27/07/2024

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Togo: Mgr Dosseh l’archevêque en titre du RPT

Abstenez-vous de tous les gestes qui provoquent le scandale (Paul I, Thess. 5, 22)

Le pire qui nous soit arrivé avec le régime de Gnassingbé Eyadéma consiste en une dépravation extrême de ce que notre pays comptait de beaux esprits et d’intelligences prometteurs. Cependant, on peut penser que nous attribuons trop de mérite au dictateur togolais et dire que ces gens qui se sont acoquinés avec le diable avaient des penchants qui les y disposaient. Il en est de Mivedor, Edem Kodjo et quelques autres. Mais, un homme en particulier, qui fut archevêque de Lomé, exerça une influence dont la nature pernicieuse et corruptrice ont été dénoncés dans une lettre que rédigea le Père Gbikpi en novembre 1989 sur l’Etat de l’Eglise catholique au Togo. En effet, Dosseh-Anyron Robert, ecclésiastique indigne, laudateur sans vergogne du dictateur togolais fut désigné par Faure Gnassingbé, Président d’une « Commission de réflexion pour la réhabilitation de l’histoire du Togo ». Avec une certaine outrecuidance, Dosseh a, dans une déclaration sur Radio France internationale logé à la même enseigne Gnassingbé Eyadéma et Sylvanus Olympio. C’est dire à quel point les valeurs sont inversés chez notre évêque, voire inexistantes.

Quelle bonne blague ! Confier à un homme dont la moralité ne pèse pas lourd une telle responsabilité témoigne de l’honorabilité de la personne qui lui a assigné cette mission. Du reste, une telle œuvre ne relève pas de la sphère politique. Il appartient aux historiens d’écrire l’histoire et de dire comment les choses se sont passées. Et puis, il y a le jugement du peuple !

Lisez plutôt.

LETTRE SUR L’ETAT DE L’EGLISE CATHOLIQUE AU TOGO*

Père Jean K. Gbikpi-Bénissan
Document confidentiel révélé
cependant 4 mois plus tard au
clergé lors de sa session de Carême
le 20 mars 1990 à huis clos.

Lomé, 21 novembre 1989

Excellence Révérendissime,

Cette présente lettre est strictement confidentielle : personne n’en connaît le contenu, ni le fait de sa rédaction. Elle est déterminée par un sentiment de filial et humble dévouement à la Sainte Eglise.

1 – Le peuple chrétien s’afflige de l’abandon matériel du clergé de l’archidiocèse de Lomé. L’indifférence de Mrg l‘archevêque et du procureur à l‘endroit de Mgr Kwakuvi (l), prêtre déjà âgé, fort âgé, intrigue et attriste bien profondément toute la population chrétienne, catholique et protestante et tout le pays. Affliction également quand on pense à l’abandon des pères Kodah et Ajavon (2).
Affliction également à constater la misère des prêtres dans les paroisses pauvres, sans assistance ni sollicitude aucune de l’archevêque ; pareil abandon du clergé dans les œuvres et les communautés. Les prêtres qui célèbrent aux intentions de messe détenues par l’archevêque n’arrivent guère à percevoir ces modiques sommes d’intentions de messe qui constituent, pour plusieurs, leurs uniques ressources pécuniaires. Et cependant, les intentions de messe viennent nombreuses à l’archidiocèse, de Rome, d‘Allemagne, du Canada, de France et de diverses sources.
Notre clergé n’a aucune assurance de sécurité pour les cas de maladie, d’accident, de vieillesse, ni de retraite.
Ne sont jamais versées au clergé de Lomé les assistances de l’Europe que perçoivent leurs confrères des trois autres diocèses du Togo : Missio Prim, Secours de Carême du clergé de France, etc.
L’illustration la plus spectaculaire de l’abandon du clergé dès sa prime jeunesse sacerdotale est le dénuement de la paroisse d’Amoussoukopé abondamment dotée cependant. Tous les catholiques qui, en voyage, arrivent à cette halte routière de contrôle, s’affligent, humiliés et honnis, et s’indignent.

2- On constate la disparition de ressources immenses dans un gouffre mystérieux, depuis vingt ans : tels les centaines de millions de l‘écolage ou mutuelles scolaires de nos écoles demeurées délabrées, avec certains bâtiments inachevés; la récente perception de 10% des recettes des collèges, innovée pour ce gouffre mystérieux; la disparition de 7 à 9 millions de CEB/40; 29 millions touchés par le procureur à l’insu – des mois durant – de l’archevêque, etc. Et tant d’autres millions pour l’édification du Grand Séminaire dont la chapelle en chantier crie l’indignation . Il paraît que, les chambres individuelles ou cellules des grands séminaristes n’étant pas construites, les lits des abbés arrimés en dortoirs se touchent matériellement, ou n’ont guère plus e 80 cm 1 mètre d’espace les uns des autres. Disparaissent les subventions romaines pour le fonctionnement du Petit Séminaire, les substantielles subventions pour l’œuvre des catéchistes. Aurait disparu tout le fonds bancaire de I’OPM après la mort du RP d’Almeida. A l’ambassade de France, « l’aide pour la construction de l’aumônerie » été purement et simplement supprimée, parce que « ’archevêque a voulu substituer une autre destination au don prévu, tandis qu’une religieuse est allée retirer -comme pour consultation – le dossier original qu’elle n’a jamais ramené ».
L’archevêché ne paye pas ses dettes et factures, pas même le cercle des religieux, prêtres, religieuses qui tous désormais ont peur à engager une dépense pour un service à l’archevêque. Certains millions, avancés en prêt pour la construction de la «maison du pape » au Grand Séminaire Jean-Paul II à Hédjranawoé, ne sont pas remboursés, dit-on. Des créanciers de divers milieux et ordres menacent de réclamer par voie judiciaire .

