Interview recueilli par Sabine Cessou
La candidature de Kofi Yamgnane à l’élection présidentielle du 28 février, au Togo, a été rejetée ce mardi 2 février par la Cour constitutionnelle togolaise. De double nationalité française et togolaise, Kofi Yamgnane, 64 ans, ancien maire socialiste du village breton de Saint-Coulitz, a été écarté pour une incertitude sur sa date de naissance. Ses papiers français indiquent le 11 octobre 1945, et ses papiers togolais font mention du 31 décembre 1945.
Jean-Pierre Fabre, le candidat du principal parti d’opposition, l’Union des forces pour le changement (UFC), estime que Kofi Yamgnane a été jugé dangereux par le pouvoir en place, parce qu’il vient de la même région que le clan Eyadéma, au nord du pays.
Faure Gnassingbé, le fils du général Eyadéma, a été élu en 2005 après la mort de son père lors d’un scrutin marqué par une violente répression des opposants. Il brigue un second mandat.
Que pensez-vous de votre éviction de l’élection présidentielle ?
C’est une douche froide ! Je ne m’attendais pas à ce genre de décision. J’ai produit tous les actes nécessaires, j’ai répondu à tous les arguments de la Cour constitutionnelle. C’était une étape que je pensais gagner. Je n’avais pas mesuré à quel point le pouvoir dictatorial togolais veut s’accrocher au pouvoir ! Voilà 43 ans qu’il est au pouvoir, et il veut y rester à n’importe quel prix, pendant que la population togolaise vit dans la misère, sans eau potable, sans écoles, sans autoroutes. J’étais venu pour dire qu’autre chose est possible.
Pensez-vous avoir été écarté de manière à mieux pouvoir organiser des fraudes électorales ?
Cette décision est politique. D’ores et déjà, les journalistes français qui ont tenté de venir au Togo pour couvrir la campagne se sont vus refuser les visas.
Que comptez-vous faire maintenant ?
Aucun recours n’est possible. Je ne suis plus dans la course, mais je reste au Togo, bien sûr. Je vais me battre pour que l’opposition ait un candidat unique, que je soutiendrai, comme en 2005.
Craignez-vous de nouveaux troubles lors du scrutin?
Le Togo a une très longue histoire de violence. Ce pays a lancé, le 13 janvier 1963, la longue série de coups d’État en Afrique. Les élections sont marquées par des violences qui font à chaque fois des morts. Le pouvoir a encore semé les germes de la violence, en fraudant sur les listes électorales. La population du Togo augmente de 2,57 % par an. Sur les listes électorales, la population du Sud du pays, réputée acquise à l’opposition, a augmenté de 7 % et celle du Nord, réputée acquise au pouvoir, a augmenté de 30 % !
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