29/03/2024

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Togo: 16 ans d’impunité pour l’assassinat de Tavio AMORIN

Non à 16 ans d’impunité pour l’assassinat de Tavio Ayawo AMORIN :
Boycott des Consultations nationales du processus « Vérité – Justice – Réconciliation »!

Il y a 16 ans, le 23 juillet 1992, vers 21 heures, Tavio Ayawo AMORIN, Premier secrétaire du Parti socialiste panafricain (PSP) ; membre fondateur du Mouvement patriotique du 5 octobre (MO5) ; Secrétaire général du COD II ; membre du Haut conseil de la République (HCR) dont il était le président de la Commission politique et des droits de l’Homme ainsi que de la Commission constitutionnelle spéciale ; Secrétaire général du COD II, était victime d’un attentat, mitraillé à bout portant par des individus qui ont vidé sur lui le chargeur d’un pistolet mitrailleur, dans une rue du quartier de Tokoin Gbonvié, à Lomé.

Evacué d’urgence sur l’Hôpital St Antoine de Paris, le 25 juillet 1992, vu la gravité de son état, Tavio AMORIN devait malheureusement y rendre l’âme, à 33 ans, au lendemain de son arrivée, le 26 juillet 1992. Mais son décès ne sera annoncé que le 29 juillet 1992 par les dirigeants du COD II qui ont l’ont tenu secret pour pouvoir conclure avec le pouvoir RPT du commanditaire de son assassinat, Etienne GNASSINGBE Eyadéma, les accords de la « Commission mixte paritaire ».

Depuis 16 ans, la plainte régulièrement déposée par la famille AMORIN auprès des tribunaux togolais est restée sans suite jusqu’à ce jour alors qu’une carte professionnelle au nom de Karewé Kossi, gardien de la paix en service à l’Ecole de Police en qualité de moniteur de sport a été retrouvée sur les lieux du crime et qu’une enquête a permis d’établir par la suite que d’autres membres du commando envoyé pour abattre Tavio AMORIN dont l’agent Boukpessi Pangalou, étaient présents sur les lieux.

Le Parti des travailleurs tient à faire constater à nouveau que la tradition d’impunité qui couvre les 16 ans d’odieux assassinat de Tavio AMORIN s’est banalisée au Togo depuis que, il y a 45 ans, feu Etienne GNASSINGBE Eyadéma s’est glorifié, le 13 janvier 1963, d’avoir assassiné Sylvanus OLYMPIO, le père de l’indépendance et premier Président démocratiquement élu du Togo.
C’est dans cette situation que, trois ans après les massacres de plus de 1 000 citoyens innocents commis au cours de l’année 2005 par les forces dites de l’ordre et les milices du RPT, le peuple togolais est submergé par une campagne tonitruante, fort coûteuse et envahissante l’appelant à participer à un processus « Vérité – Justice – Réconciliation ».

De quoi s’agit-il en réalité ?

Une machination politique: Cette indécente campagne initiée par le pouvoir assassin RPT entreprend de racoler des congrégations religieuses au mépris de la laïcité de l’Etat garantie par la Constitution togolaise, des ONGs, des organisations de défense des droits de l’Homme dont les responsables semblent avoir désormais fait le choix de trahir les intérêts des victimes du clan des Gnassingbé, des organisations et institutions internationales établies dont le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations Unies (HCDH) qui semblent avoir fait le choix de faire campagne pour le maintien éternel du clan des Gnassingbé au pouvoir. Elle se déchaîne au moment même où le peuple togolais, confronté aux affres de la vie chère, de la misère, de la famine, des maladies et de la ruine, est l’objet d’un déni systématique de la jouissance de ses droits démocratiques les plus élémentaires au premier rang desquels le droit de manifestation pacifique. Pourtant, dans presque tous les pays du monde entier, les populations laborieuses n’ont cessé de manifester ces derniers mois contre l’augmentation générale des prix des produits de première nécessité et du coût de la vie qui a suivi la hausse faramineuse du prix des produits pétroliers.
Conduite tambour battant au nom du « Pardon », cette inacceptable campagne, qui fait preuve d’un cynisme sans pareil, demande aux victimes ou à leurs familles ainsi qu’au peuple togolais tout entier de « pardonner » à leurs assassins, agresseurs ainsi qu’à leurs commanditaires qui, eux, n’ont pas fait montre du moindre regret pour les abominables crimes qu’ils ont commis tout au long de l’année 2005 et depuis 1963 ainsi qu’après les 12 dialogues et négociations qui se sont succédé au Togo.
N’est-il alors pas légitime de se demander : Qui doit demander pardon à qui et pourquoi ?

Cette campagne parle de «Vérité» ?

Mais où sera donc la vérité dans cette campagne lorsque les menaces et intimidations continuent à s’exercer contre ceux qui osent la dire comme ce qui s’est arrivé tout dernièrement encore à Nadim Michel KALIFE que de sombres individus, se réclamant de la Garde présidentielle au service de Rock GNASSINGBE, ont été menacer à son domicile après une émission de télévision lors de laquelle il n’a fait que dire la vérité ?

