28/03/2024

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Tradition du Togo: Ahuawoto Savado Lawson Zankli VIII, roi d’Aného

Interview de Ahuawoto Savado Lawson Zankli VIII, roi d’Aného:
«Un chef traditionnel doit être un grand conducteur d’hommes»

Sa Majesté Togbé Ahuawoto Savado Zankli Lawson VIII, vous êtes l’un des chefs traditionnels de la Ville d’Aného, nous vous souhaitons Woézon (Bon arrivée). Pour débuter cet entretien, peut-on savoir le bien fondé de votre séjour en Europe?

A notre intronisation en août 2002 en qualité de garant du Palais Lolan, nous avions reçu l’enthousiasme et le soutien de tous, parents, frères et sœurs tant de l’intérieur que de la diaspora d’Europe, d’Amérique et des Antilles. C’est de cette manière que six ans déjà que nous sommes à la tâche, nous avons décidé d’aller à la rencontre de ces parents qui vivent à l’extérieur pour les remercier et leur témoigner notre gratitude, mais également nous entretenir avec eux sur les questions liées au développement de notre localité, leur exposer les problèmes ayant trait à la gestion quotidienne du Palais, et naturellement recevoir d’eux, les suggestions et conseils indispensables pour parfaire notre tâche. Il s’agit d’une visite à titre privé.

Remontons le temps pour évoquer l’histoire de la chefferie chez les Lawson. Il paraît que la couronne royale ne se transmet pas de père en fils ? Est-ce le chef Lawson VIII confirme les faits?

Au prime abord, cela avait ainsi débuté. Après le règne de notre tout premier souverain, le Roi Lawson Zankli Akuété Georges 1er, ce fut son fils Alexandre Boèvi Lawson II qui lui a succédé.

Mais les choses ont changé par la suite. Plusieurs lignées Lawson étant constituées, le choix s’opère dès lors au sein de l’une de ces différentes lignées. Il s’agit d’un choix très spirituel. Nul n’est imposé. On peut proposer, mais c’est à partir d’une consultation bien menée que l’on arrive à dégager qui sera celui –là au sein de cette famille capable d’assumer la noble mission, celle d’être le garant du trône au Palais Lolan. Le Fâ (l’oracle) est consulté pour déterminer le choix du nouveau chef. En cela, les ancêtres et toutes les divinités sont aussi consultés et mis à contribution pour le choix final.

Au-delà de cette explication, l’histoire nous apprend que bien avant vous, votre père a joué un important rôle à la tête du Palais de Lolan. Il avait été Régent du trône royal.

Tout à fait ! Au décès du Roi Boèvi Glynn Gaîzer Zankli Lawson VI dont l’un des fils, le Prince Lawson Laté Adjo fait partie aujourd’hui des notables à Lolan . C’était mon père ( Lawson Savado Abalovi Raphaêl de 1955 à 1960 -NDLR) qui avait été choisi à l’époque pour assurer la régence du trône. Dans nos pratiques, le régent n’ayant pas le droit de devenir roi, il cédera la place au nouveau Roi en l’occurrence, Rudolph Akuété Banku Lawson VII.

Il a fallu une régence de plus d’une décennie assurée par le Prince Lawson Laté Zodanou Michel avant votre intronisation. Peut-on savoir les critères requis pour devenir le Roi de Lolamé à Aného?

Ils sont aussi simples ces critères. Tout d’abord, l’heureux élu doit être un lettré. On ne statue pas trop sur les diplômes obtenus. On tourne surtout vers l’âge ; il doit avoir autour de la cinquantaine, être sain sur le plan physique, et capable d’assumer convenablement son rôle. Il doit surtout être quelqu’un d’une moralité exemplaire.

Il existe toute une kyrielle de souverains au Togo et ceux-ci règnent sur de microscopiques royaumes Quelles sont les réelles attributions du Roi Lawson VIII?

Les choses ont beaucoup changé de nos jours. D’abord l’appellation de Roi n’est plus tellement en pratique, et nous sommes retournés au niveau de la tradition. Par exemple, on dit à Ouantchin, le Roi des Ewés, tout comme on parle du Roi des Guins au niveau d’Aného. Hier c’était les royaumes, mais avec l’avènement de l’administration coloniale et de la République, le terme « chef traditionnel » est plus à la mode.

Le chef traditionnel est le premier responsable de ses administrés. Son rôle est d’assurer d’abord la cohésion sociale afin que la paix règne dans la cité. C’est lui qui règle les petits problèmes et autres conflits dans tous les domaines. Etant africains, nous avons nos pratiques. Le chef traditionnel est aussi le principal garant des us et coutumes. Il ne doit pas se cantonner à ces rôles, mais aller au-delà pour devenir un acteur de développement ; ce que nous faisons actuellement au Palais Lolan. Car il faut permettre à ce que la société à la base avec l’appui des pouvoirs publics, trouve au quotidien son mieux-être.

