Le groupe des six a donc fini par se mettre d’accord sur un nom. Ce candidat est issu de l’UFC. Dès le 26 février, la CDPA-BT avait vivement recommandé cette candidature unique, et souhaité que ce candidat soit issu de l’UFC. Notre parti se félicite de cet accord et de ce choix. Quels que soient le cadre structurel et les conditions de la prise de cette décision, c’est un progrès réel par rapport à 1998 et 2003. Cet accord et ce choix vont indubitablement donner une petite chance à l’opposition dans la compétition électorale en vue.
Que pour des raisons inavouables la CDPA-BT ne soit pas associée à ces décisions importantes n’a vraiment aucune importance. Ce qui a toujours été plus important et qui le reste plus que jamais, c’est l’unité d’action des partis d’opposition : accepter sans calcul d’être ensemble et de mettre les forces en commun afin de pouvoir mettre un terme au régime de dictature. Une réelle unité d’action au-delà de toutes considérations personnelles ou partisanes.
Aujourd’hui, après la mort d’Eyadema et à l’occasion de ces présidentielles intérimaires, il faut que tous ceux qui veulent le changement politique se lèvent dans un sursaut national, comme un seul homme, pour barrer la route aux inadmissibles prétentions de ceux qui veulent maintenir et prolonger le régime de dictature. Pour la CDPA-BT, c’est la seule manière de relever le défi lancé par Faure et ceux qui le soutiennent. Peu importe donc le nom, ou le visage, ou le parti autour duquel s’organise ce sursaut populaire.
Cependant, le fait d’avoir un candidat unique n’assure en aucune façon une victoire automatique de l’opposition à ces présidentielles intérimaires. Car, à la veille de la mort de Eyadema, tous les problèmes relatifs à l’organisation d’élections propres étaient encore sans solution.
Ainsi, la question importante du cadre électoral était en suspens. Il en est de même du problème du code électorai. Les média publics continuent d’être confisqués par le régime et son parti. La HAAC a, de tout temps, démontré qu’elle est et reste un instrument au service de la dictature. Il en est de même de la Cour constitutionnelle, dont les récentes prises de position ont indigné toutes les consciences. La date des élections fixée au 24 avril est totalement irrationnelle dans ce contexte politique particulier où aucun des problèmes liés à l’organisation d’élections transparentes et équitables n’était résolus.
Cette situation est en faveur du régime et de son parti. Il n’est donc pas possible de faire des élections propres dans ces conditions. L’enjeu des présidentielles intérimaires est trop important pour qu’on se permette encore de faire n’importe quoi, comme à l’occasion des présidentielles précédentes, sous le fallacieux prétexte qu’il n’existe nulle part dans le monde des élections parfaites.
Par ailleurs, les responsables du groupe des 6 partis, qui s’estiment être désormais l’opposition à eux seuls, portent une lourde responsabilité. Il leur revient de tout faire pour que toute cette masse de Togolais qui aspirent au changement politique n’aille pas, une fois de plus, inutilement aux élections. Il pourrait en résulter des conséquences graves pour l’opposition et pour le processus de démocratisation dans le pays.
Les responsables de ce groupe des 6 doivent comprendre que Bob Akitani n’est pas le candidat de l’UFC, mais le candidat de toute l’opposition face au RPT. L’UFC doit comprendre que Bob Akitani n’est pas choisi pour brandir l’étendard de son parti mais pour rassembler sur son nom les voix de tous ceux qui veulent le changement politique. Il faut en finir avec les incohérences de la politique dominante d’opposition pour pouvoir avancer
Dans tous les cas, il vaut mieux que la population le sache : le choix d’un candidat unique n’assure pas à l’opposition une victoire automatique, si les élections sont faites dans ces conditions si favorables au régime et à son parti. Il faut qu’elle le sache pour pouvoir bien mesurer les risques que comporte cette situation pour le processus de démocratisation. C’est en ayant une claire conscience de la gravité de la situation que la population pourra trouver la force nécessaire pour se mobiliser en vue de barrer la route au candidat du régime par un « non » massif.
Fait à Lomé, le 22 Mars 2005
Pour la CDPA-BT
Le Premier Secrétaire
Prof. Emmanuel GU-KONU
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