16/04/2024

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« Le Balai citoyen du Togo » se réfère à la détermination de Tavio Amorin

Ce jeudi 20 novembre 2014, nous commémorons le 56e anniversaire de la naissance de Tavio Ayawo Tobias AMORIN, le jeudi 20 novembre 1958, date à partir de laquelle il fit son fulgurant parcours de 34 ans de vie sur cette planète terre. Mais aujourd’hui, nous commémorons malheureusement également le 10e anniversaire du massacre de 300 citoyens innocents togolais lâchement assassinés au Palais présidentiel de Lomé II, le 20 novembre 2004. On y avait alors fait converger, de tout le pays, des foules immenses pour une marche de soutien à Etienne EYADEMA-GNASSINGBE qui n’était qu’un montage orchestré pour le « féliciter » d’avoir obtenu une fallacieuse reprise de la coopération avec l’Union européenne.

Et, ce fut délibérément qu’on organisa une nième bousculade qui fut un guet-apens tendu pour les faire mourir, par centaines, lors de ce qui n’était en réalité qu’un ignoble et macabre rituel sacrificiel humain satanique par lequel Etienne EYADEMA-GNASSINGBE rêvait de rallonger sa longévité au pouvoir. Cela, alors qu’il se savait condamné par la maladie, étant parvenu à la phase terminale du cancer de la prostate qui le rongeait depuis de longues années.

Cette évocation nous amène donc à rappeler que l’assassinat de Tavio AMORIN, le 23 juillet 1992, survint à l’époque dans le contexte du débat qui venait de s’ouvrir sur le nouveau projet de Constitution, débat qui, aujourd’hui, rebondit à nouveau 22 ans après, sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles. C’est donc le lieu de revenir sur l’assassinat de Tavio, qui n’était que le premier d’une série de coups de force à venir contre la Constitution togolaise qu’il convient de rappeler ainsi :

1) 23 juillet 1992, 1er coup de force contre la Constitution togolaise avec l’assassinat de Tavio AMORIN :

Alors que le Haut conseil de la République (HCR) venait d’achever l’élaboration du nouveau projet de Constitution dont la Conférence nationale de juillet – août 1991 lui avait confié le soin, Tavio AMORIN, président de la Commission des lois et de la Commission spéciale chargée, par le Parlement transitoire qu’était le HCR, de l’étude et de la présentation de ce nouveau projet de Constitution, venait, avec Me ZOTCHI du CAR, de le présenter aux citoyens sur Radio Lomé.

EYADEMA ne pouvait alors plus se présenter aux échéances électorales à venir pour trois raisons :

a) Ayant accepté les décisions de la Conférence nationale, EYADEMA acceptait de fait, automatiquement, sa décision interdisant aux dirigeants des organes de transition d’être candidat aux échéances électorales à venir.

b) Comme le rappela Tavio AMORIN au cours de sa dernière émission sur Radio Lomé, le 22 juillet 1992, EYADEMA ne pouvait pas être autorisé à être candidat parce qu’il avait une position de commandement à la tête de l’armée togolaise, à l’instar d’autres fonctions de direction au sein de l’administration togolaise pouvant permettre à leurs occupants d’influencer le vote de certains citoyens.

c) La Conférence nationale ayant décidé de commencer les échéances électorales à organiser au terme de la transition par les élections locales, qui n’ont jamais eu lieu depuis lors, il n’avait aucune chance de se maintenir au pouvoir si le calendrier électoral décidé (élections locales, suivies des législatives, et enfin de la présidentielle) était respecté, le RPT, l’ancien parti unique ne pouvant que perdre les deux premières consultations programmées.

Le coup de force contre le nouveau projet de Constitution que fut l’assassinat de Tavio AMORIN permit donc à EYADEMA de bouleverser la donne, lors des négociations de la dite « Commission mixte paritaire » où la trahison de la mémoire de Tavio par les responsables politiques de l’opposition lui permit d’obtenir que soient annulées toutes les mesures l’empêchant d’être candidat. Ce ne fut qu’après avoir obtenu les garanties donnant à la Constitution un caractère personnel, que son parti, le RPT, appela, avec la presque totalité des partis de l’opposition, à voter « Pour » le projet de Constitution qui, au Référendum du 27 septembre 1992, fut adopté à plus de 97 % des suffrages exprimés. Mais, comme on allait le constater par la suite, il allait bafouer cette Constitution en faisait sauter plus tard sa clause limitant les mandats.

