« Notre lucidité et notre vigilance de tous les instants doivent demeurer incandescentes, comme la braise » par Godwin Tété
Oui ! L’invitation en date du 04 septembre courant, du gouvernement togolais, à un énième fallacieux « dialogue » fourre-tout, n’est qu’une opération de pure communication, destinée principalement… à la « communauté internationale » ! Voilà pourquoi cette invitation suscite en moi la réaction suivante.
1. Au prime abord, nous nous devons de nous demander pourquoi une telle invitation, formulée sous une forme trompeusement si attrayante, tombe à ce moment précis ?! Il va de soi qu’en politique le hasard opère rarement pour ne pas dire n’opère jamais. De quasi évidence, cette invitation n’est rien d’autre que le fruit du combat décisif de l’ANC, du FRAC et du CST, imposé à l’oligarchie gnassingbéenne depuis le lendemain de la parodie électorale du 04 mars 2010 et qui atteignit son apogée le 22 août 2012. En effet, en cette mémorable date, mettant en application l’article 150 de notre Constitution du 14 octobre 1992 – véritablement plébiscitée par notre Peuple – le Collectif « Sauvons le Togo ! » proclame solennellement, au nom du Peuple togolais, « le départ pur et simple de Faure Gnassingbé dont la présence au sommet de l’État constitue une menace pour la paix civile, l’unité nationale et un frein à l’alternance démocratique » .
Et c’est sérieusement ébranlé, paniqué, que le gouvernement RPT/UNIR lance l’invitation ici en considération. Cela veut dire que la liberté ne s’octroie jamais, au grand jamais sur un plateau d’argent : la liberté se conquiert toujours comme résultat d’une lutte acharnée, farouche, épique ! C’est là une magistrale leçon que l’Histoire universelle nous a dispensée !!! En d’autres termes et en l’occurrence, seule la lutte paie !!!
2. Mais pourquoi donc le gouvernement RPTiste aux abois convoque-t-il la « communauté internationale » à la table de son « dialogue » ?! Et c’est ici que l’intention réelle et le but véritable poursuivi se révèlent au grand jour. Il s’agit de dire à cette « communauté » : « Vous voyez vous-mêmes ! Nous, nous sommes de bonne volonté ! C’est l’opposition qui ne veut pas jouer le jeu ! » En d’autres mots, il s’agit d’une opération de pure communication !!! Il nous faut dès lors y faire face comme cela se doit !!! Chez nous on dit : « Lorsqu’une personne fait semblant de mourir, il faut faire semblant de l’enterrer ».
J’entends souvent déclarer : « Toute crise se termine par le dialogue ». Peut-être. Mais, comme en Tunisie, en Égypte, au Yémen, etc. en 2011, après que les dictateurs invétérés aient été définitivement mis hors d’état de nuire !!! Le reste n’est que de l’hypocrisie ou la preuve d’une regrettable cécité politique…
3. Venons-en maintenant à l’essence primordiale même du « dialogue inclusif » d’obédience RPTo-UNIRiste. Pour élucider cette problématique, nous allons considérer les réalités ci-après.
a) Depuis qu’il a été inventé, ce « dialogue » s’est avéré être une bouillabaisse, une salade russe, un fourre-tout insipide. Les représentants authentiques du Peuple togolais s’y retrouvent, de manière prévisible d’ailleurs, étrangement minoritaires…, noyés dans un magma de suppôts déclarés (ou de fait) du RPT/UNIR. Que faire alors ?!
b) Au cours du « dialogue », lesdits représentants se voient roulés dans le beurre de karité, dans l’huile de palme, dans la farine de maïs, que sais-je encore ?! Et ce, par le truchement de l’arme bien rodée adoptée en la matière par le pouvoir en place : l’arme du dilatoire !!!
Oui ! Le dilatoire qui va durer jusqu’à la veille de l’élection ou des élections en perspective. Et voici les véritables représentants du Peuple enfermés dans une quadrature du cercle : participer ou ne pas participer à l’élection ou aux élections ?! Mais ils sont perdants dans tous les cas ! Ils sont perdants parce que c’est avec l’ordinateur (!) que les roitelets nègres postcoloniaux de nos jours truquent d’avance (!) les élections afin de s’éterniser aux rênes du pouvoir d’État !
c) Alors, le comi-tragique cercle vicieux : « élections falsifiées – contestation populaire – répression étatique sauvage – intervention de la communauté internationale – dialogue » se renouvelle, se perpétue, se décrédibilise sans fin !!! Voilà, succinctement, l’essence vraie du « dialogue inclusif » RPTo-UNIRiste.
