19/04/2024

Les actualités et informations générales sur le Togo

La presse togolaise du 11 au 17/08/03

C’est sous le titre : “Au-delà de la polémique CAR-UFC – Deux réponses à une vraie question : comment sortir le Togo de l’impasse ? ” que Motion d’Information (n° 238 du 10 août 2003) ouvre le débat sur les entre les partis de l’opposition et dont il présente ainsi les termes :
“Depuis quelques temps on assiste à la montée en puissance d’une forte polémique entre le Comité d’action pour le renouveau (CAR) de Me Yawovi Agboyibo et l’Union des forces de changement (UFC) de Gilchrist Olympio. Larvée depuis la proclamation des résultats de la présidentielle ratée du 1er juin, cette polémique a pris une nouvelle dimension la semaine dernière. (…)
Cette polémique qui tourne désormais à l’affrontement politique est d’autant plus incompréhensible que, le président du CAR aura été le seul des candidats de l’opposition à avoir clairement reconnu la victoire du candidat de l’UFC à la dernière élection présidentielle et à l’en avoir félicité. Mieux un axe UFC-CAR avait semblé se dessiner lors des consultations initiées au mois de juin dernier par le général Eyadéma et son premier ministre en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale qui n’aura finalement pas vu le jour. Le CAR et l’UFC ne s’étaient pas associés à ces consultations, exigeant au préalable des autorités de fait du pays, l’envoi d’une invitation formelle avec indication de l’ordre du jour de la rencontre.
On apprendra par la suite que cette convergence de position entre les deux partis ne relevait plus d’un concours de circonstance que d’une action concertée. Chacun trouvait son intérêt dans cette situation.
Pendant la campagne présidentielle, des rumeurs ont circulé avec insistance sur l’existence d’une accointance entre Eyadéma et Agboyibo au sujet de la formation d’un gouvernement d’union nationale après l’élection présidentielle.
En refusant de s’associer aux consultations initiées par Eyadéma, Me Agboyibo et le CAR ont eu à cœur, de contribuer à couper court à toutes rumeurs.
Quant à l’UFC, sa position était des plus inconfortables ; après avoir dénié à Eyadéma toute légitimité suite à la dernière élection et annoncé la formation par Bob Akitani d’un gouvernement de combat, elle aurait eu quelque mal à entrer dans une logique de reconnaissance de fait, de la “réélection” du général Eyadéma.
En réalité, l’origine de la polémique qui éclate aujourd’hui entre le CAR et l’UFC remonte à la période de la Coalition des forces démocratiques (CFD) et des antagonismes entre Gilchrist Olympio et Yawovi Agboyibo au sujet de la présidence effective de la coalition.
Devant la 5ème Convention des Togolais d’Amérique du Nord tenue le 27 juillet dernier à Chicago, Gilchrist Olympio est revenu sur cet épisode en des termes très amers. Même s’il n’a cité aucun nom, tout le monde aura compris que l’essentiel de la diatribe du leader de l’UFC s’adressait au président du CAR.
“Si l’UFC s’est retirée de la CFD, c’est principalement pour la raison suivante : la CFD a oublié sa vocation première au point d’en arriver à se focaliser exclusivement sur la question de la candidature unique. Mieux, il devenait clair qu’elle ne ferait pas un deuil de l’élimination de l’UFC de la course à l’élection présidentielle. Comment dans ces conditions, voulez-vous que l’UFC continue d’être membre d’une coalition qui se réjouirait de son élimination ? Et l’on a vu se dessiner une alliance objective entre la CFD et le pouvoir. Dans ce marché de dupes, l’UFC n’a plus sa place. La suite des événements nous a convaincus de la justesse de notre analyse quand j’ai vu des ballets incessants de personnalités tout aussi respectables les unes que les autres chez moi, visiblement heureuses du rejet de notre candidature, et sollicitant implicitement voire explicitement, le ralliement de l’UFC à la leur.
(…) Notre pays est actuellement dans une situation politique paradoxale ; l’UFC bénéficie du soutien de la très grande majorité du peuple mais c’est la classe politique qui veut à tout prix l’exclure parce que nous sommes devenus l’obstacle qui empêche de tourner en rond. Pour ce faire, toutes sortes d’alliances ont été nouées sous forme de front, de coalitions ou de collectifs. Ainsi, de COD en COD, nous avions fini par perdre de vue l’objectif essentiel qui est le départ d’Eyadéma. Tant pis pour ceux qui font une lecture ou une analyse en termes de vengeance ou revanche à prendre sur qui que ce soit.”