Il y a six ans que vous êtes à la tête du Palais de Lolan, un quartier fort historique de la Ville d’Aného. Abordons à présent le quotidien de vos administrés?

Nous sommes bien entendus à la tête du Palais de Lolan, mais il faut préciser qu’au sein de la Ville d’Aného, on compte au total vingt cinq quartiers qui sont gérés par des chefs. Chez nous peuples Guin d’Aného, notre localité se situant entre l’Océan et la lagune, la pêche constitue notre principale activité, mais à côté, il y a le petit commerce qui relève le plus souvent du domaine des ménagères qui gèrent de petites boutiques ou la vente à la criée. Délaissé, l’artisanat qui autrefois faisait partie des activités de la population, est entrain d’être redynamisé. Comme vous le savez si bien, les populations d’Aného s’adonnent aussi à l’élevage surtout du porc très ancré dans leurs domaines d’action.

Pour parler de nos activités au sein même du Palais, il faut dire que nous travaillons autour d’un programme hebdomadaire. Nous avons un jour de réception des plaintes, un autre pour le jugement ; il ne s’agit pas pour nous d’un jugement punitif. Plutôt, nous essayons de pacifier les protagonistes, de trouver la bonne formule pour faire régner l’entente entre tous. Notre jour d’audience est le jeudi. A l’occasion, le Roi reçoit tous ceux qui en font préalablement la demande. Un autre jour est réservé aux divinités

Sertie entre l’océan et la lagune, la Ville d’Aného constitue tout un symbole sur le plan historique. Bon nombre de ses fils sont à l’extérieur et la cité tricentenaire est désertée, abandonnée aux personnes du troisième âge. L’ancienne capitale du Togo nécessite une véritable réhabilitation. Quels sont les efforts engagés pour encourager les jeunes à y demeurer et contribuer à son développement?

Elle est historique notre ville et bien entendu tricentenaire. Mais quand vous y arrivez, franchement cela ne se ressent pas du tout. C’est pour cela que nous œuvrons pour la réhabilitation de notre cité. La preuve, quand vous arrivez à Lolan, vous trouverez une statue géante de notre premier Roi, Sa Majesté Lawson Zankli Akuété Georges 1er. Nous avons également pris contact avec les grandes familles de la ville, car chacune d’elles, est détentrice d’une histoire, d’un passé qui méritent d’être restaurés. Nous essayons de les motiver afin que chaque maison puisse restaurer son histoire, parler de ses ancêtres, évoquer le rôle qu’ils ont joué à l’époque. N’oublions pas que Aného est une ville légendaire et ceci grâce à la contribution de toutes ces grandes familles. Elles occupent une place prépondérante dans notre histoire.

Nos ancêtres étant arrivés en plusieurs clans de Gengbo (actuelle ville d’Accra) et il faut préciser que nos pratiques coutumières diffèrent les unes des autres. Ce que fait par exemple, un La n’est le même auprès d’un Tougban.. Notre devoir est de procéder à la revalorisation de cet important patrimoine. La rénovation des structures immobilières également nous intéresse, afin qu’elles répondent à notre réalité historique. Concernant les jeunes, leur avenir nous préoccupe énormément. Nous avons mis en place des centres de formation ( maçonnerie, menuiserie, coiffure, couture, art …) pour les occuper. Et au terme de leurs formations, il faut les suivre et les accompagner pour qu’ils soient productifs ici et là.

L’oralité a toujours marqué notre histoire ! Que faites-vous aujourd’hui pour mieux informer les générations actuelles sur le passé?

Des structures existaient auparavant sur le plan purement oral, et nous avons proposé qu’elles soient dotées d’un texte. Nous vous citons en exemple le Conseil des princes ( ensemble des familles Lawson) dans la mesure où nous en avons dénombré plus ou moins une centaine. Il nous faut un texte qui régisse ce conseil. La même chose va réaliser au niveau des familles alliées et amies ( Ajavon, d’Almeida, de Souza…) pour aboutir finalement sur la mise en place d’une Charte du royaume Lolan. Nous avons au palais Lolan ce que les Anciens ont appelé le ( great book ). Il s’agit du Grand livre de Lolamé. Un volumineux ouvrage de 7 kilogrammes qui renferme des informations des correspondances et lettres adressées aux parents ou à des colonies mais rédigées en anglais. Ce précieux document sur notre histoire a été retrouvé par des historiens allemands qui l’ont transformé par la suite en format réduit. Nous œuvrons à sa transcription en langue française afin qu’il soit accessible à tous. En le parcourant, chacun y retrouvera des éléments pour en savoir plus sur le passé de sa famille, de ses ancêtres et même retracer de soi-même l’histoire de la Ville d’Aného.