2°) 30/31 décembre 2002 : 2e coup de force avec la contre-réforme constitutionnelle d’EYADEMA-NATCHABA :

Préparé par la mascarade de législatives qui eut lieu en 2001 et par laquelle le régime RPT poussa délibérément l’opposition togolaise au boycott, dans l’intention de faire main basse sur la totalité des sièges du parlement qui redevint une Assemblée monocolore RPT, EYADEMA, avec la complicité du président de l’Assemblée d’alors, Ouattara Fambaré NATCHABA, perpétra un nouveau coup de force en révisant unilatéralement la Constitution adoptée par référendum par le peuple togolais en 1992.

La principale modification, introduite par le tripatouillage qui fut alors opéré, fit sauter le verrou de l’article 59 de la Constitution qui limitait à deux le nombre de mandats présidentiels, soit un mandat de 5 ans renouvelable une seule fois. Le nouvel article 59, en supprimant la limitation du nombre de mandats présidentiels, permettait ainsi à EYADEMA de se représenter indéfiniment en restant au pouvoir à vie, comme on le verra par la suite. Il fit donc sauter l’impossibilité que lui imposait alors l’ancien texte constitutionnel de briguer un nouveau mandat à l’élection présidentielle de l’année suivante.

3°) 2014 : un nouveau coup de force pour que Faure Essozimna GNASSINGBE soit candidat en 2015 ?

Alors que Faure Essozimna GNASSINGBE ne devrait plus pouvoir briguer un nouveau mandat présidentiel en 2015, si la règle de la limitation des mandats de la Constitution originelle de 1992 s’appliquait, force est de constater que :

a) tout comme son père l’avait naguère fait en 2011, il a délibérément organisé un coup de force électoral avec la mascarade de législatives du 25 juillet 2013 pour faire main basse sur 62 sièges des 91 de l’Assemblée. S’il ne laissa que 26 sièges aux partis de l’opposition, c’est pour se prémunir de tout projet de réforme constitutionnelle qui permettrait de revenir aux dispositions de la Constitution de 1992, tout particulièrement celle limitant les mandats présidentiels.

b) En octobre dernier, il a fait rejeter par son propre groupe parlementaire, un projet de loi de révision constitutionnelle pourtant élaboré par son propre gouvernement, au motif qu’il n’y aurait pas eu d’accord sur sa candidature à l’élection présidentielle de 2015. C’est-à-dire un accord entre le régime RPT/UNIR et l’opposition parlementaire qui aurait continué à faire sauter le verrou de la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels de 5 ans renouvelable une seule fois.

Toute la crise politique qui se développe actuellement depuis plusieurs mois au Togo ne continue donc qu’à tourner autour de cette sempiternelle question de la limitation des mandats présidentiels qui est au cœur de l’aspiration au changement démocratique du peuple togolais qui se bat ouvertement pour la démocratie depuis bientôt 25 ans.
Or cette question est réglée par la Constitution de 1992 qui, si elle s’appliquait, permettrait une transition pacifique et des élections apaisées dont le régime dictatorial UNIR/RPT du même clan familial des EYADEMA-GNASSINGBE, qui ne cherche qu’à se maintenir à vie au pouvoir, n’a jamais voulu, et ne voudra jamais. C’est pourquoi il préfère la politique systématique de recours à la violence comme on n’a cessé de le voir lors des crises électorales, tout particulièrement lors du génocide de 2005.

