29/03/2024

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Togo: Bilan de la grève générale du 2 juillet 2010

La grève générale du vendredi 2 juillet 2010 a été massivement suivie à Lomé et dans le pays. Les travailleurs togolais ont respecté le mot d’ordre initialement convenu par les acteurs sociaux malgré la volte-face des responsables des centrales syndicales. Lomé était privée de transport, les marchés et les commerces fermés : l’économie était au ralenti. Pourtant le pouvoir a usé de subterfuges pour briser ce mouvement social : manipulation des responsables syndicaux, intimidation des fonctionnaires, arrestations de jeunes, etc.… Face à cette détermination, les centrales syndicales se remettent en cause et prévoient des congrès extraordinaires, l’opposition monte au créneau pour accentuer la contestation. Mais, malgré tout cela, le gouvernement RPT-AGO reste sourd.

Le revirement de l’Intersyndicale

En trahissant les engagements de la plateforme signée le 28 juin avec l’Association togolaise des consommateurs, les représentants de l’Intersyndicale se sont désolidarisés de leur base. La décision de suspension du mot d’ordre de grève est très mal perçue par certains syndicalistes. Ayawo Gnadjou, le président de la Fédération des Travailleurs de Bois de Construction (FTBC) se dit consterné par ce revirement inattendu. Il indique que lors de l’assemblée générale du mardi 29 juin dernier «il avait formellement été demandé à la CSTT de soutenir la décision de l’ISTT d’aller à la grève si la décision (la hausse des prix des produits pétroliers) n’est pas rapportée avant d’aller en négociation ».

ATC en avant-poste

Mais les responsables syndicaux se sont très vite jetés à l’eau dès que le gouvernement leur a proposé la réactivation du Conseil national de dialogue social pour canaliser les contestations de la rue. « C’est là que les syndicats se sont faits prendre au piège…Les responsables syndicaux ne représentent plus la base »», nous confirme Agouta Alladjou, responsable de l’Association Togolaise des consommateurs (ATC). Cette situation a crée des dissensions au sein des centrales syndicales; les règlements de compte ne vont pas manquer pour démettre leurs porte-paroles. L’ATC qui a appelé au maintien de la grève vendredi dernier, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Les responsables de cette association demandent d’ores et déjà aux togolais de rester vigilants et «d’être prêts à défendre leurs droits ». Il faut maintenir la pression pour dire « non au coût de la vie trop élevée au Togo, non à la précarité, non à la pauvreté et non aux disparités sociales ». Au Togo, avec moins d’un dollar (1$) par jour, plus de 60% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

L’économie au ralenti

Lomé en sommeil, le trafic routier inexistant, les marchés et les commerces fermés, les administrations à moitié vides, toutes les activités étaient au ralenti. Au marché d’Adawlato (Assiganmé), régnait un calme inhabituel, alors que d’ordinaire, le vendredi est un jour d’activité intense pour les revendeurs qui voient leur chiffre d’affaire grimper grâce aux clients venant de contrées lointaines et de pays voisins pour s’approvisionner. Même les boulangers n’ont pas travaillé. « A cette allure, le gouvernement va certainement diminuer les prix » dit une des rares revendeuses dépitée par l’incompréhension du pouvoir. L’augmentation du prix des produits pétroliers a irréfutablement pénalisé le pays; les prix des produits de première nécessité vont flamber.

Arrestations arbitraires des jeunes

A Bè, un quartier réputé hostile à la mouvance politique au pouvoir, des forces de l’ordre ont dispersé à coups de grenades lacrymogènes des regroupements de jeunes. L’un d’eux, Aimé Apédo a été arbitrairement interpellé très tôt ce vendredi à son domicile, sous prétexte d’avoir perpétré des actes de vandalisme. Des allégations que Agbéyomé Kodjo, le président de OBUTS a rejetées. Il confirme que ce jeune homme conduit par les forces de l’ordre vers une destination inconnue, fait partie d’une équipe de cinq jeunes qu’il a recrutés pour renforcer son service de sécurité.

L’opposition ne désarme pas

La situation conforte les revendications des responsables politiques de l’opposition qui dénoncent depuis le 4 mars 2010 l’illégitimité de Faure Gnassingbé et la forfaiture de sa coalition avec Gilchrist Olympio. Agbéyomé Kodjo, ancien premier ministre, croit fermement qu’il serait souhaitable que cette grève s’intensifie pour faire payer la note au gouvernement RPT-AGO. Au FRAC, on préfère faire appel à la conjonction des mouvements sociaux et politiques. Jean-Pierre Fabre a lancé un appel aux acteurs concernés leur demandant de joindre au FRAC afin de mener des actions concertées et bien organisées pour faire fléchir le gouvernement RPT-AGO. Patrick Lawson, vice-président de l’UFC, indique que la situation ressemble bien à un pays assis sur une mine qui pourrait exploser à tout moment. Le pouvoir RPT-AGO est pris en étau.

Des arrestations arbitraires se poursuivent dans le pays, le risque est la radicalisation des jeunes. Les prochains jours s’annoncent tourmentés au Togo. Est-ce l’objectif caché du pouvoir RPT-AGO?

Par la rédaction letogolais.com