Pendant la campagne électorale de la présidentielle de juin dernier, les militants de l’UFC n’y étaient pas allés de main morte dans leur dénigrement contre le président du CAR. A l’occasion de sa déclaration politique commémorant le 2e anniversaire de l’incarcération de son président, le CAR dénonce nommément l’UFC :
“Mais si en la circonstance nous avons jugé nécessaire d’en faire un rappel, c’est à cause des propos que des militants de l’UFC ont fait véhiculer au sujet du candidat du CAR lors de la dernière élection présidentielle. Qui d’entre nous n’a entendu le fameux slogan “Nous ne voulons pas être gouvernés par un ancien prisonnier”. Le cliché a été relayé, amplifié et répandu partout, à Lomé comme à l’intérieur du pays.
Au point que nos populations en sont venues à avoir l’impression que Me Yawovi Agboyibo a fait la prison parce qu’il aurait commis un assassinat, un vol ou une escroquerie” pouvait-on lire dans la déclaration (…) du CAR.
Ces derniers jours, la polémique s’est amplifiée sur les sites internet ; d’une part et d’autre part les militants piqués au vif, se lâchent sans jamais aborder la question de fond, à savoir, comment sortir le Togo de la crise.
C’est la réponse à cette question qui constitue en réalité la toile de fond de la polémique entre le CAR et l’UFC. En reconnaissant la victoire du candidat de l’UFC, Agboyibo a joué très malin ; il a fini par comprendre ce que Gnininvi avait déjà compris dès le début de la campagne. En félicitant Bob Akitani pour sa brillante élection, Agboyibo et Gnininvi avaient fait à Gilchrist Olympio, un cadeau bien empoisonné. Comme en 1998, c’est sur les épaules de Gilchrist Olympio que repose désormais la gestion de sa victoire.
Si rien ne se fait comme en 1998, c’est Gilchrist qui en portera la responsabilité devant le peuple.
Du coup, tous les regards se sont tournés vers le président de l’UFC pour répondre à la seule question qui préoccupe aujourd’hui les Togolais : comment sortir de l’impasse ? Sûr de son fait, Gilchrist Olympio avait commencé par annoncer la nomination par Bob Akitani d’un Premier ministre et la formation d’un gouvernement de combat ; après moult tergiversations, il a récemment proposé la formation d’un gouvernement de transition chargé d’organiser de nouvelles élections, provoquant quelques désarrois auprès de certains militants de l’UFC qui ne comprennent plus rien.
Dans sa déclaration de la semaine dernière, le CAR a dit tout haut, ce que beaucoup de Togolais pensent tout bas. “Nous pensons avec lui (Agboyibo) qu’un leader démocrate ne peut entreprendre efficacement une quelconque action dans l’intérêt des populations sans soutien populaire. Et dans les périodes critiques où il est interpellé, il a constamment répondu qu’il ne peut agir en direction du régime qu’avec des populations derrière lui. Mais nous estimons avec lui que le soutien populaire n’a de sens que si l’on est en mesure de le faire fructifier dans l’intérêt des populations. Le drame serait de faire du soutien populaire une fin en soi pour s’y complaire comme un élément de prestige personnel sans apporter de solutions aux attentes des populations” écrit le CAR dans son communiqué.
En clair, il est reproché à Gilchrist Olympio de se complaire dans une inusable popularité et de n’avoir aucune stratégie cohérente de conquête du pouvoir, fondée sur le fort soutien populaire dont il bénéficie. Pire, il semble se dégager au sein de l’opposition, une espèce d’unanimité pour reconnaître, sans le dire, que, face à Eyadéma, Gilchrist Olympio cultive une véritable politique de l’impasse qui fera d’Eyadéma un président à vie et de Gilchrist Olympio, un opposant numéro un à vie. Les faits sont ce qu’ils sont : le Togo et les Togolais se retrouvent en 2003 dans la même situation qu’en 1998. Si on n’y prend garde, cette situation d’impasse se prolongera au-delà de 2008, année de la prochaine élection présidentielle.
