28/03/2024

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Togo : Reprenons la « question togolaise « 

Par Godwin Tété

« Un pouvoir central, quelque éclairé, quelque savant qu’on l’imagine, ne peut embrasser à lui seul tous les détails de la vie d’un grand peuple. La force collective des citoyens sera toujours plus puissante pour produire le bien-être social que l’autorité d’un gouvernement. » Alexis de Tocqueville [Cf. De la démocratie en Amérique, Paris, 1835 – 1840]

« Ce n’est pas le droit qui fonde la démocratie, c’est la démocratie qui transforme un État de droit, qui peut être une monarchie absolue, en espace public libre, et la démocratie, avant d’être un ensemble de procédures, est une critique des pouvoirs établis et un espoir de libération personnelle et collective. »
Alain Touraine. [Cf. Qu’est-ce que la démocratie ? Ed. Fayard, Paris, 1994, p. 188]

PROLOGUE

Référence est ici faite aux journaux togolais Le correcteur, n°850, et Liberté, n°2813, du 07 décembre 2018. À la publication de mon article intitulé : « Toutes les premières prochaines consultations populaires au Togo seront réparatrices ou absurdes », j’ai eu, avec un compatriote des miens, une discussion portant sur quelques interrogations inspirées par ledit article et qui tenaient à cœur à ce concitoyen. Aussi ai-je jugé nécessaire et utile d’élever un tantinet soit peu le débat, d’éclairer un tout petit peu mieux ma pensée.
Allons donc de l’avant.

I- DE LA « QUESTION TOGOLAISE »
Ainsi que je continue à le croire, la situation sociopolitique qui prévaut au Togo depuis le dramatique petit matin du funeste dimanche 13 janvier 1963, c’est-à-dire depuis 55 (cinquante-cinq) bonnes et longues années, ne saurait être qualifiée de « crise », mais plutôt, à mon sens, considérée comme un « problème », ou une « affaire », ou encore comme une « question ». Et ce, dans le même entendement que celui d’Otto Bauer, de Karl Marx et de Jean – Paul Sartre qui auront parlé de, et écrit sur la « question juive »…
Et pourquoi donc ?! Pour nous inciter à nous placer, de propos délibéré, s’agissant de la solution, dans les moyen et long termes… au lieu du strict court terme.
Nous avons donc en face de nous une « question togolaise » à la fois redoutable (!) et, au fond, très simple ! « Une question » qui se décline comme suit : DEVONS – NOUS LAISSER LA DYNASTIE GNASSINGBÉENNE COLONISER ÉTERNELLEMENT (!) LA TERRE DE NOS AÏEUX OU NOUS LEVER COMME UN SEUL HOMME ET NOUS LIBÉRER UNE BONNE FOIS POUR TOUTES ?! Une dynastie qui s’est dotée d’une armada prétorienne, pléthorique, « tribalisée », négativement (!) budgétivore, dressée pour terroriser et, le cas échéant, écraser (!) le brave et pacifiste Peuple togolais !!! À ce sujet, au moment précis où je suis en train de tracer ces lignes – ci, j’apprends – de Paris (!) – que le régime sanguinaire RPT/UNIR vient d’assassiner, à Agoênyivé et à Sokodé, respectivement deux et un jeunes gens togolais – dont l’un n’aurait que douze ans !!!.
Marie – Isidore Maximilien de Robespierre a raison : « La dictature militaire est la pire de toutes les dictatures ». (Citation de mémoire).

