Le gouvernement dit d’union nationale formé par Faure Gnassingbé pour s’approprier la classe politique togolaise vieillissante, est une insulte à l’intelligence des Togolais. Un gouvernement d’inspiration clanique et militaire, dominé par un instinct grégaire. Il applique ainsi la stratégie de la division avec cette fois-ci, une vulgarité sans commune mesure, s’inscrivant dans la logique du système RPT hérité de son père le dictateur Gnassingbé Eyadéma. C’est l’affirmation de leur dynastie.
Les Gnassingbé tentent le tout pour le tout pour édulcorer leur image de dictature, confirmée par le triple coup d’Etat militaire, constitutionnel et électoral, suite au décès du dictateur Eyadéma en 2005. L’accord politique dit global signé avec légèreté par certains leaders politiques de l’opposition ne saurait faire oublier aux Togolais, la répression planifiée par Kpatcha Gnassingbé et le Colonel Atcha Titikpina lors des protestations contre le hold-up électoral de février 2005. Les conditions de la signature de l’accord, de la nomination du premier ministre, de la formation du gouvernement dit d’union nationale et le débauchage de personnalités, est un coup d’Etat moral perpétré par Faure Gnassingbé. On ne peut parler de paix, de réconciliation et d’organisation d’élection transparente avec un tel état de fait.
La politique obéit à des règles dont le clan Gnassingbé et le système RPT ignorent les fondements. La politique est un art dont l’exercice dépend du génie, du talent, de la personnalité, du caractère et du charisme des acteurs politiques. Pour fédérer, manager et conduire les peuples vers un horizon apaisé, il faut de l’humanité et de la justice. En cela, la composition du gouvernement Faure dénote une inconséquence politique et un mélange des genres : associant à la fois criminels et victimes. Quel manque de discernement !!! En posant ces actes, le système RPT entraine notre pays vers la débâcle. Avec ces visions archaïques, Faure Gnassingbé et ses nouveaux alliés prennent le contre pied de nos voisins Ghanéens et Béninois, ainsi que la plupart des pays africains qui avancent pas à pas mais surement vers une démocratie en acceptant le jeu de l’alternance politique.
Ainsi, l’Union des Forces du Changement (UFC), parti le plus populaire au Togo, a eu raison d’avoir joué le jeu en participant au dialogue national dans un esprit de pacification. Ce choix stratégique l’honore, mais de là, à aller signer un accord qui n’inspire pas sa vision de la République, ni les aspirations du peuple qui veut en finir avec la dictature des Gnassingbé, il y a un pas. Cette signature qui a gagé la résistance et les 40 années de combativité des Togolais, est en réalité une irresponsabilité qui ne saurait être sans conséquence : la reformulation de nos priorités et la modernisation de nos structures de lutte. Une dictature ne se démocratise pas d’elle-même.
Tous les observateurs crédibles et bien avisés de la crise politique et institutionnelle du Togo l’avaient prédit à maintes reprises aux risques de se répéter, que cette dictature militaire, fondée sur la violence et la force armée n’a guère changé de visage et n’a aucune intention de créer les conditions de l’alternance au Togo. Tout ce que Faure Gnassingbé cherchait à travers cet accord de Ouaga, c’est de pérenniser son règne et d’enrichir ses alliés en tablant sur la reprise de la coopération avec l’Union Européenne. Pour cela il avait besoin de l’aval de l’UFC, qui n’a pas su appréhender le traquenard.
Par Tido BRASSIER
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