4. Le moment semble donc venu de veiller scrupuleusement sur et d’adhérer strictement à notre propre détermination, à notre propre stratégie globale et à long terme, ainsi qu’à nos propres tactiques de l’heure ! Comme à la prunelle de nos propres yeux !!!
À cet égard, nous regarderons à mille fois près tous les « conseils », toutes les pilules lénifiantes que la fameuse « communauté internationale » nous prodiguerait. Nous en adopterons ceux qui cadreraient parfaitement avec nos propres décisions mûrement arrêtées ; nous déclinerons poliment ceux que nous jugerons non conformes aux intérêts de notre Peuple. « Abito ye abi vena ! » [« C’est la personne qui porte la plaie qui sent la douleur de la plaie ! »]. La « communauté internationale » examine toujours d’abord… ses intérêts avant d’en venir (éventuellement !) aux nôtres ! Raison pour laquelle, paraphrasant Benjamin Disraeli, Charles de Gaulle écrit : « Les États n’ont pas d’amis ; les États n’ont que des intérêts »
5. La question de la durée du mandat présidentiel ne devrait pas nous obnubiler outre mesure… En vérité, supposons que Faure Gnassignbé nous « promette » subitement… de ne plus briguer la magistrature suprême au-delà de 2015. Allons-nous courir, tête baissée, à la table du « dialogue inclusif » ?! Comme des veaux ?! Non !
En effet, le 23 juillet 1999, à Lomé, devant Jacques Chirac, son géniteur Gnassingbé Eyadéma déclara, à haute et intelligible voix, qu’il n’allait plus se présenter à la magistrature suprême en 2003. Il ajouta même que ce fut-là « sa parole de militaire ». Mieux, à l’occasion d’une réunion panafricaine tenue en Afrique du Sud en 2000, le tristement célèbre « timonier » togolais réitéra, à cor et à cri, cette « promesse ». Mais, en décembre 2002, Eyadéma modifia tranquillement notre Loi Fondamentale du 14 octobre 1992 pour se permettre de briguer un énième mandat s’agissant de l’élection présidentielle du 1er juin 2003 !!!
N’oublions pas que lors de sa propulsion – par les Forces Armées Togolaises (FAT) – au sommet de l’État le 05 février 2005, Faure Essozimna nous avisa (!!!) que son père lui a appris « qu’il ne faut jamais laisser tomber un pouvoir qui vous a été remis en main ».
6. En tout état de cause, nous avons franchi le Rubicon le 22 août 2012 ; alors faire machine arrière ne saurait nullement plus être de mise pour nous !!! Dès lors, Faure Gnassingbé doit partir !!! Mais il doit partir avec tout son système politique vomi par le Peuple togolais. Prenons garde qu’il ne parte en nous imposant quelqu’un(e) des siens qui pourrait continuer à empêcher l’avènement de l’alternance et du changement véritables sur la Terre de nos Aïeux. « Faure Gnassingbé and his government must go ! »
7. Enfin, face aux « affaires » Kpatcha Gnassingbé et Pascal Bodjona, mon esprit est effleuré par le sentiment que nous devrions adopter une attitude faite de tact, de doigté. Ainsi, à juste raison, nous avons, en toute connaissance de cause…, de propos délibéré, défendu le Droit et non la Force brute. Mais évitons de tirer trop… sur la ficelle de peur qu’elle se brise. Prenons garde afin de ne pas nous retrouver dans une situation où notre Peuple ne nous comprendrait plus… « À vouloir trop arranger le cou d’un nouveau-né, on peut finir par le casser ! ».
Pour moi, fondamentalement, ces « affaires », l’éviction de Zachary Nandja du commandement des FAT, l’arrestation d’Assani Tidjani, le limogeage de l’ex-ministre de la sécurité Dokissim Gnama Latta, etc., participent simplement des manigances politiciennes de Faure Gnassingbé pour se cramponner indéfiniment aux rênes du pouvoir d’État. Mais, à l’instar de boomerangs, toutes ces manœuvres machiavéliques sont en train de contribuer à effriter le régime gnassingbéen de l’intérieur ! Tant il est exact que « Ce qui circoncit le cheval se trouve dans le ventre du cheval ! »
Chers Co-combattants de la Liberté !
Chers Compagnons de Route !
Par notre Foi, notre Courage et nos Sacrifices, la Nation togolaise Renaîtra !
Paris, le 09 septembre 2012
Godwin Tété
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