A l’orée de cette nouvelle année, le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT) voudrait présenter au peuple togolais en général, et aux victimes de violations restées impunies en particulier, ses vœux les meilleurs, de justice, de paix et de réconciliation.
A tous ses partenaires qui l’accompagnent, il leur souhaite heureuse année et pleins succès.
Pour le CACIT, au cours de l’année 2010, de timides avancées ont été enregistrées au Togo notamment, dans le processus de réformes administratives, judicaires et institutionnelles. Par ailleurs, l’élection présidentielle du 4 mars 2010 s’était déroulée dans un climat généralement qualifié de paisible, malgré quelques entraves.
Le CACIT salue le démarrage effectif des activités de la Commission Vérité-Justice-Réconciliation (CVJR) et garde l’espoir que ses travaux permettront de tourner une page sombre de l’impunité au Togo.
Cependant, le CACIT a relevé des dérives particulièrement graves en matière du respect des droits de l’Homme avant, pendant et après l’élection présidentielle du 04 mars 2010 :
– les contestations des résultats de l’élection présidentielle par le Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (FRAC),
– ont été marquées par une répression violente et systématique,
– l’arrestation et la détention arbitraire et abusive de plusieurs personnes. Même la société civile et les organisations de défense des droits de l’Homme n’ont pas été épargnées par la répression. Ainsi la manifestation pacifique des militants des droits de l’Homme, organisée le 30 Octobre 2010, a été violemment dispersée sous les coups de matraque et de gaz lacrymogène.
Par ailleurs, des tentatives de musèlement de la presse ont été constatées de la part du pouvoir avec notamment le dépôt de plaintes en cascade contre les journalistes, les menaces et intimidations contre les medias et les journalistes.
Le CACIT continue de regretter les propos négationnistes, relatifs aux centaines de morts constatés avant, pendant et après l’élection présidentielle de 2005, tenus par le président de l’Assemblée nationale, Abbas Bonfoh et s’insurge contre le fait qu’à ce jour, il ait opposé un silence de mépris aux protestations véhémentes des organisations de défense des droits de l’Homme qui ont exigé sa démission, ni fait preuve d’un minimum d’égard à l’endroit du peuple togolais en présentant des excuses publiques.
Et pourtant, le 10 octobre 2010, dans une émission débat sur la Chaine du Future (LCF), Pascal Akoussoulèlou Bodjona, ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales, laissait entendre que le président de l’Assemblée nationale trouverait une occasion pour présenter des excuses au peuple.
Pour le CACIT, cette situation est révélatrice du sentiment d’impunité qui anime certains responsables du pays.
Le CACIT se réjouit d’avoir pu, durant l’année 2010 et, conformément à sa mission, jouer un rôle actif dans les actions de sensibilisation et le monitoring pour une élection présidentielle apaisée, avec le respect des droits de l’Homme comme leitmotiv en 2010 au Togo.
Le CACIT a également accompagné le travail de la CVJR, en accompagnant un certain nombre de victimes pour leur déposition, et en participant à la réflexion sur la pertinence du travail de cette commission en organisant des tables rondes qui ont permis d’établir clairement le lien entre le travail de la CVJR et les plaintes déposées en justice.
Pour le CACIT, 2010 a été l’année de la célébration de la toute première édition de la journée nationale de lutte contre l’impunité et la corruption qui a vu la participation des différentes couches de la population.
Le CACIT constate, avec amertume, que dès le premier jour de l’année 2011, les populations de Témédja ont subi une répression brutale menée par des éléments des forces de l’ordre et que les responsables de ces actes odieux n’ont nullement été inquiétés à ce jour. Le CACIT exprime sa solidarité avec ces nouvelles victimes de l’impunité et réaffirme sa volonté à œuvrer à leurs côtés pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire et que justice soit faite.
Le CACIT espère que 2011 sera l’année où les plaintes déposées auprès des tribunaux de Lomé, Atakpamé et Amlamé par des victimes des violences et violations de droits de l’Homme de 2005, seront finalement instruites.
Il entend :
– continuer à accompagner la CVJR pour un aboutissement heureux de sa mission,
– renforcer les actions de plaidoyer et de lobbying pour que les dépositions recueillies par la CVJR soient confiées à la justice,
– œuvrer pour que réparation soit faite aux victimes, que justice soit rendue et les coupables punis,
– participer à la mobilisation des médias et les OSC de défense des droits de l’Homme en vue de créer une synergie de lutte contre l’impunité et la corruption au Togo,
– constituer, ensemble avec les autres OSC, une force de pression efficace sur l’action du gouvernement en matière de respect de l’Etat de droit,
– attirer davantage l’attention des organisations internationales, et, surtout, du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, sur la nécessité d’accentuer l’accompagnement du Togo, en général, et des organisations de la société civile, en particulier, dans un processus pour la consolidation de l’Etat de droit au Togo.
C’est à ce prix que la notion de droit, la culture citoyenne et surtout la lutte contre l’impunité et la corruption, ainsi que la culture du porter plainte, pourront valablement être ancrés dans le quotidien de la population.
C’est le lieu, pour le CACIT, de saluer la confiance que lui ont faite, au cours de l’année 2010, différents partenaires, dont Amnesty International (France, Grande-Bretagne et Suède), Pain Pour le Monde Allemagne (PPLM), le Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH), Freedom House (USA) et bien d’autres.
Bonne année 2011 !
Le Président,
Me Zeus Ata Messan AJAVON
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