Les détenteurs actuels du pouvoir au Togo font peser par trop de légèreté et de cynisme de sérieuses incertitudes sur l’existence de 5 millions de nos concitoyens dont le quotidien se réduit chaque jour un peu plus en une douloureuse peau de chagrin. Oui notre pays continue d’être mis à la dérive par les héritiers du dictateur défunt, comme si le lot de misère accrue et l’état de délabrement avancé du pays ne suffisaient pas à leur inspirer le bon sens et la modération.
En effet, les intrigues et les cachotteries de palais qui rythment la vie politique depuis la prise de pouvoir cavalière de Faure Gnassingbé viennent de mettre à jour, avec les escalades de pâques, une lutte fratricide gravissime et une guéguerre de caniveau au sommet de l’appareil d’Etat. Lomé, nous le savons tous maintenant, a été de nouveau dans la nuit du dimanche 12 Avril, le honteux théâtre de bruits de bottes, d’escarmouches et d’affrontements armés entre miliciens privés et des éléments de l’armée régulière. Les Togolais, qui ne savent pas à quelle sauce nos princes veulent de nouveau les manger s’inquiètent vivement, à cette approche de l’échéance capitale de 2010, et se posent des questions.
Ces graves déchirements entre les deux frères, qui se battent autour d’un pouvoir qui n’appartient ni à l’un ni à l’autre préfigurent des scénarios catastrophes qui risquent à coup sûr d’aggraver l’état de déliquescence des institutions politiques actuelles, lesquelles, faut-il le rappeler, sont loin de répondre à un minimum d’exigence démocratique, moins encore aux légitimes attentes des populations.
Aucun patriote ne peut donc rester indifférent face à ce déferlement de haine consanguine, même si les protagonistes pour une raison qu’ils sont seuls à connaître choisissent de ne pas informer le peuple comme il se doit et de se terrer dans un mutisme éloquent ou de recourir à la langue de bois, propre à leur milieu de vie. Nous ne pouvons nous taire pour la simple raison qu’au moins un officiel a évoqué dans cette affaire l’atteinte à la surêté de l’Etat et que les déploiements logistiques et les armements utilisés sont payés par les contribuables togolais. Cette affaire est nôtre, parce que les intentions qui la mènent ne sont ni nobles ni productives, mais présagent de lourdes hypothèques sur l’avenir du pays déjà en grande détresse.
Quels que puissent être les raisons, les trames et les enjeux de ces agitations autour du pouvoir, l’urgence du moment consiste enfin pour notre pays à s’engager résolument dans la voie d’une démocratisation authentique et crédible. La préoccupation première restant l’organisation d’élections démocratiques propres et équitables pour donner à double titre espoir aux Togolais, et au monde la preuve que nous sommes ouverts à l’alternance politique et au progrès. Notre pays ne peut se permettre un retour dans les abîmes de l’obscurantisme, des pronunciamientos, et des révolutions de palais d’un autre temps.
Le MO5 estime qu’il convient, en l’occurence de dénoncer fermement et en règle une certaine culture de l’appropriation des attributs de l’Etat, du pouvoir politique et des privilèges qui y sont liés, par une famille ou un clan, fût-ce celle ou celui d’un dictateur défunt dont la pratique perverse du pouvoir a conduit notre pays au bord de l’éclatement. À y voir de près, notre pays souffre d’une métastase plus pernicieuse que le cancer, un mal dont s’affublent, ubuesques, ces monsieurs qui de la manière la plus stupéfiante qui soit, entendent eux aussi revendiquer culture universelle et modernité. Ils sont pourtant habités par une mentalité primitive, méprisant totalement leur congénères, ainsi que l’esprit du droit et du patrimoine public. De là la question grave qui revient à l’esprit est celle de savoir si Faure et Kpatcha sont des citoyens togolais comme vous et moi ou s’ils sont des hors-la-loi ou d’impitoyables négriers qui n’ont cure de la souffrance d’un peuple déja dépouillé et mis à genoux?
Papamadisme, papamadonnerie, voilà les gangrènes, et il semble désespérant de faire comprendre la chose simple suivante : Nous sommes tous Togolais, égaux en droits et en devoirs. Notre pays est un bien commun. Nous avons droit autant que nous sommes d`y vivre libres et d’oeuvrer solidairement à la construction d’un bien-être partagé. Le fils du charpentier Agbémaplé et Faure et Kpatcha et tous les autres. Le Togo est notre patrimoine commun. Tous ensemble pour tous !
Nous n’aurons de cesse au MO5 de le rappeler à l’attention de tout le monde, même au risque que nos appels résonnent comme une voix égarée dans le désert.
Le MO5 en appelle aux protagonistes.
Princes héritiers Faure, Kpatcha et les autres, changez vos voies avant que la nuit ne tombe définitivement. Ayez, Messieurs les princes un peu d’égard pour ce pays qui a tant souffert et auquel vous devez tout…Ayez à coeur de faire oublier ou à défaut pardonner les rancoeurs accumulées durant plus de quarante ans d’un règne brutal et désastreux pour la terre de nos ancêtres.
Faure et Kpatcha ceignez-vous de vertu et faites-vous gardiens de vos frères et soeurs togolais, pour que ordre, justice sociale, droit, démocratie et prospérité reviennent dans la cité désertée depuis si longtemps !
Les évènements de Pâques prouvent une fois encore à tous ceux qui en doutent que notre pays est loin d’être sorti de la zone de turbulence avec ses manifestations violentes qui ont pour corollaires insécurité accrue, violation des droits de l’homme, mort d’innocents citoyens, flots de réfugiés et misère généralisée.
Ces évènements sont un signal fort, à l’oppostion togolaise, du moins à ce qu’il en reste aujourd’hui pour qu’elle rompe définitivement avec la politique politicienne stérile qui nous fait tourner en rond depuis bientôt deux décennies, pour se mettre en ordre de bataille vu l’échéance qui approche. Pour négocier et obtenir à l’intérieur et hors de nos frontières les garanties d’un scrutin équitable et d’une paix sociale durable.
Les terribles souffrances des dernières années ne seront rien qu’une pluie battante devant le déluge qui s’annonce si l’opposition manque la dernière chance de se ressaisir au tournant décisif où nous sommes…
Le MO5 rappelle aux acteurs de la vie politique et aux opposants plus particulièrement que nous n’y arriveront pas par la compromission. Ni par les déclarations légitimement enflammées, ni par les abandons de principe si courants ces derniers temps.
Les alliances iniques, la collaboration silencieuse avec le régime, les reniements de soi ne peuvent être porteurs d’avenir pour notre pays.
Nous y arriverons par une détermination sans faille et des solutions intelligentes.Tous ensemble pour tous !
Fait à Karlsruhe, le 14/04/2009
Pour le MO5,
Tino Agbélenko DOGLO
Secrétaire Général, Porte-parole.
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