« Le combat pour la démocratie n’est pas le combat des seuls opposants, mais celui de chaque Togolais »
L’avènement de 2004 m’offre l’occasion de présenter à vous tous, Togolaises et Togolais, mes chers compatriotes, au nom du Comité Directeur de l’UDS-TOGO, mes meilleurs vœux de bonne et heureuse année. Je voudrais avoir une pensée toute particulière pour toutes celles et tous ceux d’entre vous qui sont aujourd’hui dans le deuil, frappés par la perte d’un être cher ; je leur adresse toute ma compassion et leur présente mes condoléances les plus attristées. A ceux de nos compatriotes qui souffrent des handicaps et des douleurs de la maladie, j’adresse ma sympathie et souhaite une prompte guérison.
Après la signature de l’Accord Cadre de Lomé et l’engagement pris par Monsieur Eyadéma, devant le peuple togolais et la communauté internationale de ne pas toucher à une seule virgule de la Constitution, nous avions tous entretenu l’espoir que l’année 2003 sera enfin celle de la libération de notre pays du joug du totalitarisme, de la tyrannie et de l’injustice. Une fois de plus, la parole des autorités auto proclamées de notre pays n’aura été qu’une parole de dupe. L’UDS-TOGO, comprend et partage la déception, la colère et la profonde tristesse causées en vous par le nième coup de force perpétré le 1er juin par le régime de Monsieur Eyadéma.
Les frustrations que nous ressentons tous sont d’autant plus compréhensibles que les autorités de fait qui s’imposent au peuple togolais par la dissuasion, ont montré depuis de nombreuses années, leur incapacité à gouverner le pays, à définir et à mettre en œuvre une véritable politique de développement répondant aux préoccupations quotidiennes des Togolaises et des Togolais.
Les tenants du régime totalitaire ne cachent plus leur volonté de ramener le Togo à un système politique d’un autre âge, un système qui a fait la preuve de sa perversité dans tous les domaines de la vie nationale et qui a fini par s’embourber dans ses propres contradictions et conduit le pays à l’impasse économique et sociale.
Le drame que vit aujourd’hui notre pays nous interpelle tous. Certains de nos propres comportements antipatriotiques et antidémocratiques encouragent et confortent la dictature et lui donnent une certaine légitimité. J’en appelle aux magistrats, aux Avocats, aux hauts cadres et aux grands intellectuels de notre pays qui se disent partisans de la démocratie et de l’Etat de droit mais qui, dans leur vie professionnelle de tous les jours, commettent ou cautionnent des pratiques illégales, des pratiques qui bafouent la dignité du citoyen. Ils sont parfois les instigateurs de ces pratiques. Ils reconnaissent en privé l’illégalité d’un décret ou l’anticonstitutionnalité d’une loi, mais, les appliquent ou les font appliquer avec zèle sans poser le moindre acte de dénonciation ou de résistance.
Par cupidité, certains de nos compatriotes ferment les yeux sur trop de choses ou se prostituent et se compromettent dans des actes et des attitudes qui entravent la marche du pays vers le développement et le progrès. Le combat pour la démocratie est un combat pour la survie du Togo en tant que nation unie et solidaire autour d’un destin commun. Ce combat n’est pas celui des seuls opposants, mais le combat de chaque Togolais ; chacun de nous doit d’abord commencer à livrer ce combat contre lui-même pour se débarrasser des comportements et des mentalités que lui ont inculqués près de quarante ans de monolithisme et de dictature.
Chacun de nous se doit de mener ce combat quel que soit l’endroit où il se trouve et quelle que soit la place qu’il occupe dans la société, pour la justice, la liberté, la dignité, la démocratie et l’Etat de droit. Dénoncer un acte empreint d’injustice et d’illégalité est déjà une preuve de courage qui fera avancer le pays dans le bon sens.
Chaque Togolais se doit de dire « non » lorsque des actes mettent en danger le devenir même de la patrie. Je profite de l’occasion pour adresser mes félicitations à tous les médias qui luttent au quotidien pour la liberté, la justice et la dignité et qui refusent la compromission. Le chemin pour parvenir à la victoire est peut-être encore long ; il faudra s’armer de courage pour continuer à résister aux intimidations et aux tentations du gain facile.
A vous tous, mes chers compatriotes, civils, militaires, gendarmes et policiers, populations de nos villes et de nos villages, personnes âgées, retraités, jeunes, femmes, étudiants, je souhaite une bonne et heureuse année 2004 et vous invite à poursuivre avec les forces démocratiques, le combat de libération de notre cher pays du joug de la dictature et de l’injustice..
Vive le Togo
Antoine FOLLY (UDS-TOGO)
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