Le gouvernement du RPT poursuit la préparation des élections législatives anticipées en collaboration avec la Commission électorale des sept magistrats. Le dernier développement qui étonne tous les observateurs, c’est la mise en place des commissions électorales locales indépendantes (CELI) supposées être composées sur une base paritaire par des membres de la mouvance présidentielle et ceux de l’opposition. Selon les responsables des principaux partis approchés par notre rédaction, l’opposition n’a pas désigné de représentant pour les CELI comme l’avait demandé la Commission des magistrats.
On assiste donc à une arnaque. Le RPT aurait désigné des représentants pour l’opposition! Le Front uni de l’opposition avait exigé que l’ancien code électoral soit rétabli et que le processus électoral reprenne sur les principes définis par l’accord-cadre de Lomé, avant qu’il n’envisage sa participation à ces consultations. L’UFC, qui ne fait pas partie de ce regroupement, avait rappelé les mêmes exigences en précisant par ailleurs qu’elle n’irait pas à des “consultations organisées par des juges à la solde du pouvoir en place”. La position de la CPP est plus mitigée. Tout en critiquant la Commission des magistrats qui “n’est pas habilitée à organiser des élections libres et équitables”, Edem Kodjo n’exclut pas de participer à ces élections, à certaine “condition minimum” pour le moins floues.
Le gouvernement de Koffi Sama prend très au sérieux la mascarade électorale qu’il organise avec ardeur et ostentation. Lors de la célébration du 33ième anniversaire de “l’appel historique de Kpalimé” (30 août 1969 pour la création du parti unique parti-Etat), le Premier ministre a indiqué que “l’heure est à la mobilisation de tous les militants pour une victoire écrasante du parti aux prochaines élections législatives anticipées”.
Les autres signes du branle-bas électoral, ce sont les manœuvres confiées aux préfets et aux gendarmes qui harcèlent les militants de l’opposition à l’intérieur du pays. En témoigne le conflit ouvert entre le ministre de l’intérieur le général Sizing Walla et le parti de Gilchrist Olympio. Sous prétexte du “ton agressif” des responsables de l’UFC, le gouvernement empêche systématiquement toutes les réunions que ce parti organise. Dans des villes comme Sokodé, Atakpamé, Mango, Tsévié, Agou et Kpalimé, les préfets n’ont pas hésité à convoquer les responsables locaux de l’UFC pour leur signifier l’interdiction de tout meeting de cette formation, y compris dans les maisons des militants. L’étau se resserre sur le principal parti de l’opposition.
On s’oriente à nouveau vers une mascarade électorale, avec une Assemblée non représentative de tout le peuple togolais. Paradoxalement, c’est la réédition du schéma de 1999 qui se met en place.
Les rapports actuels entre les dirigeants au pouvoir et la classe politique d’une part et entre la commission des juges et “les oppositions” d’autre part n’augurent rien de bon. En effet, il n’existe à ce jour aucun cadre de consultation. Les échanges de correspondance entre le Premier ministre et les partis d’opposition sont pour le moins informels et se font dans un climat d’extrême dédain. Au RPT, on pense que tenir compte des exigences de l’opposition serait un signe de faiblesse. L’impasse est totale.
Ni l’Union Européenne, ni la France et encore moins les Nations Unies ne sont associées à l’organisation des élections qu’annonce le pouvoir RPT. Ces pays et institutions internationales avaient promis d’importantes assistances financières à la CENI, pour l’organisation des élections qui auraient pu se tenir en mars 2002. Bruxelles exige la tenue d’élections libres et transparentes pour envisager la reprise de sa coopération, Paris s’aligne sur cette position alors que l’ONU recommande le respect des accords entre les parties togolaises.
Dans cette confusion, les populations ne pensent pas aux élections dont on parle. Elles scrutent l’horizon 2003 tout en espérant que le jour se lève enfin sur la Terre de nos aïeux.
letogolais.com
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