Sa Majesté Lawson VIII, voudrez-vous nous expliquer pourquoi ce document a-t-il été écrit en langue anglaise?

Il faut juste vous préciser que nos premiers parents en l’occurrence Latévi Awokou avait été formé en Angleterre, de même que son fils Akuété Zankli, futur Roi Lawson Zankli Akuété Georges 1er.Ils passaient pour ainsi dire pour des pro-anglais. La preuve, est que c’est lui Lawson Zankli Akuété Georges 1er qui avait crée en 1852 dans l’enceinte de notre palais, la toute première école du Togo ; composée de trois classes avec des enseignants venus de la Sierra Leone, du Nigeria et du Liberia. Auparavant le 29 mars 1843, il avait reçu en son palais, Thomas Birch Freeman, le premier missionnaire en provenance d’Angleterre. Et c’est cette date qui marque le début des activités de l’Eglise méthodiste en terre togolaise. Le culte qui se célébrait alors au sein même du palais Lolan, sera au fil des années transféré au Temple Méthodiste Ebenezer, vieille bâtisse située à l’entrée de la Ville d’Aného lorsqu’on vient de Lomé.

Le village d’Agokpamé selon l’histoire aurait joué un rôle important dans l’installation des Lawson après leur départ d’Accra. Quelle place occupe de nos jours cette petite localité dans le programme d’action du chef Lawson VIII?
Nos ancêtres en quittant Accra sont arrivés un peu en retard vers 1680 par rapport à nos parents de Glidji. Chasseurs qu’ils étaient, ils se sont d’abord installés à Glidji avant d’aller fonder le village d’Agokpamé, un lieu qui doit son nom aux rôniers (Agoti), où l’on trouvait en abondance du gibier. Après son séjour d’études en Angleterre, notre aïeul Latévi Awokou n’y est plus retourné, préférant s’installer plutôt à Fantékomé, puis à Badji, pour jouer pleinement son rôle d’interprète auprès des navigateurs qui venaient accoster à Aného. Il faut bien préciser que la localité d’Agokpamé est et demeure une entité à part entière du Royaume Lolan. Notre divinité (Agbami) s’y trouve.. C’est vous dire que la rénovation de ce lieu historique, fait également partie de nos préoccupations…

A notre connaissance, le chef de ladite localité n’est pas issu du clan Lawson
Il s’agit là d’un problème qui a précédé notre intronisation et que nous essayons depuis six ans de le régler de façon pacifique. Au Palais Lolan, il n’y a pas que les natifs Lawson, plutôt vous trouverez à leurs côtés des membres des familles alliées, des membres des clans Guin comme les Wallace, les Blavo-Tsri etc….

Le problème que vous avez soulevé existe bien avant notre intronisation et nous essayons de le gérer avec la patience nécessaire. Nous avions appris qu’au moment de sa nomination, le décret le nommant avait été suspendu ; mais l’actuel chef joue pleinement son rôle et nous le considérons. Selon un adage de chez nous, il ne faut pas soi-même, se poignarder le ventre. Nous constituons une communauté et il ne faut rien provoquer.

Selon Sa Majesté Ahuawoto Sawado Lawson Zankli VIII, quelles sont les qualités d’un bon chef?

Un bon chef traditionnel, à notre humble avis, la première des choses est d’être à tout moment à la disposition de sa communauté. C’est une lourde mais noble responsabilité. Un chef traditionnel doit être un grand conducteur d’hommes. Ses maîtres mots doivent être patience, impartialité et intégrité

De tout temps, la femme togolaise a été de tous les combats pour le développement national. Quelle place occupe-t-elle sous le règne du Roi Lawson VIII?

Dès notre prise de fonction au Palais de Lolan, nous avions procédé à une série de restructurations en incluant par exemple la femme dans la notabilité, qui auparavant était la chasse gardée des hommes. Le notable étant celui qui assure le quotidien avec le Roi, la femme à part son rôle de Tassinon sur le plan traditionnel, a désormais son mot à dire sur le plan interpersonnel, dans les litiges conjugaux.

Sur un autre registre, de petites structures ont été mises en place pour aider les femmes ménagères à monter de petites activités génératrices de leurs revenus. On leur emprunte un peu d’argent pour tenir et elles remboursent le capital sans intérêt.

Vous avez un passé d’éducateur, d’enseignant et de syndicaliste ; la Ville d’Aného dont vous êtes l’un des chefs traditionnels est une ville frontalière et l’on sait le lourd tribut payé par les jeunes face à plusieurs fléaux sociaux tels que le VIH/ et les IST. Quelles sont les actions que vous avez jusqu’alors menées dans la sensibilisation et la conscientisation de la jeunesse ?