Pour conjurer le sort, le CAR en appelle à la conscience des Togolais “Me Yawovi Agboyibo était convaincu que cette année 2003 allait être l’année de délivrance du peuple togolais. Pour cela, il lui fallait une habilitation populaire. Grâce à cette habilitation, il serait prêt, au lendemain du scrutin à prendre la tête d’un rassemblement populaire pour rencontrer le général Eyadéma et l’amener à se retirer pour le grand bien de nos populations.
Il s’est trouvé que le peuple a préféré une autre vision : celle du refus de prendre appui sur le soutien populaire pour résoudre les problèmes du pays allant affronter l’obstacle là où il se trouve. En bon démocrate Me Yawovi Agboyibo a salué cette option, en ayant l’esprit que la démocratie comporte ses propres pesanteurs et ses mécanisme d’autorégulation.
Nous avons foi dans la capacité d’autorectification de notre peuple à l’épreuve de la réalité. Il est illusoire de croire que les populations togolaises accepteront de continuer à être prises en otage.
Ce n’est pas un fait de hasard, si en cette période où la déception gagne tant les cœurs et les esprits, le CAR porte toujours, haut la direction de Me Yawovi Agboyibo, le flambeau de l’espérance” écrit le CAR..
Quelle solution pour le Togo ?
Il y a aujourd’hui trois solutions pour sortir de l’impasse : les armes, la rue et le dialogue.
Pour le parti de Me Agboyibo, conformément aux recommandations de la communauté internationale, les acteurs de la vie politique togolaise devront tôt ou tard, retrouver le chemin d’un nouveau dialogue franc et sincère pour sortir durablement le pays de la crise et de l’impasse. Me Agboyibo et ses partisans, mais aussi, la plupart des leaders de l’opposition reprochent à Gilchrist Olympio de faire du soutien populaire, un bien personnel et de ne pas en user comme un atout pour peser véritablement sur le cours de l’histoire et imposer à Eyadéma un cadre de négociation sous contrôle de la communauté internationale.
A cet effet, le CAR cite les exemples précédents de 1991 et de 1999 : “Me Yawovi Agboyibo a montré de 1987 à 1991 comment il pouvait se servir du soutien populaire pour réaliser des changements qualitatifs dans l’intérêt des citoyens et de la nation. Il l’a encore récemment montré en juillet 1999, lorsqu’il a fallu briser le sentiment populaire de désespoir qui commençait à envahir le pays au lendemain du scrutin présidentiel de 1998, en prenant en compte des appels venant des populations pour aller rencontrer Eyadéma et l’emmener à accepter la création de la CENI et le bulletin unique”, indique la déclaration du CAR.
On voit bien qu’au delà de la polémique, ce qui est en jeu, c’est bel et bien la question de la voie la plus appropriée pour sortir le Togo de l’impasse qui se pose ; même si pour l’instant, la petite querelle politicienne prend le pas sur le débat politique de fond, il faudra bien qu’à un moment ou un autre, mouvance présidentielle et opposition se rendent à l’évidence et prennent conscience des conséquences de la situation actuelle sur le devenir du Togo en tant que nation.”

Sur le même registre des inquiétudes face à la division entre les partis de l’opposition, Crocodile (n° 641 du 14 août 2003), sous le titre : “Après le hold-up et la formation du gouverne­ment” propose une alternative : “La stratégie gagnante de l’opposition ou la mort” qu’il formule ainsi :
“L’élection présidentielle du 1er juin dernier a démontré une fois encore que le régime du général Eyadéma n’a plus d’assise nationale. Le peuple souverain dans sa grande majorité lui a tourné le dos pour remettre son destin entre les mains de l’opposition. Mais force est de constater que celle-ci a tendance d’ignorer la charge qui est la sienne pour un Togo qui aura renoué avec les valeurs humaines.
Les erreurs de 1994 se conjuguent encore en cette année de 2003 comme si aucun enseignement n’est tiré de ce passé de gâchis.
Certes, l’opposition togolaise est d’un dynamisme sans précédent ; mais elle donne en ce moment le triste spectacle de personnes fatiguées, a bout de souffle attendant ce que pourra faire la nature.
La classe politique togolaise, hormis ceux qui ont pour coutume de détourner les résultats des urnes pour s’approprier la victoire des autres, commet une faute grave qui peut coûter cher à tous les Togolais. L’impression qui se dégage et qui fait le lit du pouvoir est cette tendance de chaque leader à devenir président tout de suite alors que la question de leadership est en principe tranchée par l’élection présidentielle de 1998 même si les résultats sont controversés. Ceux qui n’étaient pas convaincus doivent se rendre à l’évidence que la présidentielle de juin 2003 a encore réglé cette question de leadership ce qui ne dévalorise en rien les autres leaders.
