Les difficultés de la démocratisation au Togo tiennent non à la désunion de l’opposition, mais à l’existence en son sein d’une cinquième colonne du RPT.
En effet, Jacques FOCCART dans ses mémoires ( Foccart parle page 404, tome2) nous fournit des éléments d’explication. Cet homme dont chacun sait les méfaits en Afrique et la manière dont il a contribué à escamoter les indépendances africaines, dit d’Edouard Edem KODJO les choses suivantes : » quand Georges POMPIDOU devient président de la République, Etienne EYADEMA est à la tête de l’Etat depuis un peu plus de deux ans…Il assied son pouvoir…Il vient de créer son propre parti, dont il a confié l’organisation à un intellectuel, le futur secrétaire général de l’OUA, Edouard KODJO- qu’il nommera Premier ministre en 1994… »
L’appréciation que porte FOCCART sur l’une des périodes de la transition démocratique est la suivante : » EYADEMA mène le jeu politique, mais il a eu besoin de KODJO, qui a mis à contribution ses relations internationales pour faciliter le rétablissement de l’aide de la France et des autres pays européens, bloquée depuis 1993. C’est ainsi que le Togo a renoué avec le FMI et a obtenu l’annulation des deux tiers de sa dette publique extérieure. En dépit des tensions, il y a donc eu, entre les deux hommes, une collaboration réelle… »
Tel apparaît donc Edouard Edem KODJO, aux yeux d’un homme rompu aux arcanes de la politique africaine, à savoir un atout majeur pour le dictateur de Lomé, nouveau démocrate, mais à contrecœur.
Edem KODJO est aux mains d’Etienne Gnassingbé EYADEMA, l’instrument dont il se sert pour donner un semblant de respectabilité démocratique et de bonne gestion des affaires publiques. Les critères de bonne gouvernance et de démocratie qui régissent les rapports du Togo avec ses partenaires au développement ( Union européenne, Banque mondiale, FMI ) obligent le dictateur à rechercher des alliances au sein de la classe politique togolaise qui puissent le rendre fréquentable, et en faire un « démocrate « .
Incontestablement, Edouard Edem KODJO fait partie d’un scénario envisagé dès 1989 par EYADEMA pour se maintenir au pouvoir » ad vitam aeternam « .
Cependant, c’est en 1994 que Gnassingbé EYADEMA réalise ce scénario en nommant Edem KODJO Premier ministre, alors que la majorité aux élections législatives avait été obtenue par le Comité d’Action pour le Renouveau(CAR) de Yaovi AGBOYIBO.
Bien avant que se tienne le scrutin de 1994, La Lettre du Continent(n°210 du 17 mars 1994), s’interrogeait avec justesse sur » l’alliance EYADEMA/KODJO « . Du reste, cette publication confidentielle et très bien informée avait signalé tout au long de l’année 1993 et 1994, le jeu trouble et le positionnement ambigu d’Edem KODJO dans l’échiquier politique togolais.
Les contradictions de ces derniers jours n’enlèvent rien à l’affaire. Au contraire, elles révèlent à tous les Togolais la nature véritable de cet ancien serviteur d’EYADEMA, qui est de servir de béquille providentielle à une dictature violente, en voie d’extinction.
La rédaction letogolais.com
Article publié le 16/06/2002
LIRE EGALEMENT:
[Edem Kodjo, le « courage » de la compromission!->https://www.letogolais.com/article.html?nid=1274]
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