Dans un entretien accordé au bimensuel « Tribune d’Afrique » du 16 septembre 2010, le président de l’Assemblée nationale togolaise affirme qu’il n y a pas eu de morts lors des répressions des élections présidentielles 2005, à la suite du décès du dictateur Eyadéma et du mélodrame électoral imposant son fils Faure Gnassingbé au pouvoir. «Irresponsable », « ridicule », les mots n’ont pas manqué pour qualifier les propos négationnistes de monsieur Abass Bonfoh, au cours de la conférence de presse des associations de défense et de promotion des droits de l’homme du mardi 21 septembre 2010.
Le négationnisme du «Président de l’ Assemblée Nationale »
On se souvient qu’Abass Bonfoh n’était pas le dauphin constitutionnel à la mort du dictateur Eyadéma. Le tonitruant et versatile président du parlement de l’époque Fambaré Natchaba a été écarté du fauteuil par un coup d’Etat constitutionnel alors qu’il était en voyage à l’étranger et ensuite retenu au Bénin. Abass Bonfoh, moniteur d’éducation physique et simple député, a été promu président par intérim pour assurer la transition conduisant aux élections d’avril 2005. La suite, on la connaît…811 morts selon la Ligue togolaise des droits de l’homme (LTDH), plus de 400 victimes selon [les enquêtes menées par les Nations unies->https://www.letogolais.com/pdf/Rapport_ONU_Togo.pdf], la Commission Koffigoh mise en place par le régime lui-même a décompté plus de 100 personnes tuées…Et c’est pour mettre fin à ces violences cycliques à répétition lors des périodes électorales au Togo que le régime a été contraint de signer un Accord politique avec les partis de l’opposition togolaise et que les Nations unies ont demandé au pouvoir togolais d’accepter l’accréditation du Haut Commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme (HCDH).
« Président de la république » par intérim à l’époque des faits en 2005, président par défaut bien sûr, Abass Bonfoh affirme aujourd’hui n’avoir vu aucun mort ni aucunes fosses communes. Ces propos traduisent une irresponsabilité notoire de la part de ce professeur de sport bombardé député que les Togolais ont découvert un matin de mars 2005.
Abass Bonfoh en porte-à-faux avec Faure Gnassingbé !
Abass Bonfoh est, ainsi que le ministre Titikpina de la sécurité et Pascal Bodjona de l’administration territoriale, l’un de ceux qui n’ont jamais voulu de la Commission Vérité Justice et Réconciliation. Aujourd’hui avec la phase des dépositions des victimes et des ayants-droits des victimes de ces violences, la panique a gagné les rangs de ceux qui ont conduit cette transition chaotique. Le « président de l’Assemblée » ne vient-il pas de jeter ce pavé dans la mare afin de faire douter les Togolais de l’efficacité et de l’efficience de la CVJR et de les dissuader de témoigner?
En niant les massacres et les morts de 2005 et en remettant en cause les rapports des différentes commissions nationales et internationales qui condamnaient ces violations des droits de l’homme, Abass Bonfoh est en porte-à-faux avec Faure Gnassingbé qui avait proclamé en 2007 à Atakpamé « Plus jamais ça ! »
Plus grave, ce négationnisme du « Président de l’Assemblée nationale » est une offense à la mémoire des nombreuses victimes des violences de 2005 et jette un discrédit sur la volonté réelle de Faure Gnassingbé de rétablir la vérité et de rendre justice aux victimes de ces malheureux événements.
Tchangai Walla membre de la Commission…une provocation !
La présence de madame Tchangai Walla au sein de la Commission est en soi une provocation ; elle était Présidente de la Commission électorale (CENI) qui avait organisé et proclamé [des résultats fantaisistes->https://www.letogolais.com/article.html?nid=2092] qui ont conduit aux violences de 2005. Elle serait la taupe principale des radicaux du RPT qui ne voulaient pas de la Commission-vérité-Justice et réconciliation (CVJR) et qui ont juré de faire capoter ses travaux. Décriée à sa nomination par plusieurs partis politiques et ONG des droits humains, elle a eu le soutien du président de la CVJR qui a toujours affirmé qu’aucun Togolais, victime ou coupable présumé, ne doit rester en marge de ce processus. La composition de cette commission démontre aujourd’hui qu’il y a de nombreuses fuites qui ne peuvent provenir que de son bureau. Et c’est cela que veulent les fossoyeurs de la Commission. Ils ont réussi, car même avant les travaux proprement dits, plusieurs Togolais étaient sceptiques et ne croyaient pas que la CVJR arriverait à se transcender pour rendre justice aux victimes.
La rédaction letogolais.com
[TELECHARGER LE RAPPORT DE L’ONU->https://www.letogolais.com/pdf/Rapport_ONU_Togo.pdf]
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