29/03/2024

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Amnesty liste les exactions du nouveau régime au Togo

Réfugiés au Bénin, des opposants dénoncent «exécutions, torture et viols».

Par Thomas HOFNUNG

Trois mois après l’élection contestée de Faure Gnassingbé à la tête du Togo, Amnesty International revient sur les événements sanglants qui ont endeuillé le scrutin présidentiel du 24 avril. Dans un rapport rendu public hier, l’association de défense des droits de l’homme dénonce «des exécutions extrajudiciaires, des enlèvements, des actes de torture et des mauvais traitements, y compris des viols et des tentatives de viols» perpétrées par les forces de l’ordre et par les partisans du régime contre les sympathisants réels ou supposés de l’opposition. Pour des raisons de sécurité, l’enquête s’est déroulée, en mai et en juin, auprès des milliers de personnes réfugiées au Bénin, pays frontalier du Togo.

Liste. L’ONG reconnaît ne pas être en mesure de fournir un bilan exhaustif des morts liées à cette répression aveugle, soulignant que les autorités de Lomé ont pris de nombreuses dispositions pour dissimuler l’ampleur des violations des droits de l’homme. Toutefois, Amnesty affirme avoir établi une liste de 150 noms qu’elle tient «à la disposition de toute commission d’enquête internationale», tout en la jugeant bien en deçà des chiffres réels. En mai, la Ligue togolaise des droits de l’homme (proche de l’opposition) avait cité le chiffre de 811 décès, tandis que le pouvoir en reconnaissait 58.

Viols. Au Bénin, Amnesty a observé «un grand nombre de blessés» par balles. Sur la base de témoignages sous couvert d’anonymat, l’ONG fait aussi état de viols commis «par des partisans armés du régime». Le rôle des milices est souvent dénoncé dans le rapport. Un journaliste de Radio Lumière à Aného, une ville frontalière avec le Bénin où de violents affrontements ont éclaté après la proclamation de la victoire de Faure Gnassingbé, raconte aussi comment les militaires ont mis le feu au bâtiment abritant la station.

Dans ses conclusions, Amnesty appelle la communauté internationale à ne pas renvoyer chez eux les réfugiés qui redoutent d’être arrêtés au Togo. Selon l’association, plusieurs cas se sont déjà produits ces dernières semaines. Enfin, elle demande instamment à la France, ancienne puissance coloniale, d’interrompre les transferts de matériels militaires pouvant être utilisés à des fins de répression. L’ONG révèle avoir fait analyser des balles en caoutchouc ainsi qu’une grenade lacrymogène utilisées à Lomé : «Il en ressort que ces matériels sont de fabrication française.»

Liberation du mardi 19 juillet 2005