticket à ce prix. Nous devons changer le mode de gouvernance au Togo ; trop c’est trop. La lutte continue ».
Après la vie dans les marchés, le Frac a dénoncé d’autres manquements dans la gestion des affaires publiques, par l’entremise d’Alphonse Kpogo (secrétaire général de l’Addi, Alliance des démocrates pour le développement intégral). « On nous fait savoir en ce moment que Lomé est en chantier. Ce que les actuels gouvernants du Togo ne comprennent pas, c’est que ce ne sont pas les routes qui constituent le véritable mal togolais. Il y a beaucoup à faire. En Tunisie et en Egypte, il y a des routes plus attrayantes que celles qui sont en train d’être réhabilitées au Togo, mais le peuple s’est révolté. Nous voulons le changement, le vrai ».
En s’adressant au public présent au meeting de ce 05 février, Clifford Sanvee, représentant de l’association « Sursaut-Togo » a aussi embrayé sur la thématique « mauvaise gouvernance », en faisant savoir : « Lors de la dernière réunion du Frac, nous n’avons retenu qu’un seul grand sujet de discussion : ce pays est caractérisé par la mal gouvernance. Tous les jours, les Togolais doivent être en mesure de le dénoncer. (…) Tout récemment, il y a eu un accident d’engins lourds au niveau de Tabligbo (sud-Togo). Pas de forces de l’ordre, pas d’ambulance ! Les habitants de la localité se sont débrouillés tout seuls pour dégager la route encombrée suite à cet accident. Cela aussi, c’est de la mal gouvernance (…) J’aimerais vous dire que nous sommes aussi des Tunisiens ; nous sommes des Egyptiens ! Il faut que le mal sus-décrit cesse ; il faut que nous nous levions et disions non à tout cela » !
Fidèle à ses diatribes, Abi Tchessa, secrétaire général du Psr (Pacte socialiste pour le renouveau) ne s’est pas fait prier pour les ressasser. « J’aimerais répéter ce que j’ai l’habitude de dire. C’est par la mobilisation du peuple que nous allons obtenir le changement. Femmes, jeunes, étudiants, mobilisez-vous. C’est vous le pays. Laisser monter votre colère, laissez-vous indigner par ce qui se passe au Togo (…) Nous devons mobiliser tout le pays : Atakpamé, Mango, Kara etc. ». Me Tchessa a aussi procédé à une actualisation de son habituel discours en ces termes : « Nous ne sommes pas loin de l’Egypte, de la Tunisie. Qu’ont les habitants de ces pays de plus que nous ? Ils ont peut-être besoin de transitions ; nous, nous accéderons directement au pouvoir. Puisque nos gouvernants ont décidé de ne rien écouter, de ne pas réagir et ne veulent pas faire de concessions, nous allons nous mobiliser pour arriver à bout de ce régime » !
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