29/03/2024

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Le général Robert Gueï

Le général Robert Gueï, 61 ans, retrouvé mort jeudi et accusé par le gouvernement ivoirien d’être derrière les « troubles » qui se déroulent en Côte d’Ivoire depuis jeudi matin, avait été à la tête de la junte au pouvoir de décembre 1999 à octobre 2000.

La vie toute entière de Robert Gueï, qui avait fait pendant les mois de transition militaire, ses premières armes en politique, a été bercée par l’institution militaire.

Né en 1941 dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, il devient enfant de troupe et fréquente les écoles préparatoires militaires de Ouagadougou et Saint Louis du Sénégal.

En 1963, il entre à Saint Cyr puis fait l’Ecole de guerre, à Paris.

Il gravit les échelons de l’armée ivoirienne et en 1990 – au grade de colonel – il est nommé chef d’état-major par le président Félix Houphouët-Boigny, sa référence absolue en matière de politique.

Petit, râblé, il a du « Père de la nation » la voix nasillarde et parfois à peine audible.

« Le vieux » est très malade, et le général de division Gueï – il reçoit ses deux étoiles en juillet 1991 – ne se prive pas de rappeler qu’il aurait pu alors s’emparer du pouvoir, s’il avait eu « un tempérament de putschiste ».

A la mort du « vieux » en 1993, il arbitre la querelle entre le Premier ministre Alassane Ouattara et le « dauphin constitutionnel » Henri Konan Bédié, en faveur de ce dernier.

Deux ans plus tard, Bédié le limoge à la veille de l’élection présidentielle, lorsque le général exige un ordre écrit pour déployer l’armée dans les rues livrées aux manifestants, ce qui lui vaudra une large popularité.

Il est alors envoyé dans un « placard doré » au ministère du Service civique puis de la Jeunesse et des sports.

En 1996, il est accusé de tentative de putsch. Radié de l’armée, il se retire dans sa région d’origine à l’ouest de la Côte d’Ivoire. C’est là que le trouve, occupé à « préparer le réveillon », la mutinerie du 22 décembre 1999.

Appelé par les « jeunes gens » qui réclament le versement de primes, il dit avoir tenté de raisonner le président Bédié.

Le 24 décembre au petit matin, c’est un général Gueï en treillis, béret bleu vissé sur la tête, qui annonce à la télévision le renversement du président Bédié.

Accueilli dans la liesse populaire, il sera rapidement suspecté de vouloir rester dans le fauteuil présidentiel. De fait, le politique percera sous le militaire, jusqu’à l’annonce officielle de sa candidature début août 2000.

Les ambitions du général créeront alors des tensions, notamment la relance de l’affrontement avec M. Ouattara, qui ébranleront jusqu’au sommet de la junte.

Estimant avoir remporté les élections présidentielles en octobre 2000, contre son principal rival, l’actuel président Laurent Gbagbo, celui qui avait été surnommé le « père Noël en treillis » avait tenté de conserver le pouvoir par la force, mais avait été finalement chassé par la rue.

Politiquement allié au Front populaire ivoirien de M. Gbagbo, le général Gueï a vivement critiqué le régime actuel la semaine dernière et dénoncé cette alliance.

Il a été retrouvé mort jeudi à Abidjan. Son décès est « sûr à 100% et recoupé par trois sources. je crois qu’il a été tué lors d’affrontements », a indiqué le ministre ivoirien de la Défense, M. Lida Kouassi.

Selon le ministre, son corps a été retrouvé dans une rue près d’un des grands hôpitaux d’Abidjan.

ABIDJAN, 19 sept (AFP)