L’Union européenne, par la voix de sa présidence luxembourgeoise, s’est limitée jusqu’ici à condamner les violences au Togo et à lancer des appels au calme et à la réconciliation nationale. De son côté, l’Office d’aide humanitaire de la Commission européenne, Echo, est en train de financer des programmes d’urgence, notamment pour les milliers de Togolais réfugiés ces derniers jours au Bénin. Toujours pas de réaction officielle, en revanche, concernant la validité des élections présidentielles togolaises.
Les Européens doivent se prononcer sur la base des rapports fournis par leurs missions diplomatiques à Lomé. Il est clair, soulignent les experts à Bruxelles, que le scrutin a été entaché de fraudes. Les rapports des observateurs de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui ont avalisé les élections et dont l’Union européenne a financé la mission, ne semblent pas pris en compte dans la mesure où ces observateurs ont fait une présentation trop unilatérale du scrutin, dit-on à Bruxelles, en attribuant cette attitude au manque d’expérience et au fait qu’il s’agit d’un exercice nouveau pour eux. L’Europe garde un contact étroit avec la Cedeao et, tout en restant en retrait, elle appuie, comme c’est désormais son habitude, les actions de l’Union africaine et les efforts de médiation du président nigérian, Olusegun Obasanjo.
Différents scénarios sont sur la table. Celui de Faure Gnassingbé, qui fait mine d’ouverture en proposant un gouvernement d’union nationale dont il aurait en fait le contrôle. Scénario rejeté par l’opposition qui réclame un gouvernement de transition chargé de reprogrammer des élections. Il faut baliser, détecter la zone étroite négociable et acceptable par toutes les parties togolaises, souligne un expert à Bruxelles: on est en présence d’un liquide hautement inflammable et la priorité est d’éviter tout risque d’embrasement. La situation au Togo sera discutée le 2 mai au Conseil européen, au niveau des directeurs Afrique des 25, à la recherche d’une position commune européenne.
Anne-Marie Mouradian
Article publié le 01/05/2005
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