Dans les luttes politiques c’est lorsque la tête est connue et surtout une tête choisie par le peuple que la voix est balisée pour conduire le mouvement politique à terme. Dans ce cas, la tête draine le mouvement et ne peut pleinement assumer que lorsqu’elle est soutenue par les autres. Or, ce qu’on croit percevoir au Togo c’est tout le contraire de ce dynamisme politique dont le mouvement politique a besoin. Au lieu de se soutenir, chacun reste dans son coin et développe un individualisme stérile qui empêche toute avancée.
La conséquence de cette attitude est que non seulement lui même en tant qu’entité politique n’avance pas, mais elle empêche les autres de faire eux aussi des avancées politiques. La suite logique de ce comportement conduit inévitablement à la perte de toute crédibilité vis à vis du peuple et à l’autodestruction des partis. Dans ce cas, le peuple fait de la résignation la norme.
La situation du pays est des plus dramatiques et les politiques surtout ceux de l’opposition se doivent de mûrir leurs actes avant de les poser. Il s’agit pour eux d’éviter que le peuple se laisse aller au découragement pour cause de calculs politiques mesquins.”

La Tribune du Peuple (n° 83 du 13 août 2003) n’est pas en reste qui, sous le titre : “Dos rond”, s’inquiète de ce que “Pendant que les Togolais tournent leur pouce, le temps fuit”, constatant que :
“Cela fait maintenant plus de deux (2) mois que s’est tenu le dernier scrutin présidentiel avec la réélection controversée du candidat du RPT (…). Tous les observateurs avaient estimé qu’il ne pouvait pas, dans tous les cas de figure, gagner cette consultation. Il fut un temps où le candidat Dahuku Péré du PSR s’était dit “en avance” sur tous les autres postulants. Ses ardeurs furent ramollis en quelque sorte lorsque le PFC-UFC de Bob Akitani – Gilchrist Olympio était monté au créneau en s’estimant, sans autre forfaiture “vainqueur” du même scrutin. Avec peine, leurs partenaires de l’opposition (…) les avaient soutenus du bout des lèvres. Pire, elle leur fut plutôt une occasion de tourner “le présumé vainqueur du scrutin” en dérision. On ne cesse d’écouter de la bouche même de certains leaders de l’opposition cette cynique phrase : “Puisqu’ils se disent les vainqueurs, qu’ils récupèrent leur victoire”. Une querelle de chiffonniers qui ne veut pas dire son nom ! Une attitude indigne des uns et un égocentrisme très prononcé des autres.
En face, le général Eyadéma et le RPT font le dos rond. Ils assistent avec cette indifférence calculée à tout ce méli-mélo. Sans apparente réaction. C’est vrai qu’une fois en passant, ils tempêtent sur l’UE pour avoir reconduit ses sanctions économiques. Mais pour l’essentiel, ils se taisent et attendent la fin de la tempête.
Dans les premiers jours qui ont suivi cette fameuse énième réélection de Gnassingbé Eyadéma, tout le pays avait ressemblé à une ville morte. Presque tous les commerces et même le service public étaient en quasi arrêt. Puis avec les jours qui passaient, la vie a repris crescendo. Aujourd’hui, les bars sont remplis, la vie semble reprendre son cours normal. Les Togolais commencent par passer par pertes et profits le scrutin du 1er juin 2003. Cela fait, disions-nous, plus de deux mois aujourd’hui.
Bientôt ce sera trois, quatre, cinq, six mois. Le temps passera et si on y prend pas garde, on bouclera les cinq ans sans les voir passés. Dans la misère, dans ce chaos qu’on essaie de couvrir d’une certaine organisation étatique.”

Par ailleurs, sous le titre : “Du pouvoir et de l’opposition le peuple attend, le pays se meurt”, La Tribune du Peuple se préoccupe, dans ce même numéro, des conséquences de la persistance de la crise politique sur les populations en écrivant à ce sujet :
“Le peuple togolais attend du pouvoir qu’il trouve des solutions au problème du développement du pays, au problème des salaires qui ne tombent pas régulièrement, au problème de l’emploi et du travail, au problème de sécurité pour les citoyens, au problème de l’école, etc., etc.