Cette campagne parle de « Justice » ?

Mais où est donc la justice dans ce processus en cours lorsqu’on interdit à la Justice de faire son travail alors que nombre de familles de victimes dont celles de l’année 2005 et des années auparavant comme celle de Tavio Ayawo AMORIN, pour ne citer que celles-là, ont déposé des plaintes en bonne et due forme devant les juridictions togolaises qui les ont laissées sans suite jusqu’à ce jour ?
Où est la justice lorsque les assassins et criminels ordinaires, voleurs de coqs, de poules, et autres biens matériels sont quotidiennement arrêtés, emprisonnés, jugés et lourdement condamnés parfois à des peines de réclusion criminelle à perpétuité devant les Cours d’Assises ou les juridictions ordinaires de notre pays ?
Voudrait-on institutionnaliser une justice à double vitesse au Togo : une première justice qui serait dure et sévère pour les simples citoyens, criminels de droit commun et une autre « justice » qui serait clémente voire inexistante pour les grands criminels au sommet de l’Etat et de ses institutions qui auraient, eux, le droit de massacrer, violer, torturer, blesser, voler, handicaper à vie en toute impunité des milliers de pauvres citoyens innocents ?
Voudrait-on ainsi institutionnaliser l’inégalité des citoyens au mépris du principe élémentaire d’égalité de tous les citoyens devant la loi régissant tout Etat de droit se réclamant de l’adhésion à la Déclaration universelle des droits de l’Homme ?

Cette campagne parle de « Réconciliation » ?

Mais comment peut-on demander à des victimes de se « réconcilier » avec leurs bourreaux alors que ces derniers pavanent en toute liberté au Togo où ils continuent à narguer le peuple contre lequel tout indique qu’ils affûtent d’ores et déjà leurs armes, aiguisent leurs coupe-coupes et couteaux, préparent leurs gourdins cloutés pour reprendre du service lors de l’élection présidentielle de 2010 pour rééditer voire aggraver les mêmes assassinats, viols, passages à tabac et autres exactions.

Lorsqu’on parle de « réconciliation » en citant à l’appui l’exemple de l’Afrique du Sud où le processus « Vérité – Justice – Réconciliation » a été initié ainsi que d’autres pays comme le Maroc où il a fait école, ne doit-on pas constater que les pogroms qui ont fait plus de 700 morts parmi les ressortissants africains qui ont émigré dans ce pays, surtout après l’ouverture la crise post-électorale au Zimbabwé, sanctionnent l’échec cuisant de ce processus qu’on tente de généraliser au reste de l’Afrique ?
Ces tragiques événements n’apportent-ils pas la preuve que le processus « Vérité – Justice – Réconciliation » n’a servi qu’à consacrer l’impunité des crimes abominables commis pendant plusieurs décennies contre le peuple noir majoritaire par les racistes blancs minoritaires et à préserver les privilèges de ces derniers au détriment des intérêts de la majorité noire qui continue à croupir dans une inacceptable misère qui la réduit à l’état de sous-hommes et d’étrangers dans son propre pays ?

Pour sa part, le Parti des travailleurs se félicite de ce que le peuple togolais, qui n’est pas dupe, rejette d’ores et déjà ce processus qu’il boude parce qu’il nourrit à son endroit la plus grande méfiance, le plus grand doute au moment même où ses conditions quotidiennes d’existence lui apportent la preuve tangible que le régime RPT n’a pas changé et ne changera jamais !
Ce que tente de faire le RPT, c’est d’amadouer le peuple togolais pour le berner afin de l’entraîner à participer à l’élection présidentielle de 2010 pour laquelle il se prépare, sans nul doute, à rééditer le déchaînement de la même violence assassine contre les innocentes populations.

Pour le Parti des travailleurs, les commanditaires et exécutants des abominables massacres des innocentes populations qui n’ont cessé de se succéder au Togo depuis le lâche assassinat de Sylvanus OLYMPIO, le 13 janvier 1963, doivent pleinement assumer les conséquences de leurs crimes comme tous les autres citoyens criminels en subissant les rigueurs de la loi qui, dans un Etat démocratique, doit être la même pour tout le monde.

C’est pour toutes ces raisons qu’en cette occasion solennelle de la commémoration de l’assassinat de Tavio Ayawo AMORIN, resté impuni depuis 16 ans, le Parti des travailleurs appelle le peuple togolais à boycotter la mascarade de consultations nationales en cours en n’y participant pas car son unique objectif est de consacrer l’impunité au Togo !

« Non, à l’impunité ! » : arrestation, jugement et châtiment de tous les auteurs et commanditaires de l’assassinat de Tavio AMORIN ainsi que de toutes les victimes du pouvoir du clan des GNASSINGBE.

Lomé, le 22 juillet 2008
Pour le Parti des travailleurs
Le Secrétaire chargé de la coordination
Claude AMEGANVI