II- NOUS AVONS RAISON DE REFUSER CATÉGORIQUEMENT (!) DE NOUS ASSOCIER À TOUTES CONSULTATIONS POPULAIRES AU TOGO AVANT OU À LA DATE DU 20 DÉCEMBRE 2018 !
Mais, disent certains esprits « apparemment » de bonne foi (…) : « La politique de la chaise vide n’a jamais payé » ; « les absents ont toujours tort » ; « qui va à la chasse perd sa place à la maison », etc. « N’êtes – vous pas en train de réitérer l’erreur que vous avez commise lors des élections législatives du 27 octobre 2002, en permettant à Gnassingbé Eyadéma de chambouler notre Constitution de 1992 plébiscitée quasiment à 100% ?! »
D’abord, en matière électorale, nous, authentiques combattants togolais de la liberté, n’avons aucun dogme intouchable, intangible : aucun dogme qu’aurait édicté je ne sais quel Démiurge. Notre seul Principe fondamental, directeur, en cette matière, c’est « L’analyse concrète, d’une situation concrète » [Vladimir Ilitch Lénine, in Les Cahiers philosophiques].
Et, en revisitant notre propre histoire contemporaine, nous retrouvons le boycott du référendum du 28 octobre 1956 organisé par le pouvoir colonial français, aux fins d’asseoir la « République Autonome du Togo » (« RAT »). Laquelle « RAT » l’humour dévastateur du Peuple togolais désignera par « Zotonomie Zinterne » et qui aura fait long feu…
Ce jour – là, le 28 octobre 1956, les indépendantistes togolais, en vue de narguer davantage les autorités coloniales françaises, franchirent la frontière occidentale de notre territoire et allèrent marier, à Kéta, notre illustre avocat Anani Ignacio Santos et une nièce directe de Madame Dina Olympio : Phyllis Tamakloe.
Oui ! Mais ces indépendantistes savaient pertinemment qu’ils pouvaient compter sur les Nations Unies qui, en effet, nous conduiront aux élections législatives / référendum du 27 avril 1958, puis à la proclamation de notre souveraineté nationale et internationale le 27 avril 1960.
Exact ! Mais, de nos jours, les Nations Unies ont bien changé ! C’est vrai ! Mais, au jour d’aujourd’hui, c’est tout le monde qui a changé ! Et, à cet égard, les dignitaires de la dynastie des Gnassingbé ont, eux – mêmes, [Dialectique de la Nature oblige (!)], déjà suffisamment exhibé leurs congénitales turpitudes (!) à l’univers. Si bien que toutes consultations populaires au Togo, qui n’auraient pas résulté de la réalisation – en amont – de toutes les réformes requises, ne sauraient, à n’en pas douter, être que des objets de risée pour le monde entier.

III- QUANT À LA « CRAINTE » DE LAISSER LE SORT (!) DU TOGO AU SEUL RPT/UNIR, NOUS EN SOMMES DÉJÀ VACCINÉS !
À la vérité, de 1967 à 1980 (environ), notre pays aura vécu sous une féroce (!) monarchie absolue du « timonier » Gnassingbé Eyadéma. Le RPT (« Rassemblement du Peuple Togolais ») était un « parti – État ». Pas de Constitution, pas de Premier ministre, pas d’Assemblée nationale, pas de presse privée, pas de code électoral, pas de Cour constitutionnelle, pas de CENI, etc. Toutes négations qui finiront par conduire au soulèvement populaire du mémorable 05 octobre 1990… Lequel soulèvement populaire débouchera sur notre historique Conférence Nationale Souveraine (CNS) : 08 juillet – 28 août 1991.

IV- LA « QUESTION TOGOLAISE » SONNE COMME CELLE DE HAMLET : « ÊTRE OU NE PAS ÊTRE ?! »
Oui ! Devons – nous laisser la dynastie gnassingbéenne coloniser la Terre de nos Aïeux ad vitam aeternam, ou tout sacrifier – y compris une infime poignée de députés que le RPT / UNIR voudrait bien nous allouer – et nous libérer, s’il le faut, dans le moyen ou même le long terme ?! La deuxième alternative m’apparaît celle qui comporte de la Dignité !

CONCLUSION
UN TRAIN DÉRAILLÉ ET COUCHÉ SUR UN FLANC NE SAURAIT REDÉMARRER QUE CORRECTEMENT (!) REMIS SUR SES RAILS !
Dans le cas d’espèce, remettre correctement le train sur ses rails signifie faire, ainsi qu’il se doit, les réformes, toutes les réformes : constitutionnelles, institutionnelles, électorales, etc, requises par une Vie républicaine vraie, par un État de droit, par la Démocratie au sens moderne de ce concept. Et ce, selon la Volonté manifeste du Peuple togolais.
Nous pouvons y arriver si nous nous collons résolument (!) à notre Peuple, et collons infailliblement (!) notre Peuple à nous. À ce propos, Napoléon 1er écrit : « Machiavel a beau dire, les forteresses ne valent point la faveur des peuples » [in Comment faire la guerre. Ed. Mille et une nuits, Paris, 2003, p. 67].
Nous pouvons y arriver si nous adoptons fermement (!) la Devise – ci : FOI ! COURAGE ! ABNÉGATION ! Et le Viatique suivant :
RESTER DEBOUT !
LUTTER TOUJOURS !
VAINCRE DU MOURIR, MAIS DANS LA DIGNITÉ !
Lomé, le 08 décembre 2018
Godwin Tété