14/10/2024

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Togo: Le spectre de la violence

Selon les premiers résultats officiels de l’élection de jeudi, le président togolais sortant, Faure Gnassingbé, serait réélu. Selon les partisans de Kofi Yamgnane, l’un des leaders du front d’opposition, les militaires ont « envahi » Lomé, la capitale. L’armée a même empêché un rassemblement, tirant sur la tribune des leaders d’opposition. Un ancien président de l’Assemblée nationale togolaise aurait été blessé par des tirs de l’armée.

Le chef d’Etat sortant Faure Gnassingbé se voit déjà réélu.

Le Togo reste dans l’expectative. Selon la publication des premiers résultats officiels de l’élection de jeudi, qui représentent la moitié des électeurs inscrits, le président sortant, Faure Gnassingbé, s’achemine vers une réélection. Après dépouillement de 25 des 35 circonscriptions, il recueillerait 765.184 suffrages, contre 602.085 bulletins pour son grand rival, Jean-Pierre Fabre. Malgré l’absence de données officielles, le taux de participation tournerait autour des 60% selon des observateurs de l’Union européenne.

Pourtant, Jean-Pierre Fabre s’était proclamé vainqueur du scrutin vendredi soir, faisant état de 75 à 80% de suffrages en sa faveur dans diverses préfectures. Il a en outre accusé le camp présidentiel de « chercher à lui voler la victoire ». L’élection de Faure Gnassingbé, en 2005, avait déjà donné lieu à des manifestations de protestation contre les fraudes présumées dont la répression avait fait plusieurs centaines de morts.

Les militaires verrouillent Lomé

Le scénario sanglant pourrait se répéter. « L’armée togolaise a mis fin à une manifestation qui réunissait 5.000 personnes et l’ensemble des leaders du Frac [formation politique qui regroupe les partis opposés à Gnassingbé], lançant des bombes de gaz lacrymogène », décrit au JDD.fr l’attaché de presse de Kofi Yamgnane, l’un des candidats de l’opposition.

Selon Amina Yamgnane, la fille du leader interrogée par le Journal du Dimanche, les militaires ont tiré vers la tribune qui réunissait les leaders, mais n’ont pas visé la foule. Dahaku Péré, ancien président de l’Assemblée nationale togolaise, aurait été blessé au tibia. Mais aucun homme politique n’aurait été arrêté. L’AFP signalait déjà, en fin d’après-midi, le dispersement d’une manifestation devant le siège de campagne de Jean-Pierre Fabre par l’armée.

« Tous nos correspondants nous décrivent les rues de Lomé remplies de militaires. De toute évidence, ils veulent museler l’opposition dès l’annonce des résultats », indique l’attaché de presse de Kofi Yamgnane. Les résultats justement se font attendre en raison de problèmes « techniques » de transmission des bulletins. Les observateurs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont d’ailleurs émis des doutes quant à l’honnêteté du dépouillement. Les représentants de l’UE, présents sur place, n’ont pas encore remis leur rapport, mais, selon nos sources, certains d’entre eux font déjà état de fraudes manifestes. Le suspense devrait prendre fin dimanche matin au plus tard, et déjà, se dessine un conflit civil.