18/04/2024

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Déclaration du CACIT suite à la visite du Ministre allemand de la coopération au Togo

Le 11 février 2008, le Vice Chancelier et Ministre Fédéral Allemand des Affaires étrangères, M. Frank-Walter Steinmeier a effectué une visite au Togo. Cette visite était la plus importante d’une personnalité allemande au Togo depuis la rupture de la coopération avec l’Union Européenne pour déficit démocratique en 1993. Elle marque un tournant décisif dans la normalisation des relations entre le Togo et l’Allemagne d’une part et avec ses principaux partenaires d’autre part. Intervenant à la suite des élections législatives d’octobre 2007, elle fait suite à la reprise de la coopération entre l’UE et le Togo et le retour des institutions de Bretton Woods (FMI, Banque Mondiale) dans le pays.

Le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT) se réjouit que la communauté internationale revienne au Togo à un moment où les Togolais assistent impuissants à la dégradation de leurs conditions de vie et à la flambée des prix de denrées de premières nécessités. Il espère que les ressources générées par les aides et subventions qui accompagneront ce retour des partenaires, contribueront à l’allègement de leurs souffrances devenues quotidiennes.

Au même moment, le CACIT tient à attirer l’attention de toutes les parties prenantes sur les défis qui continuent de se poser au Togo en matière de protection des droits de l’homme et de la lutte contre l’impunité.

Il se réjouit que cette préoccupation a été réaffirmée lors de la visite du Ministre allemand et ce, conformément à la logique de l’Union Européenne qui, dans sa lettre en date du 29 novembre 2007, portant notification de la reprise de sa coopération avec le Togo, a clairement signifié sa volonté de voir inscrite dans les priorités du gouvernement les mesures de justice et réparation en faveur des victimes.

Cette exigence rejoint d’ailleurs les recommandations de la Mission d’Etablissement des faits chargée de faire la lumière sur les violences et les allégations de violations de droits de l’homme au Togo qui insistait sur la nécessité d’une réconciliation nationale fondée sur les principes de vérité, de justice et de réconciliation.

Le CACIT voudrait rappeler à cet effet que depuis mai 2007, il a déposé plainte au nom des victimes auprès du tribunal de première instance de Lomé. Jusqu’à ce jour, aucune avancée concrète n’a été notée dans le traitement de ces dossiers. Néanmoins, le CACIT a encore déposé six nouvelles plaintes le 01 février 2008 et entends mobiliser les ressources pour que d’autres victimes puissent bénéficier de son accompagnement à cet effet dans les semaines et mois à venir.

L’action du CACIT se fonde sur la conviction selon laquelle il faut situer les responsabilités, établir la vérité et permettre aux victimes d’accéder à une juste réparation des dommages qu’elles ont subis.

Eu regard à ces constatations, le CACIT :

– Demande à la justice togolaise, au nom des victimes et de leur droit à la justice, d’ouvrir, dans les plus brefs délais, un dossier d’instruction devant situer la responsabilité des auteurs réels ou présumés ;
– Encourage les autorités togolaises à poursuivre les réformes et prendre, au-delà des discours, des mesures concrètes pour favoriser la prise en compte rapide des préoccupations des victimes ;
– Apprécie la collaboration dont il bénéficie de la part des organisations de défense des droits de l’homme au Togo et invite l’ensemble de la société civile à se mobiliser à ses côtés pour que justice soit faite en faveur des victimes.
– Se réjouit de l’engagement de l’Allemagne et de l’Union Européenne à accompagner les autorités togolaises et les organisations de la Société civile pour l’instauration d’un véritable Etat de droit au Togo
– Encourage le Bureau du Togo du HCDH et les Nations Unies à poursuivre leurs initiatives pour mettre la protection des droits de l’homme au centre des actions menées par les diverses parties prenantes au Togo
– Appelle les Togolais à la vigilance afin que la lutte contre l’impunité ne s’apparente pas à une « chasse aux sorcières » influencée par des intérêts politiques partisans mais se focalise sur le seul souci d’aider les victimes.
– Demande à l’ensemble de la Communauté internationale de continuer par appuyer les actions de la société civile pour briser le cycle de l’impunité qui, depuis 1958, est une réalité frustrante au Togo

Fait à Lomé, le 15 février 2008

Pour le Bureau Exécutif du CACIT,
Le Président,
Me Ata Messan AJAVON