3 – Provoque une forte animosité le fait que le poste de procureur général de l’archidiocèse soit confié à un individu réputé gangster, jamais surpris en un geste minimal de pratique religieuse, jamais vu dans une église catholique, en un lieu de rassemblement de chrétiens, hormis sur l’esplanade lors de la messe le jour d’arrivée du pape Jean-Paul II, jamais surpris à faire un signe de croix, jamais à une messe dominicale, jamais une participation à un pèlerinage de pénitence, jamais à une ordination, jamais une contribution à une œuvre d’action catholique, etc. Astucieusement introduit dans l‘ordre de Marshall, il n’a jamais été fidèle aux consignes de vie, ni à la présence aux assemblées. Affichant par ses défections et sa désinvolture la vie d’immoralité révoltante qu’il mène, brassant fétichisme superstitieux, libertinage concubinaire et polygamie, etc. Il est d‘ailleurs classé «criminel » dans certain fichier d‘Amnesty International. On le sait « voleur », faussaire, établissant des documents faux pertinemment faux avec des cachets de paroisse catholique et d’authentiques signatures de curés subrepticement obtenues lors de signatures en série de documents paroissiaux. On sait qu’il ouvre à volonté toute correspondance même les plus importantes de l’archevêque, répond à sa guise, avec cachet et sceau de l’archevêché. Ayant droit, en tant que fondé de pouvoir de l’archevêque, à l’accès des comptes bancaires des institutions de l’Eglise, il se permet de faire virer des valeurs d’un compte sur un autre à sa guise.

4 – La désinvolture morale du procureur, sa licence affichée en moralité sexuelle seraient une conséquence des libertés de celui qui devrait le rappeler à l’ordre. En effet les cancans abondent au sujet de l’archevêque commerçant, marchand à Paris et ailleurs, de produits vivriers africains, importateur au Togo de vins de marque et de marchandises diverses. Les langues les plus venimeuses parlent de trafics de «drogue ». Une haute personnalité se serait écriée : « Votre archevêque est aussi riche que moi, avec autant d’enfants et de femmes que moi ». Lors des obsèques de madame d’Almeida, on a parlé dans les rues de Lomé et dans les salons de deuil d‘ « une belle-mère du clergé ». On parle à présent de plus d’un foyer de prêtres avec femmes et enfants et de rejetons non pas de simples prêtres.

5 – La Franc-maçonnerie semble introduite dans nos rangs, sous l’œil complaisant, dit-on, de Mgr l’archevêque . Et le soupçon que Mgr l’archevêque est lié par un pacte maçonnique ou fétichiste, au procureur Agbabou, notoirement connu «franc-maçon », constitue l’un des cancans les plus déconcertants .
L’Ecole professionnelle Saint Joseph se dégrade, et se montre indifférente pour les services du clergé des religieux et des religieuses qui, presque tous et toutes, passent désormais leurs commandes dans les entreprises privées, voire protestantes. L’ordo diocésain 1989-1990 en est un exemple. Lors de la procession du Très Saint Sacrement qui longe ses murs, cet établissement catholique ne prend plus la peine d’arborer une banderole ni la moindre décoration comme jadis.
L’archidiocèse est parsemé de bâtisses inachevées : Petit Séminaire Saint Pie X, Collège Notre Dame du Sacré Cœur de la plage avec son église-chapelle, église d‘Agbeluvé, etc., bâtisses dont les coûts prévus ont été bien payés. Le Grand Séminaire Jean-Paul II et la naissante paroisse d’Amoussoukopé sont les cas les plus navrants. Et nonobstant cela, d‘autres bâtiments à but lucratif surgissent bafouant le charme, l’esthétique et l’aspect historique des abords de la Cathédrale .

6 – On doute fort de l’intégrité des archives. Les dossiers de terrains pourraient aisément être modifiés : avec un procureur général, omnipotent mais sans foi aucune ni loi d’honnêteté grand régisseur de tout, les propriétés, avoirs et archives sont en réel péril. Le train de vie opulent, la richesse foncière surprenante de M. Agbabou, son gaspillage notoire d’argent ici au pays, à Paris, en Europe, offusquent ses propres concubines dont certaines s’en détachent outrées. Une d’entre elles a confié à un légionnaire de Marie qu’il lui répugne de donner de l’argent aux quêtes des offices de peur que son offrande de piété n’aille aboutir dans les caisses du procureur.
Cette lettre confidentielle d’information se limite aux scandales connus du grand public, sans s’approcher des sombres arcanes. Les cancans populaires véhiculent, certes, des calomnies. Mais il importait de vous les faire connaître, afin que nous évitions tous de prêter le flanc aux diffamations.

Les urgences qui s’imposent :
1°) La fonction de procureur doit, sans délai, changer de titulaire .
2°) Les premières dizaines de millions de redevance scolaire de ce premier trimestre académique 1989-1990 ne doivent plus tomber dans le gouffre sans fond. La douloureuse indignation est au paroxysme.

Excellence, je renouvelle, avec serment si vous le permettez, la ferme assurance du secret confidentiel de cette lettre inconnue de tous.
Daignez agréer l’expression de ma dévotion filiale, in Christo et in Ecclesia.

Jean Gbikpi

* Source: Document publié dans Politique africaine, N° 43- octobre 1991, annoté par Comi TOULABOR

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