Les problèmes des populations togolaises sont immenses. (…) Les hommes du pouvoir ont promis “un gouvernement de large union”.
Les Togolais ont vu naître un gouvernement d’exclusion, même de leurs alliés traditionnels du RSDD (…) Tout le pays vit un immobilisme annihilant. Celui qui n’avance pas, régresse. Le pays se meurt.
L’opposition, dans sa diversité, est d’accord sur une chose. Le pouvoir doit lui revenir. Mais comment ? Même si ce pouvoir devrait revenir à un seul parti de l’opposition, cela devrait préoccuper l’ensemble de l’opposition. L’indiffé­rence notoire qui se manifeste chez les uns et les autres au sein de l’opposition est préjudiciable à l’ensemble à l’avenir. Car, les uns ou les autres pourraient un jour se retrouver dans la même situation. Il lui faudra compter sur la solidarité des autres pour réussir.
Alors, l’opposition doit refaire le chemin de la solidarité pour se rendre crédible et capable. Le peuple togolais, après avoir voté pour l’opposition, attend qu’elle récupère ce pouvoir, pour le bien de tout le pays.
Aujourd’hui plus qu’hier, le dialogue semble s’imposer au Togo pour sortir de l’impasse. Mais le problème, le pouvoir a eu à maintes reprises à dénoncer des accords conclus de haute lutte, à l’issue des dialogues très difficiles. Comment faire confiance encore à ce même pouvoir pour dialoguer de nouveau ? ”.

S’agit-il de la répercussion de cette situation délétère au sein même des partis lorsque La Nouvelle République (n° 087 du 11 août 2003) révèle, en ce qui concerne l’un d’eux, que : “Me Agboyibo oppose un refus dictatorial à la tenue du congrès du CAR” ? Toujours est-il qu’il informe que :
“De source émanant des milieux militants du Comité d’action pour le renouveau (CAR) Me Yawovi Agboyibo aurait refusé, contre le vœu de milliers de ses partisans, de convoquer la convention nationale du parti.
Le leader du CAR n’aurait pas justifié ce refus, se contentant seulement de dire que l’atmosphère politique nationale actuelle n’est pas propice à l’organisation de cette convention”. Motion d’Information (n° 238 du 10 août 2003)

La “Démission d’Harry Olympio”
Motion d’Information (n° 238 du 10 août 2003), revient également sur le rebondissement que marque la “Démission d’Harry Olympio” dans un article sous le titre “Harrypitudes” ou gesticulations d’un éternel dindon de la farce” en révélant que : “(…) Harry Olympio, le leader du Rassemblement pour le soutien de la démocratie et du développement (RSDD) se serait tout bonnement fait avoir par Eyadéma. En effet, (…), la grâce présidentielle qui avait permis à M. Harry Olympio de sortir de prison, participerait d’un marché.
Harry Olympio devrait soutenir acti­vement la modification de la Constitution et du Code électoral en vue d’une nouvelle candidature d’Eyadéma ; en contrepartie Harry Olympio aurait reçu l’assurance qu’un quota de “députés” à l’Assemblée lui serait accordé ainsi que des moyens nécessaires au financement des candidats du RSDD aux élections législatives. Le retour d’Harry Olympio au gouvernement ferait également partie du marché.
(…) Le soir de la proclamation des résultats “préprogrammés” de la parodie d’élections législatives, Harry Olympio annonçait sans vergogne que la mission principale assignée à la “nouvelle Assemblée” serait de procéder rapidement à une modification de la Constitution et qu’il ne fallait pas perdre de temps. (…)
Après les élections législatives, le président du RSDD aurait demandé que lui soit confié un ministère d’Etat dans le nouveau gouvernement. (…) Le chef de l’Etat n’ayant qu’une confiance limitée dans la “fidélité” d’Harry, aurait préféré le confiner dans un rôle de figurant en lui confiant un département sans importance, celui des Relations avec le parlement.
Harry Olympio aurait protesté auprès d’Eyadéma, mais, ce dernier en vieux brisquard des intrigues politiciennes, lui aurait dit que, compte tenu de l’importance de la mission assignée aux députés, notamment, dans la perspective de la modification de la Constitution et du Code électoral, il aurait besoin d’un homme de confiance pour “encadrer” les députés dans ce travail délicat.
Flatté par cette “marque de confiance”, Harry aurait accepté le ministère fantôme chargé des relations avec le parlement.
