28/03/2024

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Togo: L’Alliance nationale pour le changement …un nouveau souffle pour la démocratie togolaise

Un rayon de soleil dans le ciel africain

Il est enfin là le nouveau parti des forces vives de la nation togolaise, le parti de l’opposition démocratique togolaise ! L’Alliance nationale pour le changement – ANC – est née. Et ce n’est que justice.

Depuis quelques années en effet, lassés par la bipolarisation génératrice d’antagonismes irréductibles qui se sont manifestés sur la scène politique togolaise et, profondément bouleversés par les dérives autocratiques observées au sein même de certains partis de l’opposition démocratique, beaucoup de Togolais l’ont rêvé. Récemment encore, certains l’ont ouvertement appelé de leur vœu lorsque la crise profonde, qui a ébranlé le plus grand parti de l’opposition, a relancé ce rêve devenu nécessité au vu de l’impasse dans laquelle l’opposition s’enfermait.

Intervenant à la suite de l’élection présidentielle du 4 mars 2010, toujours contestée par le Front républicain pour l’alternance et le changement (FRAC) et à la suite de l’éclatement de fait de l’Union des forces de changement en août dernier, la création de l’ANC sonne comme le début de la fin d’une ère de convulsion politique doublée d’une perspective d’une aube nouvelle pour le Togo.

La création d’un parti n’est pas en soi une nouveauté dans la galaxie politique africaine, qui, en vingt ans, à la faveur des processus de démocratisation, en a vu naître par centaines et, hélas aussi mourir par dizaines. Ceci n’est donc pas un phénomène extraordinaire pour notre continent. Ce qui l’est en revanche, c’est le contexte dans lequel s’est produit cet événement et qui autorise à penser que cette initiative a de fortes chances de transcender l’éphémère pour s’enraciner durablement dans le paysage politique africain.

Ce n’est quand même pas banal de naître sous le signe de l’ANC, symbole puissant inscrit depuis des décennies dans les annales de l’Afrique du Sud et bien au-delà, dans l’histoire de notre planète. Sous le ciel du pays arc-en-ciel s’est en effet réalisé, avec l’ANC agissant comme avant-garde, le plus grand retournement de situation au profit de la majorité d’une population sous le joug de l’apartheid. Depuis lors, le monde entier a pu observer et apprécier les bienfaits d’un Etat de droit respectueux de la démocratie et des droits de l’homme, tandis que l’alternance politique continue d’ouvrir largement les horizons d’un renouveau politique, économique et social pour le plus grand nombre.

Au Togo, pays où a sévi pendant quatre décennies l’une des dictatures les plus obscurantistes d’Afrique, pays où le rendez-vous avec l’histoire a toujours été décalé et où sont encore attendus les dividendes de la démocratie et du développement, la naissance ou plus exactement la renaissance d’un parti politique, l’Alliance nationale pour le changement – ANC -, constitue incontestablement un tournant décisif pour les prochaines étapes de la lutte pour la dignité et la liberté.

Mais pour que cette nouvelle étape ne soit pas la énième d’un feuilleton interminable, pour que cette phase puisse s’inscrire de manière irréversible dans la lignée des combats héroïques et victorieux menés par les pères de l’indépendance de notre pays, elle doit se nourrir des leçons de vingt années d’expériences qui n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes des populations. Désormais affranchie d’une tutelle handicapante, elle doit trouver un nouvel ancrage dans les principes éthiques et les règles démocratiques qui fondent le parti et auxquels tout membre, sans exception, devra être soumis. Enfin elle doit énoncer avec davantage de foi, de rigueur et de clarté les objectifs stratégiques ainsi que les actions concrètes auxquelles l’ANC veut accorder son attention prioritaire pour que les Togolais puissent enfin travailler et vivre en paix chez eux.

Dès lors, il faudra privilégier l’adhésion aux valeurs et aux idéaux et éviter les oripeaux des allégeances factices aux hommes, fussent-ils charismatiques ! C’est ce que, dans leur très grande majorité, les Togolais retiennent des quarante années de pouvoir autocratique et aussi du psychodrame de la crise profonde qu’a connue l’Union des forces de changement ces derniers mois. Cet ensemble de valeurs partagées, de stratégies mûrement concoctées et de règles de conduite clairement affichées constitue tout à la fois le substrat et le préalable sur la base desquels le nouveau parti pourra construire ou reconstruire, mobiliser ou remobiliser. Pour qu’elle transcende les avatars de la politique et les contingences humaines, l’alliance qui se réfère au plan sémantique à un pacte doit en effet s’appuyer sur un socle de valeurs et de principes et non sur un agrégat de considérations subjectives et confuses qui ont montré toute leur vanité.

Panser rapidement les blessures engendrées par les crises récurrentes qui ont profondément fracturé le tissu politique, économique et social, s’atteler aux défis d’une alliance qui couvre l’ensemble du territoire pour qu’elle soit effectivement nationale, répondre concrètement et rapidement aux attentes réelles d’un véritable changement, telles sont les exigences irréductibles à court, moyen et long termes que le parti devra affronter sans délais. En faisant cela avec plus de rigueur et avec un professionnalisme accru, mais également sans sectarisme ni mièvrerie, l’ANC portera bien son nom emblématique et pourra ainsi se rapprocher de son homologue du pays arc-en-ciel qui a su, en deux décennies, offrir au monde le visage d’une nation réconciliée.

Pour cela, l’ANC du Togo a besoin de tous les Togolais de bonne volonté, les femmes et les hommes de bonne volonté d’hier et d’aujourd’hui. Elle a besoin de tous les démocrates, amis et sympathisants du Togo. Et les dirigeants doivent entendre toutes les voix, celles des anciens comme celles de la jeunesse, celles des adversaires et celles des amis, les voix les plus dissonantes comme les plus congruentes. Les dirigeants doivent entendre toutes les voix qui s’expriment du plus profond du territoire national comme de l’extérieur du pays dans la diaspora et qui convergent tout à la fois sur les grandes priorités du développement comme sur la marche inexorable vers la démocratie.

Réciproquement, les Togolais sans exclusive, ont besoin de l’ANC, comme axe fédérateur des forces vives de la nation pour parvenir enfin au véritable changement, comme vecteur d’expression de la différence qui corrige et enrichit, enfin comme pôle de convergence de propositions d’idées et d’actions qui contribuent à l’effort de construction de l’unité nationale du pays que les pères de l’indépendance rêvaient qu’il puisse devenir un jour « l’or de humanité ».

Dans ce nouveau paradigme, l’ANC a le devoir de tendre la main, dès le départ, à tous les partis et à toutes les associations qui attendaient la recomposition du paysage politique pour déterminer leur propre positionnement. A cette fin l’ANC pourra très rapidement concevoir et proposer une plate-forme énonçant clairement les fondamentaux d’un partenariat solide assorti d’objectifs précis ainsi que d’un agenda contraignant de réalisation. Une telle offre permettra de progresser en toute connaissance de cause et de préparer ensemble et sereinement les échéances destinées à apporter l’alternance pacifique et le changement véritable que les Togolais appellent depuis des années.

Si ces préalables sont remplis, alors on pourra passer des bonnes intentions dont semble-t-il l’enfer est pavé et engager les autres étapes de la construction de l’Alliance nationale pour le changement. Alors bienvenue et longue vie à l’ANC !

Bocco Olivier
Linguiste politologue
4 Novembre 2010