Isabelle Ameganvi : « L’UFC appartient à tous ses militants et non à une personne, fut-elle Président National. »
Entretien entre Le Palmier Africain et Isabelle Manavi Ameganvi, 3eme Vice-présidente de l’Union des Forces du Changement (UFC) et membre du FRAC. La « dame de fer » de l’UFC nous livre ses impressions sur les récents remous au sein de l’UFC
« Dans la longue lutte que nous menons depuis des décennies pour nous affranchir de la dictature du régime RPT, beaucoup de combattants, et non des moindres, ont dû jeter l’éponge. C’est leur droit. Mais de grâce, qu’ils aient la décence de ne pas entraver les actions de ceux et celles qui restent debout face à la tyrannie et surtout qu’ils ne cherchent pas à entraîner les autres dans leur naufrage »
Le Palmier Africain : Isabelle Ameganvi, vous êtes la troisième vice-présidente de l’Union des Forces du Changement (UFC). Votre parti vient d’exclure à titre provisoire son Président National Gilchrist Olympio pour avoir signé un accord de partage de pouvoir avec le RPT qui a permis l’entrée au gouvernement de certains de ses proches. Que reprochez-vous au juste à M. Olympio dans cette démarche ? L’entrée au gouvernement ou la négociation en solo ?
Isabelle Ameganvi : Les deux sont liés. Il s’agit de démarches personnelles menées en solitaire par M. Olympio en totale contradiction avec les orientations du Parti maintes fois exprimées par le National, notamment celles de ne pas participer à un tel gouvernement. M. Olympio est sanctionné pour fautes lourdes conformément aux statuts du parti, tout comme des responsables du parti l’ont été par le passé, pour les mêmes raisons.
Le Palmier Africain : D’aucuns disent que l’exclusion de Gilchrist Olympio de l’UFC est invalide parce qu’il est le fondateur du parti. Est-ce que vous convenez ?
Isabelle Ameganvi : M. Olympio n’est pas le fondateur de l’UFC. La création de l’UFC résulte de la fusion de plusieurs partis de l’opposition togolaise du début des années 90, qui ont désigné M. Olympio pour être le porte flambeau de la lutte contre la dictature instaurée au Togo.
L’UFC n’a jamais eu ni président fondateur, ni guide éclairé, ni timonier national !
L’UFC appartient à tous ses militants et non à une personne, fut-elle Président National.
L’UFC est un grand parti, un parti structuré et respectueux des règles de fonctionnement qui ont été définies librement et démocratiquement. Au sein du parti comme au plan national, pour nous, nul n’est au dessus de la loi et il ne saurait y avoir une politique de deux poids deux mesures car nous sommes fondamentalement respectueux du principe de l’égalité de tous devant la loi, même devant la loi interne du parti.
Le Palmier Africain : Gilchrist Olympio dit avoir reçu l’approbation des fédérations de l’UFC avant de mener ses négociations. N’avez-vous pas peur que Gilchrist Olympio et ses proches se retrouveront vainqueurs de ce duel ?
Isabelle Ameganvi : Ce n’est pas vrai. M. Olympio n’a pas l’aval des fédérations. Sur une quarantaine de fédérations que compte l’UFC, seules deux ou trois se sont laissées abuser par Gilchrist Olympio et ses acolytes. De plus, c’est le Bureau National et non les fédérations, qui est habilité à se prononcer sur l’opportunité d’une démarche politique de cette importance, engageant le parti.
Et puis, s’il vous faut à tout prix des statistiques, honnêtes et vérifiables, vous pouvez tout aussi bien prendre comme point de repère, le nombre de députés UFC présent à l’Assemblée Nationale ce 4 juin pour écouter la déclaration politique générale du nouveau gouvernement . Et encore, vous compterai vraiment large car s’il fallait vraiment compter les députés qui y étaient par conviction, alors, il faudrait presque diviser encore ce nombre par deux.
Le Palmier Africain : D’aucuns critiquent la stratégie de la rue pour faire plier le régime. Que fera le FRAC après les marches pacifiques pour faire triompher la victoire de Jean-Pierre Fabre ?
Isabelle Ameganvi : Il s’agit là d’une question de stratégie qui ne saurait être étalée sur la place publique.
Le Palmier Africain : Avec les remous actuels au sein de l’UFC Peut-on s’attendre a une transformation du FRAC en un parti politique plus uni pour préparer les défis à venir ?
Isabelle Ameganvi : Cette question n’est pas à l’ordre du jour. Pour l’instant le FRAC a créé une puissante dynamique de mobilisation populaire tant au Togo que dans la diaspora, pour soutenir la lutte du peuple togolais en quête de liberté, de justice et de prospérité. Cette dynamique transcende toutes les entités membres du FRAC en vue de répondre aux aspirations des populations.
Le Palmier Africain : Votre mot de fin
Isabelle Ameganvi : Dans la longue lutte que nous menons depuis des décennies pour nous affranchir de la dictature du régime RPT, beaucoup de combattants, et non des moindres, ont dû jeter l’éponge. C’est leur droit. Mais de grâce, qu’ils aient la décence de ne pas entraver les actions de ceux et celles qui restent debout face à la tyrannie et surtout qu’ils ne cherchent pas à entraîner les autres dans leur naufrage !
La mise à l’écart de Gilchrist Olympio a le mérite de clarifier aux yeux de tous, la position des uns et des autres. Le combat continue. Il est même devenu plus que jamais motivant pour tous ceux qui souhaitent l’alternance et le changement, après tant d’années de sacrifices atroces des populations togolaises.
Il faut se battre pour que soient engagées les réformes politiques. Il faut se battre pour changer de méthode de gestion des affaires de la cité.
Il faut se battre pour que nos enfants puissent vivre demain, dans un Togo libre, apaisé et démocratique.
Il faut se battre pour mettre un terme à l’impunité et aux violations des droits de l’homme.
Il faut se battre pour changer tout simplement de société.
Je lance donc un appel à tous mes compatriotes y compris ceux de la diaspora pour qu’ils rejoignent l’UFC, les organisations membres du FRAC et le Président élu Jean-Pierre Fabre, dans cette phase critique de notre lutte.
Le Palmier Africain : Merci, Madame Isabelle Ameganvi
Isabelle Ameganvi : C’est moi qui vous remercie.
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