En bonus, Eyadéma lui aurait promis que si tout se passe bien, il lui donnerait satisfaction dans le gouvernement qui sera formé après l’élection présidentielle. Harry Olympio aurait très vite déchanté parce que toutes les manœuvres en vue de la modification de la Constitution et du Code électoral se seraient déroulées sans lui et totalement en dehors de lui. (…) Lors du débat à huis clos des textes modificatifs de la Constitution et du Code électoral, tous les documents de travail donnés aux députés et au ministre chargé des relations avec le parlement auraient été pris à la fin des débats. Il fallait que la teneur des modifications soit tenue secrète jusqu’à la promulgation.
Après l’élection présidentielle, Harry Olympio aurait alors réalisé qu’on s’est une fois de plus servi de lui. La présence des députés du RSDD aura permis de donner un semblant de couleur à la nouvelle Assemblée monocolore RPT.. En prenant les devants de la campagne pour la modification de la Constitution, Harry Olympio a soulagé le RPT d’une campagne très inconfortable eu égard aux engagements déjà pris par Eyadéma en juillet 1999 de ne pas toucher à la Constitution.
Se prenant pour un faiseur de roi, Harry Olympio s’est senti pousser des ailes ; il se voyait déjà arrivé tout là haut. Il lui a fallu remettre pied sur terre.
Les promesses d’Eyadéma n’engagent que ceux qui les écoutent. Dans ses deals avec Eyadéma, Harry Olympio restera un “dindon de la farce”. Alors, que signifient toutes ces gesticulations de la part de ce looser né ? Le plus dur commence maintenant pour le président de la RSDD. (…) Plusieurs manœuvres en préparation ; la première consisterait à écarter définitivement Harry Olympio de la présidence de la RSDD, ce ne sera pas la première fois, des moyens importants seraient mis à la disposition de certains anciens “compagnons” d’Harry pour financer leur croisade contre le bouillant président. ”

N’est-ce pas le processus de cette mise à l’écart qui a été immédiatement engagé lorsque le quotidien officiel Togo-Presse informe dans son n° 6588 du 12 août 2003 que “M. Harry Olympio et le RSDD [ont été] radiés de la CPOC” et qu’ “Un nouveau bureau [a été] élu dirigé par M. Firmin Abalo de la Juvento”. C’est ainsi qu’il précise :“ L’ex ministre Harry Olympio et son parti le Rassemblement pour le soutien à la démocratie au développement (RSDD) sont désormais radiés de la Coordination des partis politiques de l’opposition constructive (CPOC).(…) “L’action de M. Harry Olympio est unilatérale et n’engage que lui et le RSDD, son parti. C’est un acte de sabotage, un complot orchestré par le RSDD pour jeter du discrédit sur la volonté politique réelle de la CPOC.(…) Désormais M. Harry Olympio ne saurait donc se prévaloir de la qualité de président de la CPOC.”(…) A l’issue de la conférence, le nouveau bureau exécutif de la CPOC qui compte six membres a été rendu public. Il est présidé par M. Firmin Abalo de la Juvento. ”

Ernest Gnassingbé : dans le coma ou mort ?
C’est à d’autres difficultés auxquelles est confronté le régime avec la nouvelle que publie l’hebdomadaire Crocodile (n° 641 du 14 août 2003) dans l’article sous le titre : “Paris : des nouvelles alarmantes sur la santé du Lt-Colonel Ernest Gnassingbé” où il révèle : “Evacué sur Paris le week-end dernier suite à une terrible crise d’hémiplégie qui l’a foudroyée, le Lieutenant Colonel Ernest Gnassingbé attend sa guérison pour revenir aux commandes de la garnison para commandos de Kara, préfecture de la Kozah. Seulement depuis hier matin, de folles nouvelles très alarmantes se propagent sur sa santé. Pour certains son état est critique, il serait dans un coma profond. Pour d’autres, il serait mort. (…) Ceux qui l’ont vu la semaine dernière professent qu’il a perdu de sa superbe. La maladie du Lieutenant Colonel Ernest Gnassingbé ne daterait pas d’aujourd’hui. Il aurait déjà fait une crise dans le passé qui a trouvé apparemment une heureuse fin par les soins dit-on d’un guérisseur. Personne ne sait d’où lui vient cette nouvelle maladie plus terrible que la précédente qui a entraîné son évacuation d’urgence sur Paris.”