14/10/2024

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Benoît XVI met en garde les régimes autoritaires africains

Au second jour de sa visite au Bénin, le Pape s’est adressé au continent africain en prévenant les régimes injustes qu’ils ne pourraient «plus éviter» désormais la «revendication légitime» des peuples pour «une gouvernance limpide».

La seconde journée de Benoît XVI au Bénin a été marquée par un appel magistral adressé au continent noir qu’il a baptisé continent de «l’espérance». «Lorsque je dis que l’Afrique est le continent de l’espérance, je ne fais pas de la rhétorique facile, a-t-il lancé samedi matin à Cotonou devant une assemblée de responsables politiques et religieux, mais j’exprime une conviction personnelle qui est également celle de l’Eglise ».

Cette conviction, c’est le refus des «préjugés» sur l’Afrique nés d’une «vision négative issue d’une analyse chagrine» qui ne retient «que ce qui ne va pas». Ou qui sur «le ton sentencieux du moralisateur ou de l’expert» finissent par «imposer leurs conclusions» et surtout «peu de solutions adaptées».

Autre dérive, dénoncée par Benoît XVI, analyser les réalités africaines «comme celui qui ne voit en elle qu’un énorme réservoir énergétique, minéral, agricole et humain facilement exploitable pour des intérêts souvent peu nobles.»
S’érigeant contre ces «visions réductrices» qui aboutissent à une «chosification peu convenable de l’Afrique», le Pape s’est appuyé sur les récentes révolutions sur le continent pour assurer que tous les régimes politiques injustes étaient désormais menacés et que les responsables en place devaient partout accompagner cette «espérance» : «Nous nous trouvons en face d’une revendication légitime qui touche tous les pays, pour plus de dignité, et surtout pour plus d’humanité. L’homme veut que son humanité soit respectée et promue. Les responsables politiques et économiques de pays se trouvent placés devant des décisions déterminantes et des choix qu’ils ne peuvent plus éviter.»

«Trop de corruption et d’avidité»

Ces choix sont clairs dans l’esprit du Pape qui du Bénin s’adressait à tout le continent : «la personne humaine aspire à la liberté ; elle veut vivre dignement ; elle veut de bonnes écoles et de la nourriture pour les enfants, des hôpitaux dignes pour soigner les malades ; elle veut être respectée ; elle veut une gouvernance limpide qui ne confonde pas l’intérêt privé avec l’intérêt général ; et plus que tout, elle veut la paix et la justice. En ce moment il y a trop de scandales et d’injustices, trop de corruption et d’avidité, trop de mépris et de mensonges, trop de violences qui conduisent à la misère et à la mort. (…) Chaque peuple veut comprendre les choix politiques et économiques qui sont faits en son nom. Il saisit la manipulation, et sa revanche est parfois violente. Il veut participer à la bonne gouvernance.»
Après cette rencontre le Pape s’est rendu dans la ville de Ouidah à une quarantaine de kilomètres de Cotonou où il s’est recueilli sur la tombe de son ami le cardinal Bernardin Gantin, décédé en 2008, avec qui il servit Jean-Paul II à Rome pendant une vingtaine d’années.

Là, Benoît XVI en bonnes conditions physiques malgré une chaleur et une humidité accablante, a signé une «exhortation apostolique post synodale», document de conclusion du synode sur l’Afrique qu’il avait convoqué à Rome en 2009 pour donner un nouvel élan à l’évangélisation de ce continent. Il remettra dimanche ce texte de 140 pages, véritable charte pour l’avenir de l’Afrique, à des représentants de tous les pays africains.

Dans l’esprit du discours aux hommes politiques de samedi matin, il demande aux catholiques de s’impliquer dans la vie sociale et politique de leurs pays. Sur le plan religieux il demande une véritable «conversion» à l’Eglise catholique pour qu’elle retrouve les fondements de son identité.
Mais sans renoncer au dialogue entre avec les autres religions. Dans le discours aux hommes politiques, il a ainsi résumé sa vision comparant les religions et leurs cultures comme les doigts d’une main qui représentent les sociétés : «Cinq doigts la composent et ils sont bien différents. Chacun d’eux est pourtant essentiel, et leur unité forme la main. La bonne entente entre les cultures, la considération non condescendante des unes pour les autres, et le respect des droits de chacune est un devoir vital. Il faut l’enseigner à tous les fidèles des diverses religions. La haine est un échec. L’indifférence une impasse et le dialogue une ouverture !»

Par Jean-Marie Guénois Publié par LE FIGARO.FR le 19/11/2011