19/04/2024

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L’UFC, le CAR, et la CDPA absents plutôt que…faire-valoir !

Le gouvernement du dictateur Eyadéma inaugure aujourd’hui un nouvel épisode des parodies de négociations avec le soutien de ses ronds-de-cuir habituel. L’impréparation de ces assises, l’obstination du pouvoir à vouloir mener les choses à sa guise et surtout une propension largement démontrée à la stratégie du passage en force ne laissent aucun doute sur l’issue de cette rencontre. En l’absence des trois grandes formations politiques de l’opposition (l’UFC, le CAR et la CDPA), la dictature a battu le rappel de ses figurants dans l’unique but d’abuser un arbitrage international pourtant très vigilant en l’occurrence. Confirmation d’un autisme suranné….

Par Franck Ekon.

« Les absents ont toujours tort », peut-on lire aujourd’hui à la une du site officiel du gouvernement togolais republicoftogo.com, à quelques heures de l’ouverture de ce qui est pompeusement présenté comme le « dialogue entre les togolais eux-même ». En fait depuis le 14 avril dernier, date de la signature des 22 engagements du pouvoir togolais devant l’Union européenne, le propagandisme ne tarit pas d’inspiration pour parer la démarche gouvernementale de ses plus beaux atours. C’est donc dans la parfaite cohérence d’un « job » de louangeurs que les animateurs de ce site peuvent se permettre d’écrire que « l’optimisme est de mise pour un forum que les autorités souhaitent serein et constructif », avant de fustiger l’arme du boycott utilisé comme « un vieux classique » par une opposition craignant de perdre son âme… Griotisme et inclination à la manipulation des faits faisant bon ménage, la société civile, les ONG et quelques autres ventilateurs de la classe politique togolaise sont aussitôt brandis comme autant de cautions à une rencontre qui aura certainement l’unique mérite d’assouvir les instincts jubilatoires du dictateur.

« NOUS N’IRONS PAS A CE DIALOGUE-LA ! »

Les « absents » en question, ce sont l’Union des forces de changement (UFC), le Comité d’action pour le renouveau (CAR) et la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) qui ont refusé d’aller orner la galerie de marionnettes à cette rencontre avec le camp présidentiel. Dans des correspondances adressées au chef du gouvernement togolais, les trois partis de l’opposition ont clairement marqué leur étonnement devant le comportement des autorités à leur égard, tout en expliquant les motifs pour lesquels ils n’enverraient pas de représentants à la rencontre de ce 27 mai. Relevant le « mystère qui entoure les modalités d’organisation du dialogue national » le CAR de Me Agboyibo s’est dit opposé à une participation à « un départ vicié » des négociations. « Nous ne serons pas présents à l’ouverture du dialogue national », a répondu l’UFC de Gilchrist Olympio au Premier ministre togolais dans une correspondance en date du 24 mai dernier en rappelant que l’embastillement récent de ses 11 militants et le refus de restituer à M. Olympio son passeport confisqué constituent autant de raisons qui remettent en cause les engagements souscrits. La CDPA, de son côté a expliqué que le défaut d’une rigoureuse définition des préalables au dialogue (ordre du jour, cadre du dialogue, garanties, lieu et date) est préjudiciable à sa crédibilité. Aucun de ces partis majeurs ne prendra part à la mascarade organisée par le pouvoir et on serait bien mal venu de s’en étonner…

PASSAGE EN FORCE ET SOURDE OREILLE….

Depuis le 14 avril dernier, en dépit de nombreux avertissements provenant des principaux états-majors de l’opposition, le gouvernement du général Eyadéma a implacablement poursuivi son cheminement autiste, multipliant des déclarations auto-glorificatrices sans réelle volonté d’appliquer la moindre virgule de ses propres engagements. Des correspondances ont été envoyées au gouvernement attirant son attention sur les risques d’en arriver à la situation qui prévaut aujourd’hui, rien n’y fit. La commission Européenne a également fait savoir aux autorités togolaises que la mise en route des engagements prenait « un peu trop de temps ! A preuve, deux mois se sont écoulés depuis l’ouverture des consultations à Bruxelles avant que le gouvernement ne se réveille de sa torpeur volontaire pour « convoquer » la classe politique à un soi-disant dialogue ! Il y a certainement des absences qui sont, de loin préférables à une présence « folklorique et figurative »….C’est ce qu’ont dû se dire les responsables de l’opposition qui ont choisi de ne pas entrer dans ce jeu sordide.

Entre-temps, la grille des programmes de la télévision fait toujours la part belle aux bandits de la pire espèce qui viennent débiter leur répertoire d’insultes sur les opposants ; les étudiants expérimentent les joies de la matraque policière et de l’emprisonnement pour avoir juste demandé le paiement de leurs allocations et les militants de l’UFC se font toujours aussi promptement jeter en prison au terme de procès staliniens. « Après avoir procédé à une étude au cas par cas, nous nous sommes rendu compte qu’il n’y a pas de détenus politiques dans nos maisons d’arrêts », déclare pourtant Katari Foli-Bazi, le Ministre de la justice, certainement nominé pour les oscars de la mythomanie…

Quant au fameux projet de révision du code de la presse, les journalistes de la presse indépendante ont vite compris l’entourloupe : après les slogans révolutionnaires de Pitang Tchalla, les habitudes liberticides reprendront leurs droits et gare aux têtus ! « la liberté de presse est une réalité palpable au Togo », prend plaisir à déclarer le ministre de la communication dans un contexte généralisé de répression de la parole.

Ainsi, sans avoir discuté avec les principaux concernés, de l’ordre du jour des négociations, des critères de représentativité ou encore de la sécurité de certains participants dont les têtes sont mises à prix, le gouvernement ouvre aujourd’hui un dialogue avec sa pépinière d’opposants taillés sur mesure en espérant que l’Union européenne donnera dans le panneau et rouvrira son robinet sans se poser de questions.

A l’hôtel du 2 février (le lieu du dialogue), on pourra bien se targuer d’avoir rameuté les tristes sires de l’opposition constructive » et les mandarins de l’ « opposition viable ». Mais cela résoudra-t-il pour autant les problèmes de fond ?

La rédaction letogolais.com