Le Gouvernement vient de décider le déblocage de 600 millions de francs CFA pour l’entretien des rues de la ville de Lomé selon le quotidien gouvernemental Togo Presse. Devant l’ampleur du désastre, il est clair que les 600 millions ne représentent qu’une goutte d’eau.
Et pourtant ce n’est pas l’argent pour entretenir nos routes et nos rues qui manque. Il existe un Fonds d’Entretien Routier (FER). Ce que bien des Togolais ignorent, c’est que ce Fonds est alimenté directement par le contribuable. En effet chaque fois que le Togolais achète un litre d’essence ou de gas oil, il paie 35fcfa qui sont inclus dans le prix du litre de carburant pour l’entretien des routes.
S’agissant d’un fonds, ce prélèvement doit échapper au principe de non affectation des recettes budgétaires. En clair, les 35fcfa que le Togolais paie par litre d’essence doivent servir uniquement à l’entretien des routes et pas à autre chose.
Depuis sa création en 1998, à la demande de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International pour pallier la mauvaise gestion du fonds de péréquation et de stabilisation du prix des produits pétroliers, le Fonds d’Entretien Routier a généré à fin décembre 2003, plus de 32 milliards de francs cfa.
Pour l’année 2003, les recettes au titre du FER ont été de plus de 7 milliards. De janvier 2004 à septembre 2004, les recettes sont de plus de 6 milliards.
Manifestement tout cet argent n’a pas été investi dans l’entretien des rues, routes et pistes si nous voyons leur état aussi bien à Lomé qu’à l’intérieur du pays.
Chaque année, des entreprises réalisent des travaux de « points à temps » (c’est-à-dire elles bouchent les trous) et de renforcement des bordures de quelques routes. Mais la plus part du temps, ces travaux de réparation ne résistent pas aux premières pluies ou restent inachevés.
Aussi la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA) exige une gestion transparente du Fonds d’Entretien Routier par ces temps durs. A cet effet, elle suggère ce qui suit :
1. Que les recettes réalisées au titre du Fonds d’Entretien Routier soient publiées chaque année.
2. Que les sommes collectées servent principalement à financer les travaux de réparation et d’entretien de nos routes et pistes rurales ou urbaines.
3. Que le programme détaillé annuel de gestion des infrastructures routières soit publié. Ce programme doit préciser les localités dans lesquelles les travaux seront entrepris ainsi que les routes et pistes retenues.
4. Que la liste des entreprises attributaires (qui ont été retenues) soit publiée avec les marchés qu’elles ont enlevés.
5. Que le coût de chaque marché soit rendu public
La CDPA estime que, ce faisant, les divers acteurs, gouvernement et entreprises, feront preuve de plus de rigueur dans la gestion du Fonds d’Entretien Routier.
Fait à Lomé, le 5 novembre 2004.
Le Secrétaire Général
Léopold M. GNININVI
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