28/03/2024

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Togo : l’Opposition fragilisée cherche un nouveau souffle

La dynamique de mobilisation émoussée

Elle est lointaine, la période où les mots d’ordre de l’opposition pour des manifestations remplissaient les rues de Lomé spontanément. En plus de dix ans de lutte acharnée, les partis n’ont pas réussi à asseoir de solides mouvements populaires axés sur des bases convaincantes. Bien que le CAR, la CPP, la CDPA et l’UFC soient parvenus à mettre en place des sections nationales, avec des délégations ayant une existence effective et des activités plus ou moins constantes, la vie de toutes ces formations est marquée par une indolence presque atavique. Les militants de base ont du mal à cerner l’évolution de la situation politique et ne disposent pas souvent de repère pour maintenir un débat de fond. La crise de la pensée qui ronge les responsables politiques au sommet se traduit à la base par une sorte de démission, dont les répercussions sont parfois catastrophiques, face aux pressions du pouvoir.

Des partis appauvris
Le financement des partis politiques était à l’ordre du jour au CPS avant la dernière tempête. Pour Eyadèma et son gouvernement, il est hors de question de donner de l’argent aux adversaires qui veulent prendre leur place. Là-bas, on a encore du mal à admettre que l’activité politique est d’utilité publique. Les plus consciencieux soutiennent que le poids réel des partis est inconnu et que la subvention ne peut être accordée à des « organisations fantomatiques dont on ignore la responsabilité ». De 1991 à ce jour, les leaders des partis d’opposition qui sont en même temps les principaux financiers se sont appauvris. La vie et l’activité des formations s’en ressentent.

A la veille des élections législatives qui devraient se tenir en mars dernier, la plupart des formations de l’opposition s’était engagées dans la recherche de financement, suivant des procédures et stratégies qu’il serait inopportun d’exposer dans cette analyse. Il était presque impossible pour les candidats positionnés çà et là de lever des fonds auprès des militants. La situation intérieure marquée par la crise économique généralisée milite contre cela, de même que les mesures d’intimidation et de coercition engagées contre de potentiels mécènes par le pouvoir. Ceux des citoyens qui pourraient soutenir les formations politiques refusent de le faire, de crainte de subir des représailles.

Cette situation de privation et de pauvreté arrange si bien le système en place que, des velléités monolithiques ont commencé à refaire jour. Les partis membres du CPOC peuvent-ils démontrer la source de leur moyen financier, si ce ne sont des « honoraires » versés pour service rendu ? Le RPT est assuré ainsi d’étendre ses tentacules sur tout le pays et de ne voir face à lui que des faire valoir.

Il faut nuancer peut-être les problèmes financiers que rencontre l’opposition. Certains partis comme l’UFC de l’homme d’affaires Gilchrist Olympio serait relativement mieux lotis. La CPP de Kodjo et le CAR d’Agboyibo pourraient également devant les urgences mobiliser d’importantes ressources. La CDPA et le PDR étalent moins de santé quoique ces partis ne manquent pas d’ambition quant à leurs représentations nationales.

Dans tous les cas, l’opposition dans son ensemble a perdu la fougue et le dynamisme qu’elle avait au début du processus de démocratisation, aujourd’hui dans une grave confusion. Cette situation doit interpeller tous les démocrates

K. DANY