CARITAS-15/02/2010 – En attendant l’issue des élections au Togo le 4 mars prochain et les violences qui accompagnent généralement ce scrutin, Caritas se prépare à accueillir un nombre important de réfugiés togolais au Bénin.
Selon les analyses de différents observateurs de la vie politique togolaise, il est probable que cette année encore, des violences éclateront en raison du scrutin. Le Bénin devra alors faire face à un afflux massif de réfugiés en provenance du Togo.
« Les autres années, nous accueillions environ 30.000 réfugiés en provenance du sud du Togo », explique Philippe Yaovi Ahouanye, responsable des situations d’urgence chez Caritas Bénin. « Cette année, les rivalités au sein de la famille Eyadéma risquent d’étendre les violences au nord du Togo. Gnassingbé Eyadéma a été président togolais pendant 38 ans jusqu’en 2005. Un de ses fils, l’actuel président, lui a succédé, mais ses autres enfants aspirent également à la présidence du pays. Nous prévoyons donc de devoir loger jusqu’à 75.000 réfugiés», ajoute-t-il.
Caritas prépare une éventuelle mobilisation rapide pour venir en aide aux personnes déplacées. Il s’agira notamment de distribuer des vivres, d’organiser le transport vers les camps de réfugiés, de loger les déplacés et d’offrir des soins de santé aux blessés et aux malades. Quand le calme sera revenu au Togo, il faudra également prendre en charge le retour des réfugiés prêts à rentrer chez eux.
«Les réfugiés partent avec le strict minimum pour pouvoir s’en aller au plus vite. Quand ils arrivent chez nous, ils n’ont déjà plus rien. Certains d’entre eux sont logés chez des proches résidant au Bénin. Mais les revenus de ces familles d’accueil ne suffisent pas en général pour les accueillir, donc ce n’est pas non plus une solution à long terme », dit M. Yaovi Ahouanye.
Selon le scénario le plus probable d’une étude réalisée par Caritas Bénin, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) et d’autres ONG sur place, des violences massives éclateront au lendemain du scrutin. Le Rassemblement du peuple togolais (RPT), actuellement au pouvoir, ou les deux principaux partis d’opposition, l’Union des forces de changement (UFC) et le Comité d’action pour le renouveau (CAR), contesteront alors de manière violente le résultat des élections.
Depuis 1991, toutes les élections togolaises ont été accompagnées de violences ce qui a forcé une partie de la population locale à se réfugier au Bénin. Ainsi, 300.000 Togolais avaient été accueillis au Bénin en 1993.
En 2005, ils étaient 30.000 à traverser la frontière pour fuir les violences. Seul 5000 d’entre eux sont repartis chez eux après quelques semaines. Les autres, installés dans des camps de réfugiés ou logés dans des familles d’accueil, sont restés plus longtemps. 3.500 personnes n’ont toujours pas quitté les camps de réfugiés.
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