Dans ce cadre, l’Etat s’y investit beaucoup. Nous en avons pour preuve le projet sous régional dénommé Corridor dans lequel le Togo se trouve avec la Côte-d’Ivoire, le Bénin, le Nigeria et le Ghana. Nous sommes tous appelés à y contribuer. Au niveau du Palais de Lolan, nous organisons bien souvent des séances d’information au profit de la population. En la matière, nous travaillons régulièrement avec le personnel de la Banque Mondiale à Lomé qui nous rend régulièrement des visites de travail au Palais de Lolan.

Bien souvent, nous rassemblons les jeunes pour les informer sur le comportement à adopter face à la pandémie. Nous leur présentons aussi des sketches avec des jeux de rôle. Au centre médico-social, les patients, les femmes qui accouchent sont en dehors de leurs problèmes de santé, sont aussi sensibilisés sur les problèmes liés au VIH/Sida, l’utilité du dépistage et des centres de prise en charge. Nous allons aussi de maison en maison avec l’appui des agents du centre.

Mais souvent, il se pose des problèmes de rupture de médicaments,. Au-delà, on note parfois des réticences. Nos actions sont également orientées vers les établissements scolaires et les centres de formation où nous procédons à la distribution de préservatifs et de flyers…Nous ne sommes pas au bout de notre peine ; le mal persiste lorsqu’on prend en compte la situation géographique d’Aného avec la flopée d’entrées et de sorties à partir de la frontière de Sanvee-Condji. Ce combat face à la terrible maladie, il nous faut le continuer au quotidien.

Parlez-nous du Palais sur le plan financier; le traitement salarial du personnel qui y travaille

Au sein de notre structure au niveau de l’Etat, les chefs cantons perçoivent une indemnité annuelle. Au niveau du palais, seul le Secrétaire principal du chef canton bénéficie d’un salaire mensuel. Pour tout le reste, nous fonctionnons à partir des dons, legs et parfois des cotisations mensuelles que nous nous imposés par lignées familiales. On se défend.

Votre action semble être caractérisée par la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement local participatif. Le Palais Lolan dispose d’une station radio qui émet en modulation de fréquence et d’un centre médico-social. Quelles sont alors vos sources de financement?

(Rire)! Nous ne bénéficions d’aucun appui de la part de l’Etat, sauf qu’il nous a accordé l’autorisation d’installation. De partenaires, nous n’en avons pas en termes clairs ; autrement nous nous reposons sur l’action des bonnes volontés, du soutien des parents qui vivent à l’extérieur. Les dons qui nous parviennent sont transformés en moyens de réalisation. A vocation associative, la station radio Océan FM a été créée en avril 2004 par l’Association Action Plus avec le soutien financier d’une autre, SOS Aného basée en France. Elle est installée au sein même de notre palais et émet désormais sur la fréquence 107.7fm. Quant à notre centre médico-social qui se trouve à Fantékomé, il vient à moindre coût au secours des patients et réalise mensuellement une cinquantaine d’accouchements. A ce qu l’on peut penser sur notre périple, nous ne sommes pas allés vers de véritables bailleurs de fonds, mais plutôt vers des parents forts soucieux de nos difficultés pour leur présenter nos doléances.

Une question déjà soulevée un plus haut ; quels sont les rapports qui existent Sa Majesté Lawson VIII et ses collègues de Nlessi et de Glidji?

Nous sommes à Badji, le chef traditionnel des Guins d’Aného sous le nom dynastique de Ahuawoto Savado Lawson Zankli VIII, et nous vivons et travaillons en parfaite harmonie avec le Gê Fiogan Sédégbé Foli-Bébé XV pour les Guins de Glidji et Nana Ohiniko Quam Dessou pour les( Mina ou Adjigo) à Nlessi. Cette complémentarité dans le travail nous permet d’œuvrer efficacement avec les pouvoirs publics pour le progrès de notre pays.

Au terme de cet entretien, Sa Majesté Lawson VIII, a-t-il un mot particulier à l’endroit de ses compatriotes de l’extérieur?

Nous exhortons les parents, nos frères et sœurs, mieux tous les compatriotes qui vivent à l’extérieur du Togo, à se conformer aux lois qui régissent la vie de leurs différents pays d’accueil. Il leur incombe de faire preuve d’honnêteté et de considération à l’endroit des différentes autorités. Au-delà, ils ne doivent pas oublier la Mère patrie ; le Togo qui attend beaucoup d’entre nous. Chacun doit apporter sa contribution si modeste soit –elle pour sa construction. Qu’ils prennent conscience que nous tous avons e devoir moral d’œuvrer pour son développement!

Lorsque chaque cellule de base émerge, se développe, cela se ressent au niveau du quartier, du village, du canton voire sur le pays. Lorsque le Togo se développera, il en sera ainsi pour tout le continent africain. Aidons-nous, et le ciel nous aidera.

Entretien réalisé par Yves Lodonou et Ekoué Satchivi