Les leçons du Burkina Faso

C’est dans cette situation que le soulèvement populaire du peuple burkinabè est venu bouleverser tout l’échafaudage savamment monté par Faure Essozimna GNASSINGBE pour se maintenir en place.
En effet, au Burkina Faso, c’est la même volonté de perpétrer le même type de coup de force constitutionnel de l’année 2002 au Togo contre la limitation du nombre de mandats présidentiels qui a mis le feu aux poudres et conduit à l’explosion révolutionnaire des 30 et 31 octobre 2014 qui a chassé du pouvoir le dictateur assassin Blaise COMPAORE.

De ce soulèvement, on peut tirer les leçons suivantes :

— Rien ne peut arrêter un peuple déterminé et mobilisé parce qu’il devient et demeure invincible.
— La détermination du peuple burkinabè a fait reculer Blaise COMPAORE et ses institutions (parlement, gouvernement, etc.) les contraignant au retrait de leur projet inique, à la démission et à la fuite, son armée qui, après s’être accaparé du pouvoir ayant été contraint à le lâcher sous la pression de la révolution populaire.
— La victoire a été possible grâce à une organisation méticuleuse des populations à travers leur sensibilisation, mobilisation et la création d’organes appropriés de lutte tels que le Collectif anti référendum (CAR) et le Balai citoyen (CIBAL).

S’inspirant de cette riche et exaltante expérience, des citoyens togolais de divers horizons se sont concertés et ont décidé :

1°) D’exprimer concrètement leur solidarité avec la révolution du peuple burkinabè en créant un mouvement citoyen que nous dénommons « Le Balai citoyen du Togo (CIBAL-TOGO) », sur le modèle du Balai citoyen (CIBAL) du Burkina Faso. Reprendre ce nom est l’expression symbolique de notre volonté de balayer, de nettoyer la maison Togo. Nous appelons dès lors chaque citoyen togolais à se procurer son balai pour nettoyer le Togo lors des campagnes et les luttes à venir !

2°) D’engager, au nom de CIBAL-Togo, une campagne de signature d’une « Pétition pour l’adoption de la proposition de loi portant rétablissement intégral, avec effet immédiat, de la Constitution adoptée par référendum par le peuple togolais, le 27 septembre 1992 ». Nous demandons au peuple togolais d’y souscrire massivement.

3°) De se battre pour collecter, dans un délai d’un mois à 40 jours, 500 000 à plus d’un million de signatures de citoyens togolais sur cette pétition pour que, conformément à l’article 4 de la Constitution togolaise qui reconnaît que « La souveraineté appartient au peuple », soit exigée, de l’Assemblée nationale, l’adoption de cette proposition de loi.

4°) D’’appeler les populations togolaises à constituer dans les villes, villages, hameaux, quartiers, rues et pays de diaspora, des comités qui se réuniront pour discuter et décider de l’élargissement de cette campagne de signatures à tout le peuple togolais pour lui permettre d’imposer sa souveraineté qui passe par le retour immédiat à la Constitution de 1992.

5°) De demander à être reçu à l’Assemblée nationale, à une date à déterminer ultérieurement mais au plus tard fin décembre 2014, pour lui porter les pétitions signées et exiger d’elle de voter la proposition de loi qui lui est soumise conformément au vœu des 500 000 à plus de un million de citoyens togolais qui en seront les signataires.

6°) De placer Tavio Ayawo Tobias AMORIN, assassiné parce qu’il défendait le projet de Constitution de 1992, au devant de notre lutte citoyenne en l’élevant au rang de « Balai citoyen suprême (CIBAL suprême) » de la même manière que Le CIBAL du Burkina l’a fait en mettant, au devant de leur lutte, son ami Thomas SANKARA et en lui conférant ce titre de « CIBAL suprême ».

Nous lançons cet appel au peuple togolais de nos villes et campagnes, des pays de diaspora et surtout aux jeunes : travailleurs, fonctionnaires, paysans, étudiants, collégiens, zémidjans, etc. :
Signez, faites signer massivement la « Pétition pour le rétablissement intégral, avec effet immédiat, de la Constitution togolaise massivement adoptée par référendum le 27 septembre 1992 » !

Lomé, le 20 novembre 2014,
Sur la tombe de Tavio Ayawo Tobias AMORIN, au Cimetière de la Plage, Lomé.